La musique résonnait dans la cuisine. Althea se tenait contre un des murs, pendant que je lisais une recette à voix haute, sans comprendre les termes qui apparaissaient. Son rire résonna légèrement. Je me tournais vers elle, un sourire accroché aux lèvres.
« Tu préfère pas qu'on commande une pizza à la place ?
- Dommage, c'était marrant de te voir essayer de comprendre l'impossible. »Je rigolais à sa remarque. Nous étions tous deux incompétants dans l'art de cuisiner. Je repensais à son essai de faire des crêpes, qui avait été infructueux.
Depuis que nous avions joué sous la pluie, Althea était plus ouverte. Elle souriait et rigolait, certes peu, mais toujours dans les bons moments. Ses yeux exprimaient moins de tristesse, plus de joie. Je ne connaissais toujours pas son histoire, mais je continuais de l'inventer. J'imaginais son passé, vivais dans son présent et me voyais dans son futur.
« Althea ? Je dois te parler de quelque chose. »
Mon cœur battait dans mes tempes. Je voulais me lancer, lui dire enfin ce que je ressentais pour elle. Son regard était fixé sur moi, surprise. Elle devait avoir comprit que je n'allais pas parler d'un sujet anodin, qui ne nous touchait jamais vraiment. Je n'allais pas évoquer les personnes qu'on voyait dans la rue, celles qui prenaient le métro ou encore celles qu'on entre apercevait par la fenêtre. Non, j'allais aborder ce que l'un d'entre nous ressentait pour l'un d'entre nous.
« Je ne te l'ai jamais dis, mais dès que je t'ai vu pour la première fois, j'ai su que t'allais changer ma vie. Je ne sais pas pourquoi mais quand j'ai croisé ton regard, mon cœur s'est emballé et depuis, j'arrive pas à arrêter mes pensées de tourner autour de toi. Quand on se voit pas pendant ne serait-ce que quelques heures, tu me manques. En fait, tu me manques même quand t'es là, parce que j'ai peur que ce ne soit pas toujours le cas. Je ressens ce que les adultes aiment appeler amour, tu sais cette maladie où t'en sors pas indemne ? J'ai été touché de plein fouet, le problème, c'est que j'ai pas été mis en quarantaine. »
« Oui ? Tu veux me parler de quoi ?
- Non rien, juste une personne dans le métro que j'ai vu l'autre jour.. »
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Le cœur d'Apollinaire
Povídky"J'imaginais son passé, vivais dans son présent et me voyais dans son futur." Couverture crée par @slykolov , image trouvé sur We Heart It.