Février : Bons baisers de Paris

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Il neige à Paris. Inutile de préciser que c'est tellement rare que ça en devient un évènement. Si la plupart des parisiens râlent parce que les rues sont recouverte d'une épaisse bouillie blanchâtre, une infime minorité se réjouit de ce miracle.
Je fais partie de ces grands enfants qui continuent à tirer la langue pour laisser s'y déposer des flocons qui fondent instantanément.
La capitale de la mode est recouverte d'un manteau de neige blanc est splendide. Aujourd'hui je décide de profiter du paysage d'un chic féerique. Le parc Monceau n'est qu'à quelques mètres, c'est l'endroit idéal pour marcher.
Les gens peinent à atteindre le métro tant les intempéries retardent les transports. Quand je dépasse la station je me dis que décidément j'ai eu une excellente idée. Après tout je ne suis pas pressée de me retrouver serrer dans un wagon entre une poignée de parisiens blasé.

La beauté du parc ensevelie sous quelques centimètres de neige mérite d'être partagée avec d'autres. Un joli filtre et hop voilà la photo postée sur Instagram. Je ne m'attends pas à recevoir une montagne de likes, pas avec la simple qualité de mon smartphone. En fait je ne m'attends pas à grand chose. Et encore moins au message que je reçois d'Alastair.

"Attend moi." Dit son message.
Oh mon dieu. Est-ce qu'il va me rejoindre ? Panique intérieure. J'ai une tronche à faire fuir un aveugle. Mes cheveux pleins de flocons semblent recouverts de pellicules, mon maquillage a coulé et j'ai le nez qui coule. Hors de question que ce dieu vivant me voit dans cet état.
Rebrousser chemin pour me rendre à la station de métro la plus proche me semble finalement être une excellente idée. Jusqu'à ce que je vois sa silhouette géante apparaisse dans mon champs de vision. Wouah.
Je n'ai aucun mot pour décrire ce que je ressens. On croirait une scène de film à l'eau de rose. Ses boucles blondes sont parsemées de centaines de flocons et ses joues sont légèrement rougies par le froid. À croquer. Je reste plantée là, admirant alors son incroyable capacité à mouvoir ses immenses jambes sans glisser.

- Salut ?
- Qu'est-ce que tu fais ici ?
- Je me balade, je profite du temps pour faire de bonnes rencontres.

Ce sourire taquin et cet air désinvolte. Seigneur c'est trop pour mon petit cœur. Je voudrais me noyer dans l'intensité de ses yeux bleus. Son air angélique pourrait tromper n'importe qui. J'ai lu et j'accepte les conditions d'utilisations.
Je souris en retour. Mes joues s'enflamment malgré moi, mais il fait déjà sombre alors avec un peu de chance il ne l'a pas remarqué.

- Tu voulais me voir ?
- Pas toi ?

J'avance sans lui donner de réponse. Je risque un coup d'œil en arrière. Il me suit de près. Mon cœur s'emballe. Comme toujours quand je suis avec lui. J'ai l'impression d'être une collégienne amoureuse. Je ris. Il me lance un regard interrogateur.

- Tu es vraiment étrange comme fille Kenna.
- Étrange ? Et en quoi Alec ?
- Je ne sais pas, tu n'es pas comme les autres. Je n'arrive pas à savoir ce que tu penses.

Ma voix se fait innocente. Je calcule mon coup en effleurant un banc plein de neige. Je le laisse avancer l'air de rien. Ma poignée se referme sur une boule. Il fait volte-face. Pouf ! Sans qu'il ne comprenne ce qui lui arrive, une boule de neige atterrit sur son impeccable manteau noir.
Ses sourcils se froncent. Oups. J'explose de rire devant son air surpris.

- Attend un peu de voir ce que je peux faire.

Et c'est ainsi qu'Alec et moi finissons par dessiner des anges allongés dans la neige l'un à côté de l'autre. Quoi de plus cliché et de plus vrai ! Pourquoi mentir ? Le cliché plaît. J'aime cette complicité qui nous unit. J'aime cette simplicité à m'ouvrir à Alec.
Mais par dessus tout j'aime la façon son regard trahit chacune de ses émotions. Alors qu'il décide qu'on devrait se relever je l'appelle. Ni une ni deux je l'embrasse. Un baiser volé.
Ses pupilles se dilatent. Je retiens mon souffle. Cette fois, c'est lui qui pose ses lèvres pleines sur les miennes. D'abord furtivement, puis avec plus d'entrain. Je savais bien que cette bouche là était douée.
Après quelques minutes passées à nous embrasser, nous avons pris le chemin du retour en silence. Avec lui, le silence est confortable. C'est un instant que l'on savoure, un moment rien qu'à nous. La neige et son côté féerique me donne l'impression de vivre un rêve éveillé.
Mais tout le monde sait que rien ne dure éternellement n'est-ce pas ?


Aux Douze Coups De Minuit.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant