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Après une semaine mouvementée, Michael, harcelé nuit et jour par les médias, a enfin décidé de répondre à une seule et unique interview. Il n'a pas dormi de la nuit tant il stressait à l'idée d'y aller, lui qui déteste par dessus tout les plateaux télés.

Nous sommes donc dans sa loge, le tournage démarre dans une dizaine de minutes. Il porte un pantalon noir, une chemise noire et une veste militaire assortie, il n'a pas quitté ses lunettes de soleil depuis qu'on est sortis et il n'est pas très enchanté à l'idée de les enlever pour cet entretien.

Il n'a pas décroché un mot de la matinée, plongé dans ses pensées. J'avoue avoir eu l'impression de parler à un mur. Après tout, s'il ne veut pas me parler, je ne vais pas le forcer, même si ce genre de comportement m'inquiète. Il tripote nerveusement ses doigts depuis tout à l'heure, je pose ma main sur les siennes et cherche son regard, mais il ne daigne pas lever les yeux vers moi.

-Michael, je sais que tu es stressé mais tu pourrais au moins me répondre quand je te parle, ou alors si je te gêne, dis-moi de partir.

Il reste impassible, aucun son n'émane de sa bouche. Je respire profondément et me lève, exaspérée par son attitude. Puisque je le dérange, je n'ai rien à faire ici. Alors que je m'apprête à prendre la porte, il me rattrape et croise ses doigts avec les miens. Il a relevé ses lunettes, je peux enfin voir ses prunelles brunes brillantes se diriger vers le sol.

-Excuse-moi, commence-t-il en fuyant mon regard. Je suis désolé si je t'ai froissé. Je ne veux pas que tu t'en ailles.

Sa main moite tremble dans la mienne, je plisse les lèvres.

-Je n'aime pas te voir comme ça, je rétorque en allant me réfugier dans ses bras. Tu ne m'as pas adressé la parole depuis ce matin. Je me suis même demandé si je n'avais pas fait quelque chose de mal...

Il resserre son étreinte autour de moi et pose son menton sur le sommet de mon crâne. Je ferme les yeux et me laisse bercer par ses caresses dans mes cheveux, il y dépose un baiser.

-Tu n'y es pour rien, Kathleen, ne t'en fais pas. Ça ira mieux une fois que tout ça sera fini.

J'hoche la tête en me détachant de son emprise puis nous nous rendons dans les coulisses du tournage, où le présentateur l'attend. Il lui serre la main, leur premier contact est plutôt froid. Michael reste de marbre et se contente d'acquiescer, les mains derrière le dos et l'air désintéressé. Le cameraman lui explique que l'émission est en direct et qu'à son signal, il pourra rejoindre le plateau.

-Ça tourne ! hurle le technicien.

Le chanteur respire un bon coup et s'avance sur l'estrade, il salue humblement le public qui cri tellement fort qu'on entend même plus le jingle de l'émission. Le journaliste l'invite à s'asseoir en face de lui et récite son discours habituel, puis il salue Michael et le félicite pour son album Thriller et les nombreux succès dont il a hérité par la suite. Il en vient ensuite au sujet qui fâche, je vois déjà qu'il se mord l'intérieur des joues et qu'il serre les poings. Le chroniqueur revient sur les aveux de Brooke et la lettre que l'artiste a rédigé, puis il commence à lui poser des questions à propos de sa relation avec elle. Ses paroles ont sûrement plus de valeur en face à face que sur un morceau de papier.

-Brooke a dit que vous vous étiez fait refaire le nez à deux reprises, c'est bien ça ? débute le présentateur.

-Oui, mais uniquement parce que je suis tombé de scène et que je me le suis fracturé. La première était une intervention réparatrice et la deuxième correctrice, pour l'esthétique. J'ai été obligé d'y avoir recours car j'avais des difficultés pour respirer.

-Donc ce n'était pas parce que votre père vous traitait de gros nez ?

Je vois Michael prendre une grande inspiration et serrer la mâchoire avant de secouer la tête de droite à gauche.

-Qu'en est-il de votre peau, alors ? Brooke a assuré que vous aviez recours à des traitements pour la blanchir, mais dans votre lettre, vous parlez de maladie. Parlez-nous en un peu.

-Eh bien... Soupire Michael en passant sa main sur son front. Il y a quelques temps, on m'a diagnostiqué cette affection cutanée appelée vitiligo. C'est une dépigmentation de la peau causée par la disparition des cellules responsables de la production de mélanine. Je ne peux rien y faire, je ne contrôle pas son développement. Alors non, je ne maquille pas pour me travestir, mais pour éviter de ressembler à une vache à lait.

Le ton de Michael est froid et sec, on ressent de la colère dans l'intonation de sa voix. Je crains le pire pour la suite.

-Quelqu'un a-t-il déjà entendu parler de cette maladie ? Demande le présentateur en se tournant vers le public. Non ? Personne ? Bon... Il marque une pose. Vous êtes sûrs que ce n'est pas plutôt une invention de votre part pour dissimuler la honte que vous ressentez à l'égard de vos origines ? Ou plutôt, parce que vous ne voulez pas ressembler à votre père ?

Michael agrippe les accoudoirs de son siège et se lève d'un bond.

-Vous ne me croyez pas ?

Je discerne son regard menacant à travers ses lunettes, j'en ai froid dans le dos rien qu'en l'imaginant. Dans un élan de rage, Michael se débarrasse de sa veste et commence à déboutonner sa chemise.

-Monsieur Jackson, calmez-vous et asseyez-vous.

-Non ! S'écrit le métisse au torse à moitié nu. J'en ai marre qu'on ne me prenne pas au sérieux et de devoir me justifier à chaque fois ! Je suis noir américain, et j'en suis fier ! Quand je me regarde dans le miroir, je sais que je suis noir ! Il jette sa chemise sur son fauteuil et ouvre les bras. Vous voyez bien que je n'invente rien ! S'égosille-t-il en exposant les tâches blanches qui recouvrait sa peau. Et ce ne sont pas des tâches de naissance !

Il est hors de lui, je ne l'ai jamais vu autant en colère. Je ne sais pas de quoi il est capable quand il s'emporte comme ça, mais il devient ingérable et ça commence à me faire peur.

-Envoyez la pub ! Je m'écrie en courant sur le plateau. Dépêchez-vous !

Je ramasse ses vêtements et le pousse dans les coulisses, il a complètement pété les plombs ! Je l'entraîne jusqu'à sa loge, il commence alors à jeter tout ce qu'il trouve contre le mur et brise quelques vases. Avant qu'il ne se blesse, je le saisis par les épaules mais il refuse de se calmer et se débat.

Sans réfléchir, je m'empare de son visage perlé de sueur et presse mes lèvres sur les siennes. Tous les muscles de mon corps se détendent progressivement et je sens une chaleur plutôt agréable m'enrober. Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine, mon estomac me chatouille quand il répond enfin à mon baiser. Tandis que je m'embrase, il glisse sa main dans mes cheveux et presse de nouveau sa bouche charnue contre la mienne. Une explosion de frissons se diffuse sur ma peau, mon dos heurte bientôt le mur derrière moi pendant qu'il cherche ma langue dans ma bouche.

Nos lèvres suintes se décollent enfin, son souffle chaud rebondit contre mon visage tandis que je peine à reprendre le mien. J'ouvre les yeux et trouve son regard, l'euphorie que je pouvais ressentir il y a quelques secondes se transforme aussitôt en panique. Je ramène mes mains contre ma bouche.

Qu'est-ce que je viens de faire ?

THE KING OF STYLE - Michael Jackson (TERMINÉE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant