Chapitre VII : Une photo... Tout bascule ! (corrigé)

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Nous nous étions mises d'accord de commencer par sortir ensemble en cachette, ne voulant pas subir les moqueries au lycée et ne sachant comment nos parents respectifs réagiraient à la situation. Ma sœur Alicia était rentrée chez elle, puisqu'elle avait -enfin- trouvé un travail dans le domaine qu'elle voulait. Domaine dont je n'ai toujours pas vraiment compris ce qu'il était.

Ah ! Et Lexie m'a expliqué que Maxence était un de ses amis d'enfance, qu'elle considérait comme un frère. La jeune rousse avait éclaté de rire quand je lui avais expliqué que j'avais été jalouse. Au lycée j'étais revenue souriante au sein du groupe, Mélodie était rassurée. Elle était d'ailleurs la seule au courant de notre relation secrète. La jeune blonde l'avait très bien pris. Quand j'avais demandé à Lexie si elle voulait bien que l'on mette Mélodie dans la confidence, elle avait accepté sans grande hésitation, et, bien que j'aie confiance en ma rousse préférée, je ne pouvais m'empêcher de ressentir une pointe de jalousie ; et elle riait silencieusement de mes réactions, mais elle se faisait rapidement pardonner le soir après le lycée.

Près de la falaise, nous passions notre temps comme au début de l'année, avec les câlins et baisers en plus. J'avais fait la connaissance de Maxence, il faisait bien une à deux têtes de plus que moi, avait de magnifiques yeux verts, mais pas aussi beaux que les yeux azurs de ma petite-amie. Je m'entendais étrangement bien avec lui, tellement bien que par moment ce n'était pas Lexie qu'il prenait dans ses bras mais moi. Dans ces moments-là, c'est moi qui riait silencieusement devant la tête de mon ange.

L'hiver s'était confortablement installé, notre lieu de rendez-vous était entièrement blanc puisque nous étions à l'écart des routes principales. Nous étions assises dans la neige, mon ange de feu, entre mes jambes, se servant de moi comme d'un dossier. Je jouais tranquillement avec ses cheveux tout en discutant avec la fille occupant la majorité de mes pensées. Ma deuxième main était posée sur son ventre et elle jouait avec mes doigts. J'étais bien, comme si nous étions seules au monde. Alors que Lexie venait de me poser une question, elle s'était légèrement tournée pour voir mon visage. En lui répondant mon regard s'est enchaîné au sien. Un silence s'est créé entre nous, un silence des plus agréables.

Nous nous regardions avec tout l'amour que nous nous portions mutuellement. Nos visages s'étaient rapprochés lentement, j'avais posé mon front contre le sien et nos souffles se mélangeaient. Je me perdais de plus en plus dans son regard azur. C'était comme si ses lèvres, rosies par le froid, m'appelaient, mais je ne réduisais point le peu d'espace qui me séparait d'elles. Ce qui fit naître un doux supplice dans nos corps. Cependant après quelques instants je cédai et scellai nos lèvres ensemble. Une vague de chaleur naquit dans mon corps et un millier de papillons s'envolèrent dans mon ventre, ce qui me fis totalement oublier le froid ambiant de l'hiver et la neige sur laquelle nous étions assises.

Nous étions bien, nous profitions simplement de la présence de l'autre à nos côtés. J'étais sur mon petit nuage, comme si le reste du monde n'existait pas et que rien ne pouvait jamais nous arriver.

Ce petit nuage se dissipa bien trop rapidement à mon goût, et la chute  fut plutôtviolente pour me ramener sur terre. Environ une semaine après cette scène, un de mes pires cauchemars était devenu réalité. J'étais arrivée devant le lycée et avait trouvé ma belle rousse plantée devant l'entrée du portail. En m'approchant je vis ce qui la forçait à rester immobile : elle avait une feuille entre les mains, identique à des dizaines d'autres accrochées un peu partout dans le lycée. Sur cette feuille il n'y avait qu'une simple photo, mais sur cette photo on nous voyait très clairement toutes les deux nous embrasser lorsque nous avions passé la journée assises dans la neige.

À cet instant précis je sentis tout mon monde s'écrouler. Tous les lycéens qui passaient nous lançaient des regards que je ne connaissais que trop bien. Toute ma vie j'avais reçu des regards similaires, du moins jusqu'à l'arrivée de Lexie. J'avais oublié combien cela faisait mal et me demandai comment j'avais fait pour le supporter -pour m'y habituer !

Mais désormais une chose me faisait bien plus mal. Je ne supportai pas que mon ange y soit également confronté. Mais je ne pouvais rien y faire.

Je pris la main de ma bien-aimée et elle remarqua enfin ma présence à ses côtés. Elle me lança un sourire qui se voulait rassurant mais je pouvais clairement lire dans son regard qu'elle avait peur. Elle avait également resserré l'étreinte de nos mains. Je luis glissais un simple mot pour essayer de lui donner du courage, et à moi aussi par la même occasion.

«Ensemble. » Mon ange de feu répondit par un simple hochement de tête et nous pénétrâmes en enfer.

La journée nous avait paru durer une éternité, entre les insultes,les regards mauvais, les bousculades dans l'escalier. Tout le lycées'était retourné contre nous, exceptée Mélodie qui était déjà au courant et Maxence qui nous avait protégées lorsque certains avaient tenté de nous frapper. Voilà tout ce qu'il restait de la petite bande avec laquelle nous traînions depuis le début de l'année.

À la fin de la journée, moment qui avait mis bien trop de temps à arriver, nous nous étions enfuies et réfugiées sur notre lieu de rendez-vous. Nous voulions nous éloigner le plus possible du monde réel et le seul lieu qui nous le permettait était le bord de la falaise.

Après un petit moment, nous fûmes contraintes de rentrer chez nous, car la nuit n'allait pas tarder à tomber. Une fois que nous fûmes séparées, je ne me préoccupai plus que d'une chose : j'espérais qu'il n'arrive rien à la rousse détentrice de mon cœur. Mais lorsque je franchis le seuil de la porte d'entrée de ma maison, l'ambiance pesante me ramena une nouvelle fois à la réalité et je pressentais déjà que cela allait mal se passer.

J'arrivai lentement dans le salon et trouvai mon père en train de faire les cents pas devant ma mère qui observait un feuille identique à celles qui se trouvaient au lycée. Ils remarquèrent finalement ma présence mais ne dirent rien. Mes parents me fixaient simplement, je ne savais décrire leurs regards mais ils n'exprimaient ni la colère ni le dégoût. Je pouvais sentir leur gêne, comme s'ils voulaient dire quelque chose mais qu'ils ne trouvaient pas les mots. Ce silence, cette ambiance, leurs regards étaient pesants et gênants, tout était pesant et gênant !

Après un long moment, sûrement un des plus gênants de ma vie, je décidai d'y mettre fin en m'enfermant dans ma chambre et y faire mes devoirs jusqu'à l'heure du dîner. Moi qui avais l'habitude que ce moment de la journée se déroule dans la bonne humeur et la gaieté générale, j'eus l'impression d'être passée dans un monde parallèle.

Cette journée se reproduisit à l'identique durant plusieurs jours, voire plusieurs semaines. La seule différence était que, certains jours, je me faisais frapper en rentrant chez moi. Cette journée ne semblait pas avoir de fin. Et les jours où je me faisais frapper se rapprochaient de plus en plus jusqu'à ce que ce soit... tous les jours.

Amor, À mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant