Chapitre 4 - En attendant les secours...

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Lance

C'était moi ou l'atmosphère était devenue de plus en plus pesante d'un coup ? Je savais que Keith était bizarre mais là, ça devenait bien trop étrange, même pour un gars comme lui. Si je n'étais pas à terre, je l'aurais bien plaqué au sol pour l'empêcher de fuir. Il allait chercher des bandages... Je n'en croyais pas un traître mot. Il fuyait, j'en mettrais ma main au feu !

Mais... Qu'est ce qu'il fuyait ? Moi ? J'étais si intimidant que ça ? Fallait croire que oui ! Ça me fit sourire un peu, ce n'était pas tous les jours que je faisais fuir Keith alias Mullet. Est ce qu'il m'avait menacé de mort ? Qu'est ce qu'il voulait dire par "le seul encore en vie" ? Quelque chose me disait que je n'avais pas envie d'en savoir plus que ça sur le passé de Keith...

- C'est bon, j'en ai trouvé !

Il revenait déjà ? Il avait couru d'ici à mon lion, ça s'entendait dans sa voix essoufflée. Il s'arrêtait, l'air interrogatif.

- Dis donc, tu tires une de ces têtes...

- Oh ça va ! Et puis, tu veux que je fasse quelle tête ? Je viens de me faire déchiqueter le bras !

- Évite de crier comme un gamin sinon je vais pas tenir plusieurs jours avec toi.

- Depuis quand je crie ?

- Tu cries tout le temps...

- Je ne vois pas en quoi ça te pose un problème, on est tous seuls !

- C'est pas une raison pour beugler à tout bout de champ ! Maintenant, je vais m'occuper de ton bras, enfin, ce qu'il en reste.

- Est ce que c'était un début d'ironie ?

- Moi ? Jamais.

Il serra le bandage pour m'empêcher de parler. Je me suis mordu la lèvre jusqu'au sang à cause de lui ! Ce bourrin avait serré hyper fort !

- Tu sais ce que c'est la douceur ou c'est inconnu dans ton vocabulaire ?

- Excuse moi, j'étais obligé de désinfecter la plaie à moins que tu ne veuilles mourir de je-ne-sais-quelle maladie ! Alors arrête de faire l'enfant et laisse moi gérer tout ça.

Comme pour me provoquer, il serrait un peu plus le bandage avant d'enrouler le reste de tissu inutilisé.

- Ça devrait tenir jusqu'à ce qu'on vienne nous chercher.

- Si on vient nous chercher...

- Ne sois pas aussi pessimiste, Lance ! Ça ne te ressemble pas.

- Je ne fais que envisager les possibilités. Pardon, je suis macabre.

Je prends un air gêné sous le regard inquisiteur de Keith qui semble me scruter sous tous les angles pour essayer de trouver une faille, une brèche où il pourra voir le vrai Lance. Vite, change de sujet abruti ! Je trouve rien...

- Ça te manque la vie sur Terre ?

Hein ? Keith avait engagé la conversation à ma place.

- Si ça me manque ? Wow. Et bien... Pour tout te dire, je ne cesse d'y penser. J'aimerais juste pouvoir retrouver ma famille. Je me rends compte que je ne leur ai même pas dit où j'allais... Ils doivent me croire mort depuis longtemps. J'aurais dû leur dire que je partais, même par message ! Je m'en veux, si tu savais à quel point.

Je me sentais à deux doigts de craquer mais je ne pouvais pas. Je ne devais pas craquer devant lui. Je sentis une pression sur mon épaule et je jetais un coup d'oeil vers lui.

- C'est un peu de ma faute aussi. Je suis parti direct avec vous sur ma moto sans vous demander votre avis. Puis, je vous ai embarqué dans mes histoires de magnétisations et d'instabilité. Tu n'as rien à te reprocher. 

- Y'a pas que ça...

- Tu peux me le dire si tu as envie.

Il regardait le ciel qui restait gris comme tout le reste du décor pourtant, il semblait m'écouter sans me regarder. C'était possible, ça ? J'hésitais à le lui dire après tout, il n'était pas du genre à rire des autres concernant leurs problèmes personnels vu les siens. Je pris une bonne goulée d'air avant de me lancer les pieds joints.

- Ça fait un moment que je me sens un peu de trop. Je ne sais pas si ça va s'accentuer mais pour l'instant, vous avez tous fait vos preuves alors que moi, on attend toujours. Le problème c'est que je n'ai rien de particulier ! Je suis plus gênant qu'autre chose dans les situations critiques. Quand on me voit comme ça, on ne peut pas deviner tout ça mais je me connais trop bien. Je me connais trop bien : mes blagues sont des armes pour me protéger de la réalité. Si je fais de l'humour, c'est pour me créer un masque et ne pas flancher.

Est ce que je venais vraiment de tout lui dire ? Je n'osais plus le regarder en sentant mes joues se teinter de pourpre. 

Soudain, une masse se jeta dans mes bras et me serra contre elle.

- K-Keith ?  Qu'est ce que tu fais ?

- Je suis désolé. Pour tout.

Hein ? C'était le monde a l'envers ! Keith Kogane était en train de me faire un câlin ? Je l'entendais sangloter un peu. Est ce que c'était à cause de moi ?

- Lance, dis plus jamais ce genre de choses, tu es utile à ta façon, je te l'ai déjà dit. 

- Tu le penses vraiment où c'est juste pour que j'arrête de te soûler avec mes histoires ?

- Je suis sincère. Arrête de penser à des choses aussi stupides et sans fondement.

Il finit par me lâcher pour me saisir par les épaules et me secouer comme un prunier.

- Tu comprends ce que je veux dire ?

- Oui !  Stop, arrête ça tout de suite !

- En espérant que ça t'a remis les idées en place.

Nos regards se croisèrent sans s'accrocher l'un à l'autre mais Keith se releva en s'étirant.

- On va prendre un point de vue en hauteur si jamais quelqu'un arrive pour nous sauver !

Je me relevais à sa suite. Il était déjà parti devant mais je restais planté là, main sur la joue. C'était quoi le pire dans l'histoire ?
Que j'ai rougi ou que j'ai apprécié ce qu'il avait fait pour moi en excluant le moment de secousse ?

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