Une fois de plus, Zack se réveillait au doux son des sirènes de police. Enfin, "se réveiller" n'est peut être pas le bon verbe, étant donné que les sirènes avaient duré toute la nuit, empêchant la plupart des squatteurs du bidonville de dormir.
Il avait pu dormir deux heures, c'était déjà ça de pris, se disait-il. Il se leva alors et enfila sa combinaison, tout en étant encore assommé par le sommeil.
Une fois équipé comme à son habitude, il sortit dans la rue et commença à marcher en direction de l'usine, vers le Sud.
Soudainement, les immeubles et les bâtiments métalliques tremblèrent, et il perdit l'équilibre.
Une explosion.
Il venait d'y avoir un attentat à la bombe dans les couches inférieures, causant de lourds dégâts à la surface et à la zone haute.Les sirènes s'intensifièrent et convergèrent vers l'origine de l'explosion, à quelques pâtés d'habitations gargantuesques plus loin.
Zacharie se releva et repris sa marche de manière rapide, les secousses ayant achevé de le réveiller totalement.
Il ne voulait pas être mêlé à ces histoires de guerre civile, de soulèvements populaires et de violences policières.
Il avait d'autres problèmes et il n'avait pas besoin de s'en créer de nouveaux. Il n'avait pas le droit.
En effet, Zack fait partie de cette immense portion de la population mondiale qui vit au jour le jour, crevant de faim, de soif et d'irradiation dans les bidonvilles-périphéries des dernières mégapoles de ce monde ; cette majorité prolétaire qui se doit de travailler dans des conditions de travail particulièrement insoutenables pour permettre à leurs familles de survivre un minimum ...
Alors il allait travailler dans cette usine de malheur et en revenait avec l'argent nécessaire à l'achat d'à peine une dizaine de tickets de rationnement pour lui et sa famille.
Chaque jour depuis maintenant deux ans...
C'est à se demander comment il avait fait pour ne pas mourir d'épuisement ou de maladies. Il s'étonnait lui-même de sa résistance.Cependant, à son entrée dans l'antichambre du SAS d'entrée des conduites de déchets, le droïde-contremaître passa plus de temps que d'habitude à vérifier son identité avant de le laisser entrer, ce qui fit tiquer Zacharie.
Suspicieux, Zack passa sa journée à jeter des coups d'œil à gauche, à droite et derrière lui à chaque minute qui passait.
Il continua son travail comme si de rien n'était. Mais il savait que c'était le calme avant la tempête.
Il se saisit d'un immense objet métallique et, avec l'aide d'un de ses collègues et ami (ils s'étaient croisés plusieurs fois au marché noir des couches inférieures et dans les bidonvilles-dortoirs pour revendre leurs pièces), le jeta dans la benne qui servira à transporter tous les déchets métalliques jusqu'à la fonderie.
Quelques sueurs froides passèrent.
Il n'aimait pas ça.
Il sentait la tension dans l'air monter.Son collègue, un certain Yann, lui jeta un regard interrogateur quant à son état. Zack le regarda droit dans les yeux pendant quelques secondes et son ami comprit immédiatement que quelque chose de grave était arrivé. Mais il n'en demanda pas plus et s'éloigna après avoir hoché la tête, gravement, de la même manière qu'on se recueille devant la tombe d'un proche.
Zack scrutait attentivement chaque visage, détaillait chaque regard au travers des masques, tout en essayant de paraître le plus naturel possible.
L'atmosphère devenait électrique.
Il espérait que ce n'était rien et qu'il n'allait rien lui arriver. Il ne pouvait se permettre de laisser sa famille avec ses deux frères désormais infirmes après leur accident sur un chantier sur les sommets des gratte-ciels et son père cancéreux, fruit d'années de travail dans les décharges de déchets radioactifs des centrales du sud de la ville. Tous inaptes au travail.
Et par conséquent tous inaptes à assurer la subsistance du reste de la famille, à savoir les trois sœurs de Zack, leur mère, le jeune fils d'un des frère de Zack et la mère de celui-ci.Un peu avant l'heure de l'arrêt du travail, la voix aux consonances métalliques du contremaître retentit. Il apparut dans l'encadrement du SAS accompagné de deux hommes en noir aux lunettes teintées rouge sombre.
Des hommes du gouvernement."Travailleur n°522, Zacharie Ivankov, vous êtes en état d'arrestation pour les motifs suivants : "Propagande anti-régime" et "Diffamation envers l'idéologie du régime". Veuillez vous rendre sans faire d'histoires."
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Un Autre Monde (EN RÉÉCRITURE COMPLÈTE)
Ciencia FicciónSuivez l'enfer de la vie de Zacharie, aussi surnommé Zack, habitant des bas-fonds de Néo-Yakoutsk, une des cités industrielles de la Néo Union des Républiques Socialistes Soviétiques, et ses diverses pérégrinations quotidiennes de trieur-récupérateu...