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Kathleen

En allumant la télévision ce matin, j'ai recraché mon thé et j'ai failli m'étouffer avec. On parle de Michael et Brooke sur toutes les chaînes. Une séquence montre cette dernière pendant une interview, faisant exprès de pleurer, annoncer que Michael l'a quitté. Elle poursuit son récit, plein d'insanités.

"Michael ne m'a jamais touché. Dès que je tentais une approche, il me repoussait, prétextant qu'il ne pouvait pas le faire avant le mariage à cause de sa religion. C'était faux, bien sûr. En fait, je l'écœurais, les filles le répugnait. Il préférait la compagnie des hommes à la mienne. Ça m'a fait perdre confiance en moi."

Je sens la rage s'emparer de moi, mon sang ne fait qu'un tour dans mes veines. Cette fille me dégoûte du plus profond de mon être. Comment peut-elle dire des choses pareilles à l'égard de Michael ?!

"Vous avez déjà vu ça, vous, un noir qui se tartine de crème pour s'éclaircir la peau ? Eh bien, c'est ce que Michael fait. Une fois, je l'ai surpris en train de se maquiller dans sa chambre. Il m'a dit qu'il était obligé de faire ça, mais il ne m'a jamais expliqué pourquoi. Quand on sait qu'il s'est fait refaire le nez à deux reprises et qu'il s'est défrisé les cheveux, on comprend alors qu'il a honte de sa couleur de peau et de ses origines. Je ne suis pas la seule à penser ça. En plus, c'est un drogué. Il triple ses doses de médicaments matin et soir, il est accro."

Je balance la télécommande et sans perdre plus de temps, attrape mes clefs de voiture au vol et saute dans ma Chevrolet en direction d'Hayvenhurst. Je tremble tellement je suis énervée et ça se ressent sur ma conduite, je ne respecte aucune limitation de vitesse et grille même quelques feux pour arriver au plus vite chez Michael, j'ai même failli avoir un accident. Le grand portail s'ouvre, je me gare n'importe comment en plein milieu de la cour et fonce vers la maison principale. J'entends des bruits de fracas à travers la porte, en l'ouvrant je découvre le métisse à genoux par terre, son visage plongé dans ses mains et sanglotant bruyamment. Je me précipite à ses côtés, me place derrière lui et l'entoure de mes bras avant de le serrer fortement contre moi. Ses doigts se referment vigoureusement autour de mes poignets.

Michael se met soudainement à crier toute la peine et la rage qu'il possède à l'intérieur de lui. La douleur dans sa voix me transperce le cœur, toute cette souffrance qu'elle lui inflige, il ne la mérite pas. Je reste silencieuse et laisse mes larmes couler le long de mes joues. Son souffle se fait de plus en plus court, il peine à respirer tant ses sanglots sont nombreux. Je ne sais même pas quoi faire pour lui, je me sens totalement impuissante. Le voir dans cet état me fait tellement mal et je suis incapable de dire quoi que ce soit pour le consoler. Qui sait ce qu'il aurait pu faire si je n'étais pas venue ici ? Qui sait quelles genre d'idées peuvent traverser son esprit ? Nos émotions sont capables de nous contrôler totalement et de prendre le dessus sur notre raison, nous faisant agir démesurément.

Je refuse qu'il mette sa vie en danger à cause d'elle. S'il lui arrivait quelque chose, je ne m'en remettrais pas.

Michael est resté dans mes bras pendant une bonne heure au moins, il a pleuré les quelques larmes qui lui restait puis il s'est assoupi contre moi, vidé de toute son énergie.

Il faut qu'il s'en aille d'ici.

-Michael... je l'appelle doucement.

Le bouclé soulève ses paupières et me regarde de ses yeux rouges et gonflés.

-Oui, Kate... me répond t-il la voix enrouée.

-Fais ta valise. On s'en va.

Il se redresse et passe ses mains sur son visage en soupirant.

-Pourquoi ? Où est-ce qu'on va ? commence-t-il à paniquer.

-Tu ne peux pas rester là plus longtemps, je ne te laisserais pas sans surveillance.

Il fronce les sourcils.

-Ne me dis pas que... Tu ne crois quand même pas ce qu'elle dit ? s'offusque-t-il en m'aidant à me relever.

-Non Michael, mais je ne sais pas de quoi tu es capable et je ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit, je rétorque en lissant mes vêtements. Je t'attends dans la voiture.

En sortant dehors, je découvre une horde de journalistes et paparazzis en furie aux portes de la propriété, scandant le nom de Michael à travers les barreaux. Keith et les autres gardes du coup font tout leur possible pour les éloigner, mais ils n'en démordent pas tels des vautours qui tournent autour de leur proie. Quand ils remarquent ma présence, ils commencent à m'appeler et à me balancer toutes sortes de questions à la figure, il y en a tellement que je ne comprends pas une seule phrase complète. Il faut à tout prix qu'on sorte d'ici, mais tant que Michael n'aura pas répondu à l'attaque de Brooke, ils ne partiront pas. Or, il n'est pas en mesure de la contrer, du moins, pas aujourd'hui.

Des sirènes de police retentissent, quatre voitures se suivent et une horde de policiers en sort pour les faire reculer, n'hésitant pas à employer la force pour les faire bouger. Le chanteur arrive enfin, couvert de la tête aux pieds, le visage masqué et ses célèbres lunettes de soleil sur le nez, puis il s'engouffre rapidement dans ma voiture et je l'imite. Je démarre au quart de tour, Keith enclenche le portail qui s'ouvre et pousse les quelques médias encore collés dessus, puis je détale à toute vitesse et roule comme une furie en direction de chez moi. Heureusement, le trafic est moins dense que tout à l'heure, ce qui me permet d'arriver plus rapidement à la maison. Je rentre ma voiture dans le garage pour que Michael descende en toute sécurité et ferme les volets qui donnent sur la rue devant. Je le débarrasse de ses vêtements et de sa valise tandis qu'il s'assoit sur le divan et plonge son visage entre ses mains.

-Je n'ai jamais voulu ça... renifle-t-il en se tenant le front. Pourquoi le sort s'acharne-t-il comme ça sur moi ? Je ne suis pourtant pas une mauvaise personne, je n'ai rien demandé moi...

-Justement, je commence en le rejoignant, tu es une cible facile. Ils savent que tu es vulnérable, il profite de ta gentillesse et de ta naïveté pour t'atteindre. Ils gagnent ta confiance, ils se servent de toi, puis il te plante un couteau dans le dos et te font porter le chapeau une fois qu'ils ont eu ce qu'ils voulaient.

Je passe ma main dans son dos et lui caresse tendrement, je vois bien qu'il prend sur lui pour ne pas craquer.

-Si j'avais su que ça se passerait comme ça, je ne l'aurais jamais quitté.

THE KING OF STYLE - Michael Jackson (TERMINÉE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant