NOAH ◊ Larry.

Chapitre n°8

La soirée d'hier a été particulièrement étrange. Après avoir fait le trajet en voiture avec Harry dans un silence des plus pesant, nous sommes arrivés chez moi. Je l'ai installé dans le canapé, il m'a remercié et nous nous sommes couchés, sans un mot. J'ai bien vu qu'il était plutôt hésitant et qu'il marchait sur des œufs, à partir du moment où il est entré dans mon loft. Je l'ai vu chercher ses mots pour me dire quelque chose, mais finalement, nous nous sommes couchés, chacun de notre côté.

Nous avons échangé deux ou trois banalités. Je lui ai dit que je devais me lever tôt ce matin pour le boulot, et nous nous sommes mutuellement souhaités bonne nuit, après que je lui ai donné une serviette de bain et montré la salle d'eau. Puis, je suis parti me coucher, plus que frustré.

Il était là, dans mon salon. J'aurais pu lui poser toutes les questions qui me hantent depuis sept ans. J'aurais peut-être eu mes réponses. Bien que je doute qu'il y aurait répondu.

Ce matin, quand j'ouvre les yeux, j'ai peur de sortir de mon lit.

J'ai peur de sortir de ma chambre, et de me retrouver face à lui.

C'est idiot. S'il y a bien une personne qui me connaît dans les moindres détails... c'est lui. Je ne devrais pas stresser de sortir pour me confronter à lui. On dirait un gamin de dix-sept ans, face à son premier crush.

Mais, après tout, c'est un petit peu ça. Je me demande si je peux le considérer comme l'amour de ma vie. J'étais jeune, j'avais eu des aventures, mais jamais aussi intense qu'avec lui.

Jamais personne ne m'a marqué de la manière dont il l'a fait. Je pense être incapable de l'oublier.

Jamais.

Je repousse finalement mes draps, inspire profondément. Je regarde mon horloge et constate qu'il me reste encore un petit peu de temps. Je pousse lentement la porte de ma chambre, comme si j'avais peur de le réveiller. Mais, après tout, il est chez moi ! Je l'ai prévenu que je devais me lever, alors si je le réveille, tant pis !

Je me glisse hors de ma chambre avec mes vêtements pour la journée sous le bras, et je constate que le reste de mon loft est plongé dans un grand silence. Je hausse des épaules et vais jusqu'à la salle de bain. Harry doit encore dormir. Il n'y a aucune trace de buée sur le miroir, ce qui ne fait que vérifier ma théorie.

Je me déshabille, me glisse sous l'eau. Je me lave rapidement, puis je m'habille après m'être séché. Je me coiffe, et ressort de la salle de bain.

Je fronce les sourcils, constatant qu'il n'y a toujours pas de bruit. Je traverse le couloir pour poser mes affaires de nuit dans ma chambre, et vais vers le salon, où Harry devrait, normalement toujours dormir. Sauf que je retrouve la pièce, entièrement vide. Je la parcours du regard, à la recherche du jeune homme, mais il me semble évident qu'il n'est pas là.

Qu'il n'est PLUS là.

Les traces de son passage sont bien présentes, elles. La couette que je lui ai prêtée pour la nuit est pliée dans un coin du canapé, l'oreiller sur lequel il a dormi, par-dessus.

Je m'approche, le cœur serré. Il a osé. Il a osé faire ça, pour la seconde fois. Il n'y a rien, pas un mot, pas un message, il est parti sans un regard en arrière, une fois de plus.

Je lui ai offert mon aide, quand il m'a demandé de ne pas le laisser, et lui, me remercie, en disparaissant, une fois de plus !

Je me laisse tomber sur le canapé dans lequel il a dormi. Je me fais violence pour ne pas plonger le visage dans l'oreiller sur lequel il a dormi, à la recherche de son odeur. A la place, je prends mon visage entre mes mains.