CHAPITRE 2

87 11 17
                                    


GODRIC

Dans la salle d'entraînement du manoir des Gryffondor, les épées s'entrechoquaient avec fracas. Indifférent aux mèches de cheveux auburn que la sueur avait collées sur son front, Godric se démenait pour parer les attaques que son maître d'armes faisait déferler sur lui avec régularité. Celui-ci lui imposait en effet une cadence soutenue, multipliant les feintes et les bottes de son cru, si bien qu'il finit par se trouver en mauvaise posture. Son adversaire n'eut alors plus qu'à exercer une pression franche de son fleuret contre le sien pour lui faire lâcher prise. 

Un grognement d'agacement accompagna la chute de la rapière sur le sol dallé de la pièce. Mes réflexes sont encore trop fragiles, songea Godric, irrité, avant de se pencher pour la ramasser.

— Vous vous débrouillez de mieux en mieux, Godric ! s'enthousiasma tout de même son maître d'armes en ôtant le plastron qui protégeait son corps. Votre jeu de jambes est bien meilleur qu'à vos débuts, et vos attaques de plus en plus précises !

Ragaillardi par ces compliments, le jeune Gryffondor esquissa un sourire et se tourna vers le vieil homme qui lui enseignait l'art de l'escrime. Avant de devenir son propre précepteur, Herbert Stevenson avait été celui de son père et, suite à la disparition de ce dernier, avait pris à cœur de lui apporter la présence masculine dont il avait besoin.

— Vous êtes trop bon... répondit-il, les joues rosies de fierté. Il me reste sans doute beaucoup à apprendre.

— Vous aurez tôt fait de vous perfectionner et d'assimiler les quelques techniques que vous ignorez encore. Avec un père comme le vôtre, je serais surpris que vous n'excelliez pas en escrime autant que vous le faite avec votre baguette !

— Était-il réellement aussi doué qu'on le raconte ? interrogea Godric en délaçant impatiemment les lacets de cuir de son plastron.

— Bien plus doué que moi, lui assura Herbert. Il n'a pas mis longtemps à me battre à chacun de nos entraînements, puis c'est aux quatre coins du pays qu'il a fait valoir son adresse ! Quel regret qu'il soit parti si tôt... C'était un excellent combattant, doublé d'un ami précieux.

Godric se perdit un instant dans le souvenir brumeux de cet homme qu'il n'avait que trop peu connu puis haussa les épaules.

— Son goût de l'aventure aura finalement eu raison de lui et il n'est jamais revenu de ce voyage sur le continent, conclut-il. Au moins sera-t-il mort en faisant ce qu'il aimait.

Il sentit le regard d'Herbert peser sur lui tandis qu'il parlait mais n'y prêta pas attention. Contrairement à son vis-à-vis, il n'aimait pas s'emmurer dans le passé.

— Allez-vous participer au tournoi organisé par Robert Greenbriar cette année ?

— Mère y tient... soupira Godric d'un air ennuyé.

— L'idée ne vous enchante de tout évidence point.

— Depuis six ans, je m'y rends, y retrouve les mêmes sorciers en mal de reconnaissance et en sort vainqueur. Cela devient ennuyant !

— Au moins cela vous donne de quoi flatter votre orgueil, glissa Herbert en souriant.

Godric rougit légèrement et détourna les yeux. Pour l'homme qui l'avait presque élevé, les multiples facettes de son caractère n'avaient aucun secret. Il était donc aisé pour lui de deviner que la volonté de Mathild Gryffondor n'était son seul motif pour concourir annuellement au fameux tournoi de l'automne de Greenbriar.

— L'escrime n'en demeure pas moins une discipline mille fois plus passionnante, finit-il par dire tandis qu'ils quittaient la salle d'entraînement. J'ai si hâte de participer enfin à une joute !

Time of FoundersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant