Une famille

La punition

Iruka ferma la porte et il lui sembla qu'une énorme pierre remplaça son coeur. Il ferma les yeux et se laissa aller contre la porte. Il entendait à travers le bois les sanglots de l'enfant dans son lit. Sa gorge se serra et les larmes menacèrent ses yeux jusqu'à lors secs.

Il se mit à pleurer silencieusement, accroupi contre la porte, le couloir plongé dans une semi pénombre froide.

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"Ça va mieux?"

Il était blotti dans les bras chauds de Kakashi. Profitant sans vergogne de son avantage, il enfouit la tête dans les vêtements du jounin. Une main pâle défit sa queue de cheval et se promena dans ses cheveux. Petit à petit, les larmes se tarirent et il cessa de sangloter.

"Je me sens tellement mal..."

"Chut..." Kakashi continua à le caresser.

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"Sasuke! Viens manger!"

Iruka posa les plats sur la table. Il n'y avait que trois couverts. Il faillit se remettre à pleurer.

"Tu t'es lavé les mains?"

"Oui."

Ils mangèrent en silence, jetant tous à la dérobé des regards vers l'escalier. Ils avaient l'impression que la vie avait disparue de la maison.

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La télévision était allumée mais aucun d'entre eux n'y prêtait attention. Le visage de Sasuke était morose, celui d'Iruka ressemblait à la bouille d'un chiot abandonné un soir de Noël. Tous jetaient de fréquents coups d'oeil vers l'escalier et ces coups d'oeil étaient accompagnés de longs soupirs.

Enfin, l'horloge du salon marqua neuf heures. Tous trois se raidirent. Sasuke se leva, prestement imité par Kakashi. Les jambes d'Iruka se mirent à trembler. En silence, comme les trois ours de Boucle d'Or ils gravirent l'escalier. La main tremblante d'Iruka tourna la poignée. Une minuscule petite boule humaine se terrait dans son lit. Le coeur de l'enseignant se serra.

"Naruto?" demanda-t-il d'une voix tremblante.

Une tornade de peau ensoleillée, de cheveux de lumière et de larmes s'abattit sur le jeune homme.

"I... Iruka..."

La morve s'échappait du nez du petiot et son visage était déformé par d'énormes larmes. Par une espèce de contagion étrange, les larmes se mirent à couler aussi sur le visage hâlé du dauphin. Il serra l'enfant à l'en étouffer.

"I... Iruka! Tu me détestes?"

Deux ciels troublés par la pluie se levèrent vers lui.

"Bien sûr que non!"

Il posa un baiser trempé de larme sur les cheveux de son fils.

"Tu vas pas me renvoyer?"

"Non! On est une famille."

L'étau de ses bras se fit plus protecteur encore.

"J'ai eu si peur!"

Les petites mains s'accrochèrent à ses vêtements.

"Tellement peur que toi non plus tu ne veuilles plus de moi... "

"Chut... On est une famille, pour toujours... "

Lentement, se serrant l'un contre l'autre, comme deux oisillons au milieu de la tempête, ils laissèrent s'échapper toutes les peurs qui s'étaient logées dans leurs coeurs.

"Tu veux dormir avec moi ce soir?"

"Sasuke peut venir aussi?"

Il embrassa le nez retroussé de son petit canaillou.

"Bien sûr!"

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Une fois de plus ils étaient tous les quatre dans le grand lit. Kakashi avait pleurniché pour être lui aussi accepté dans le lit.

Naruto était blotti contre son père adoptif, ronronnant doucement sous les mains qui caressaient ses cheveux.

"On sera toujours ensemble?"

"Toujours."

"Vous faites une belle paire d'imbéciles."

Deux paires d'yeux se tournèrent vers Kakashi.

"Il suffit d'une petite punition pour que ce soit les chutes du Niagara. On avait l'impression que c'était Iruka qui était puni tellement il était triste..."

Iruka envoya son oreiller à la figure de son amant.

"Je suis désolé, Iruka... Je promets que je le ferai jamais plus."

Naruto cacha son visage dans le pyjama de son tuteur.

"Il faut que tu comprennes Naruto, quoi qu'ils te disent tu ne dois pas te battre, un jour tu seras très fort. Que se passera-t-il si un imbécile t'insulte et que tu le tues sans faire exprès? Tu dois apprendre à ne pas céder à la violence."

"Mais ils ont dit que tu..."

L'enfant rougit.

"Je me fiche de ce qu'ils ont dit. A cause de ces imbéciles j'ai été obligé de te punir. Je ne veux plus jamais en entendre parler."

Il serra son petit renard contre lui. Il avait tellement souffert de devoir le punir, qu'aurait-il fait si Naruto l'avait détesté?

"Allez Sasuke, va faire un câlin toi aussi!"

Kakashi balança le Uchiha sur les deux animaux enlacés. Iruka et Naruto attrapèrent au vol le pauvre petit brun et s'empressèrent de le faire rougir de honte sous leurs câlins. Sasuke était toujours aussi réticent aux embrassades et autres signes d'affection.

"Moi aussi je veux un câlin! Placage!"

Et Kakashi se laissa tomber sur sa petite famille.

Les cris, les piaillements et les rires retentirent dans la maison, faisant sourire les morts sur leurs photos.