Chapitre XXIII: Merci

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Les infirmiers avaient tenté de réanimer leur patiente, mais rien  faire, son cœur s'était définitivement arrêté. Il n'y avait plus rien à faire désormais, rien.

M.Leonhart était assis dans son canapé, fixant la photo qu'il avait dans sa main: un portrait de sa fille. C'était sa photo individuelle de son lycée, elle était obligée de sourire et cela le fit rire. Annie n'était pas le genre de personne à sourire souvent, elle était plutôt discrète et pas très expressive, on avait du mal à savoir à quoi elle pensait, peut-être de meurtre ? Avec tous ces idiots qui l'entouraient, surtout ses professeurs. M.Leonhart leva la tête vers la sonnerie, il saisit sa canne et reposa la photo sur la petite table basse. Il marcha difficilement vers sa porte d'entrée et l'ouvrit, Armin. Il tenait une lettre dans sa main droite, le vieil homme le fit entrer avec un faible sourire et referma avant qu'ils ne s'installèrent sur le canapé. 


- Annie m'a dit de vous donner cela.

- Une lettre ? fit M.Leonhart avec de grands yeux. 


D'une main tremblante, il commença à déplier le papier, c'était une simple lettre, mais... C'était sa fille qui l'avait écrite. 


"Si tu as cette lettre entre tes mains, c'est surement que je suis partie, et j'en suis désolée. Je voulais, m'excuser pour t'avoir ignoré durant des années, pour m'avoir abandonné, mais je n'étais pas assez mature pour comprendre cela, j'étais têtue et même égoïste. Tu t'es battu pour me garder près de toi, et j'en suis plus que reconnaissante. Je m'excuse d'avoir été injuste, violente et de t'avoir blessé, je ne l'ai jamais voulu. La vérité, c'est que cette colère qui s'est abattue sur toi, je la porte contre moi-même, car au fond de moi, j'ai l'impression de t'avoir déçu. Je ne suis pas la fille parfaite qu'un père souhaite, et j'en suis désolée, j'espère tout de même que tu me pardonneras. 

J'espère que tu me pardonneras, car moi, je ne me le pardonnerai jamais. Je t'aime, je te l'ai dit qu'une seule fois, et je m'en veux. Je n'oublierai pas tous ces moments que nous avons passé ensemble, comme cette bataille de farine, d'ailleurs merci car j'ai tout nettoyé !

Tu t'en veux peut-être de ne pas m'avoir dit au revoir, je ne t'en veux pas. Je le sais. Je veux que tu sois heureux et  que tu continues de vivre la tête haute. Je te dois tout, mes joies, mes fous rires, mes qualités et j'en passe... Je t'aime plus que tout. 


Ta Fille."


Ses mains serrèrent le papier et il s'effondra en pleure. Armin lui aussi, n'arrivait pas à les retenir, il passa un bras autour des épaules du père. 

Le lendemain, évidemment tous le lycée était au courant, et le directeur avait fait une cérémonie pour son courage et son combat. Dans le gymnase, tous les adolescents étaient installés sur les estrades. Sur le terrain, une grande photo posée sur un chevalet, représentant Annie.

Le soir même, c'était son enterrement. Reiner et Berthold arrivèrent habillés de noir, instrument en main, Annie aimait la musique, il fallait lui rendre cette honneur et évidemment, Armin allait jouer avec sa guitare. Le cercueil était fait d'acajou, décoré de pleins de fleurs dont un gros bouquet. Comme au lycée, deux grandes photos différentes étaient placées de chaque côté, à l'arrière du cercueil: une où elle avait été faite en tant que photo individuelle pour son entrée en terminale au lycée et une autre, où elle souriait... Elle souriait pour de vrai. 

[Aruani] «Silence»Où les histoires vivent. Découvrez maintenant