Chapitre 12

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PDV Ha-Neul

  Mon réveil est horrible. J'ai mal partout, j'ai l'estomac complètement tordu et la tête qui tourne. Pour couronner le tout, ces cris et bruits d'explosions n'arrangent pas mon état...


Stop...




Cris?

Explosions?

Qu'es-ce que... Que ce passe-t-il?

Cet endroit est toujours silencieux, complètement désert, pas le son d'un animal galopant dans les bois ou du vent les jours de tempête ne vient briser ce silence. À s'en demander si ma chambre n'est pas complètement insonorisée.
Alors... D'où peuvent bien provenir ces bruits?

"HaNeul... Courage, ouvre les yeux! De toute façon, ces sons sont trop lointains pour provenir de la chambre ou d'une pièce environnante.
Arrête de faire la morte...
et puis, ton rêve a toujours été d'en finir avec cette vie, alors pourquoi as-tu peur de ce qui se trouve derrière tes paupières clauses?"


Un, deux, trois, j'ouvre les yeux. Mon environnement n'a pas changé. Ce que je vois est la même vue que je peux appercevoir depuis des années en me réveillant. Aucun changement, ne serais-ce que d'un millimètre.
Quand je pense que j'ai eu peur au point de me parler à moi-même alors qu'aucun danger n'est présent!
Seuls ces bruits insupportables continuent à me percer le tympan, mais maintenant que je suis calmée, je peux constater qu'ils sont lointains.

Je me redresse et le lève. Une fois mon équilibre stable, je me dirige dans la salle de bain pour me doucher rapidement.
Une fois le robinet allumé, l'eau encore froide m'agresse la peau et entre dans ces horribles entailles qui décorent mon corps meurtri. Peu à peu, l'eau se réchauffe et se peint d'une couleur rougeâtre de plus en plus foncée. Ma peau se met à me brûler et mes cicatrices à me piquer, mais je supporte. Je supporte, mais pour quoi faire? Je ne le sais même plus. Je ne sais rien, de toute façon.
S'apprêter semble si important pour les gens dans mes livres : pour plaire à sa famille, ses amis... son entourage, quoi. Mais moi, ai-je des proches pour qui il vaut la peine de me parer? Non. Ma mère ne me lance pas même un regard, et mon père s'occupe de détruire ma toilette avec ses ongles de sorcière et ses yeux haineux. Et la caméra? À quoi sert-il d'être belle pour une simple machine, qu'elle ait des yeux ou non? Dans tous les cas, ce n'est pas elle qui m'aidera à détruire ma solitude.

Parfois, je me demande même si un tel monde existe. Ceux que me montrent les livres, remplis de végétaux et d'animaux, sauvages comme apprivoisés. Ce monde rempli de guerre, de destruction et de malheur, mais où tu peux vivre une vie regorgeant de rebondissements, qui te forgeront un caractère qui te sera propre et que tes proches aimeront. Mais, un monde aussi calme, joyeux où les hommes vivent en harmonie quels qu'ils soient et malgré leurs différences.

Plus le temps avance, plus j'ai peur que mon espoir de sortir d'ici et de découvrir un monde passionnant ne me détruise à néant.
Pour commencer, sortirai-je un jour d'ici?
Ensuite, que trouverai-je? Un monde tel que j'en rêve, qu'il soit l'enfer ou le paradis? Ou bien une infinité de personnes comme moi, d'enfermées, séquestrées, qui sont comme moi bourrées d'idioties non réelles et qui se sont laissées se faire bercer par les promesses de ces mensonges?
Pour finir, ai-je attendu pour rien? Attendrai-je jusqu'à la fin? Parfois, j'aimerai juste laisser mon esprit sombrer. Par exemple, si j'augmente la pression de l'eau, mes blessures vont-elles s'agrandir et laisser par conséquent mon sang couler à flaut? Il paraît que sans son sang, une personne meurt.
Mon coeur me crie de faire cette action destructrice, d'essayer de me tuer. Mais, mon esprit me dit le contraire. Ne pas se laisser bercer par la promesse des mensonges. Croire à du vide me ferai encore trop mal, et, par conséquent, ce ne serait pas l'ennui qui me ferait tomber dans la folie, mais bel et bien l'espoir.
Comme ce qui est en train d'arriver : me laver, éteindre l'eau, me sécher, m'habiller, ouvrir ma porte, m'asseoir sur mon lit et perdre mon regard dans mes pensées... tous ces gestes deviennent de plus en plus machinalisés. Je me lasse de ces journées toutes plus semblables les unes des autres. Pas une de différente. Pas une qui pourrait faire avancer l'espoir plus vite. Je le vois, il fait du surplace. Il avance en même temps de reculer, il court me sauver en même temps de s'enfuir lâchement.

Il m'énerve.

Mon père m'énerve.

Ma mère m'énerve.

La caméra m'énerve.

Ma routine m'énerve.

Ma chambre m'énerve.

Cette stupide porte fermée à double tour m'énerve.

Cet objet non identifié coincé sous l'armoire qui reflète la lumière du néon jusqu'à mon pauvre oeil m'énerve...

...

D'ailleurs, de quoi s'agit-t-il?

Je me lève de mon lit de mauvaise humeur. Pourquoi je bouge, déjà? Ah oui, identifier ce qui n'est pas à sa place.
Je prends l'objet entre mes doigts et y ressent immédiatement une vive douleur. Super, je me suis coupée. De plus, la plaie a l'air profonde. Mon sang se crée un chemin en se faufilant entre mes doigts, avant de finir sa course sur le sol immaculé.
Il faut que je me nettoie.
Je me lève pour passer mon doigt sous l'eau avant de me crisper immédiatement.
Ils reviennent.
Ces voix qui me hantent depuis mes douze ans.
Ces cauchemars ambulants.

"Que fais-tu?"
"Fais-le!"
"Si tu l'as trouvé, c'est pour une bonne raison!"
"Tranchant! Tranchant! Hahaha! Enfin!"
"Cet espoir doit mourir!"
"Retrouve ce couteau et sert-en pour tuer ce maudit espoir!"
"Du sang! Je veux voir du sang, plein de sang!"
"Tue-le, libert-toi!"
"Oui! Toi qui rêve de liberté, liberté! Le sang doit couler, pour que tu la trouve!"
"Tue-le"
"Tue-le"
"Tue-le"
"Tue-le"

"Non! Taisez-vous, taisez-vous!"

"Tue-le"
"Taisez-vous!"
"Tue-le"
"Taisez-vous!"
"Tue-le"
"Taisez-vous!"
"Tue-le"
"Non!"




Enfin, du silence.

Aille. Pourquoi j'ai mal? C'est insupportable. Pire que les blessures qui me détruisent depuis que je suis petite. Je relève la tête.
Je suis debout? Il me semblait m'être accroupie à la venue de ces voix.
Je suis dans ma chambre? Pourtant je me trouvais bien dans la salle de bain pour nettoyer ma blessure? Oui, j'entends encore l'eau couler du robinet! D'ailleurs, comment va main?
Je baisse le regard vers elle...
Et je crois que je n'aurais pas dû. Ce n'est pas ma petite blessure qui a fait ça, si?
Rouge. Ma main est rouge. Couverte de sang. Ainsi que mes vêtements. Rouge. Et le sol. Rouge. Du sang goutte de mon tee-shirt dix fois trop grand pour moi.

Mon tee-shirt? Ce n'est pas ma main qui est blessée?
Qu'est-ce que...
Mon ventre est rouge.
Et mon cerveau se met à arrêter de fonctionner. Aucune analyse n'y passe. Je ne comprends plus rien... Qu'ont bien pu me faire ces voix de malheur?

Soudain, je sens les jambes se dérober sous mon poids, et mes membres rencontrent violemment le sol dur sans que mon cerveau ne daigne réagir pour me protéger.
J'ai mal. J'ai mal au ventre.
Et ma vue se floute.
Et j'ai envie de dormir. Très envie...
Alors, mes paupières se ferment. Enfin.
Mais, avant que le noir ne daigne m'ensevelir, je vois ma porte se fracasser contre le mur et une personne tout de bleu vêtu apparaître dans le cadrant précipitamment.







"Non!"

3+1=4 : Une nouvelle vie /pause/Où les histoires vivent. Découvrez maintenant