Il restait une lueur d'espoir

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Il y avait cette fille dans mon école, elle avait un talent pour la musique. Je savais qu'elle avait traversé des moments difficiles où elle semblait couler au fond de l'océan, où elle semblait se detester. Mais depuis quelques temps, elle semblait plus ouverte, plus joyeuse, elle semblait aller mieux. Du moins c'est ce que je pensais, ce que je croyais.

Seulement, un jour elle ne vint plus en cours. Elle se cachait chez elle, dans son lit. J'attendais de ces nouvelles, mais les réponses étaient brèves et commençaient à ne plus être crédible. Je me doutais de quelque chose, qu'on me mentait, qu'on ne me disait pas la vérité. Mais, je comprenais sa décision de ne rien dire. Parfois c'était plus facile de tout garder pour soi. Parfois c'était trop dur d'affronter le regard des gens.

Et un jour, elle me dit « Je suis depressive » .

Au départ, je ne trouvais pas les bons mots, je ne savais plus comment m'exprimer et lui faire comprendre que c'était permis d'aller mal, qu'elle n'avait pas à se sentir délaissée, qu'elle n'avait pas à se voir comme une personne différente. C'était normal de souffrir. C'était humain.

Mais je savais que peu importe les mots que j'employais, ça n'allait rien arranger. Du moins, pas aussi vite, pas aussi facilement. Il fallait du temps et de la patience pour ce genre de choses. Il fallait de l'aide. On ne peut pas tout accomplir et combattre tout, tout seul. On a tous besoin de soutien, de support.

Je voulais l'aider, je voulais la serrer dans mes bras, je voulais la rassurer. Je voulais l'entendre rejouer de son instrument de musique, car je savais que si elle recommençait à jouer, ça serait un pas en avant, elle irait tout doucement vers la guérison. On a tous quelque chose, que ce soit un animal, un objet, un souvenir, une personne, qui fait ressortir le meilleur de nous même. On a tous quelque chose qui nous détend, qui permet de nous défouler.

J'étais allée la voir, lui rendre visite. Et elle semblait fatiguée. Fatiguée, de tous ces médicaments, de devoir se lever, de devoir parler, de devoir manger, de devoir vivre. Ça m'a rendue triste de la voir comme ça, aussi bas. Je l'ai serrée dans mes bras, elle avait l'air si fragile. Elle avait l'air de s'éteindre. J'avais peur de la casser, de la briser encore plus qu'elle ne l'était déjà.

Après quelques temps, elle revint à l'école. Elle n'avait pas l'air bien. Mais elle était obligée de revenir, sinon elle allait devoir être enfermée, coupée du monde. Elle souriait quelque fois, mais je voyais que derrière son sourire il n'y avait aucune émotions. Elle avait aussi l'air d'être dans une autre dimension les trois quart du temps. Elle avait l'air si épuisée, si distante.

J'essayais de l'atteindre de toutes mes forces, je tendais mes bras toujours plus loin, essayant de la rattraper, essayant de l'aider comme je pouvais. Mais elle était trop loin de moi, des gens autour d'elle. Je me retrouvais alors impuissante.

Je la regardais encore et encore, essayant de trouver une solution, essayant de la toucher avec mes mots, essayant de comprendre ce qu'il se passait dans sa tête. Mais, je me suis vite rendue compte que je n'en avais aucune idée, je pouvais imaginer à quoi elle pensait mais je ne pouvais pas vraiment savoir. Or, ça ne voulait pas dire que je ne comprenais pas.

Au contraire, je comprenais sa souffrance, mais je ne pouvais pas dire que j'avais vécu exactement la même chose, puisque chaque souffrance est propre à la personne qui souffre. Je la comprenais, cependant je ne pouvais rien faire, à part lui répéter que j'étais là si elle voulait en parler, à part l'encourager.

Elle était au fond du gouffre, seule dans le noir, perdue dans le labyrinthe de son esprit. Mais, je savais qu'un jour ou l'autre, ça irait mieux. Parce qu'au plus profond de ses yeux, j'avais perçu une minime lueur d'espoir. Sur son visage sombre, j'avais perçu une certaine lumière. Peut-être que cette lumière s'éteindrait de temps en temps. Mais elle se rallumerait juste après. Parce, je l'avais vu toucher, jouer son instrument de musique. Je l'avais vu essayer de toutes ses forces. Je l'avais vu, plus resplendissante que jamais.

Les étoiles ne font que briller Où les histoires vivent. Découvrez maintenant