- Chapitre 3 -

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CHAPITRE 3

Affirmer que tout allait bien aurait été un mensonge et Remus ne voulait plus mentir. Il l'avait fait pendant trop longtemps et rien de bon n'en était ressorti. Il était donc plus honnête de dire que les choses allaient mieux. Les cauchemars devenaient moins récurrents sans pour autant déserter complètement ses rêves. Les blessures physiques guérissaient définitivement plus rapidement que celle de l'esprit. Les plaies disparaissaient lentement mais surement, s'éclaircissant. Certaines devenaient presque invisibles. Malheureusement Greyback ne s'était pas contenté de marquer sa chair, il avait laissé son empreinte sur son âme. Il avait signé celle-ci d'une encre indélébile. Parfois les souvenirs le submergeaient, le rendant incapable de bouger, respirer lui devenait difficile, vivre lui paraissait inutile. Dans ces moments-là il parvenait néanmoins à se souvenir qu'il n'était plus seul. Il les avait à ses côtés. Le ciel s'éclaircissait alors, chassant les nuages et de nouveau son existence avait un sens. Chacun d'entre eux lui était essentiel. Aussi indispensable que l'air.

Lorsqu'il ressentait une brusque insécurité, la présence de James l'apaisait immédiatement. Rien ne pouvait l'atteindre car le capitaine ne laisserait jamais rien lui arriver. Il l'avait promis, et il l'avait prouvé. Il avait découvert que James avait été l'auteur du plan pour arrêter Greyback. Le jeune homme répétait à longueur de temps que Remus ne lui devait rien, que c'était ce que faisaient les amis, répétant encore et encore qu'il était désolé pour son comportement détestable des derniers mois. Remus lui avait pardonné. Il ne lui en avait jamais vraiment voulu. Comment aurait-il pu ? James n'avait aucune idée de ce qui se tramait. Il avait cru que le garçon qu'il avait si généreusement pris sous son aile l'avait trahi à la première occasion. Il avait été aveuglé par la colère. Et il avait retenu la leçon. La brutalité de James s'était brusquement apaisé après cet épisode fâcheux. Une nuit, il avait avoué qu'il ne voulait pas être comme Greyback. Qu'il ne voulait plus blesser les gens. Remus lui avait assuré qu'il n'avait rien d'un Greyback mais James n'en avait pas démordu et gardait désormais sa force pour les matchs de rugby.

Peter était le clown de la bande. Remus n'était pas toujours certain que c'était volontaire mais il les faisait rire aux éclats. Verser des larmes de joie plutôt que des larmes de tristesse était un changement que Remus accueillait volontiers. Il aimait se dire que la seule douleur qu'il ressentait désormais grâce à Peter était celle de sa mâchoire et de son ventre après un fou rire incontrôlable et interminable.

Et Sirius. Oh Sirius. Prononcer son prénom en pensées suffisait à réchauffer le cœur de Remus. Il était le seul capable d'effacer par sa seule présence le souvenir de Greyback. Il était complètement et irrémédiablement en train de tomber amoureux, il le savait et cela le terrifiait parce qu'il n'était pas certain que quelqu'un serait là pour le rattraper. Peut-être se contenterait-il de chuter indéfiniment. Peut-être que l'impact n'arriverait pas. Le ténébreux et irrésistible Gryffondor avait longtemps été un fantasme éloigné et le côtoyer quotidiennement l'avait rendu bien trop concret pour que le rêve n'aspire pas à devenir réalité. Remus n'était pas certain de quand mais il savait pour sûr que l'admiration avait été remplacée par un sentiment bien moins superficiel et plus profond. Il se sentait comme un funambule qui se serait risqué à s'engager sans filet malgré l'incertitude d'atteindre son but. Ses sentiments étaient des ciseaux capables, s'il laissait libre cours à ceux-ci, de couper le fil encore bien trop fin de leur amitié. Il avait donc décidé, résolument, de ne pas désirer plus que ce que lui offrait le garçon. Et il lui donnait tellement. Plus que Remus n'aurait jamais pu espérer. Lentement mais sûrement il l'avait tiré hors de la forteresse qu'il s'était construite. Ce corps qui le répugnait tant et dans lequel il était à jamais prisonnier ne semblait plus aussi souillé lorsque Sirius le touchait. Le temps passait et les étreintes de son violeur s'effaçaient de ses souvenirs, seules demeuraient celles de Sirius. Il lui prenait sans cesse les mains, embrassait ses joues à tout bout de champ, caressait distraitement ses cheveux des heures entières, posait sa tête sur ses genoux dès qu'il en avait l'occasion. Sirius lui donnait l'impression d'être désiré et le dégout qu'il ressentait pour lui-même avait peu à peu disparu. Par son amour inconditionnel et spontané, Sirius lui avait réappris à s'aimer. Alors quand il lui prenait l'envie d'arracher sa peau, s'entaillant les poignets pour se libérer, pour parvenir à respirer, il se souvenait de la dernière personne qui l'avait touché et soudain la prison devenait plus supportable. Moins étouffante. Il ne se blessait plus. La colère de Sirius lorsqu'il l'avait remarqué la première fois l'en avait dissuadé à jamais.

Love you to the Moony and BlackOù les histoires vivent. Découvrez maintenant