Elles étaient belles les étincelles dans ses yeux, un peu bleues comme l'océan, un peu jaunes comme le soleil.
Toute sa vie elle avait désiré devenir actrice, mettre un pied sur scène, être la star de l'écran, le centre d'attention. Et chaque jour, elle se rapprochait de son objectif, de son plus grand rêve. Elle pouvait presque le toucher, le caresser des bouts des doigts.
Mais, bien sûr, pour être là où elle était à présent, elle avait du passer par un long et sombre tunnel.
On l'avait changée de pays.
Elle avait plusieurs endroits qu'elle considérait comme sa maison. D'une certaine façon, elle était perdue entre les frontières de différents pays, différentes cultures. Elle avait toujours eu des difficultés à s'identifier avec l'un ou l'autre. À ses yeux, elle faisait partie de tout.
Mais, elle n'avait jamais eu de mal à s'adapter, à se faire des amis, après tout, elle était jeune. Jeune et enthousiaste, avec une personnalité colorée. Pourtant, sa poitrine se resserrait un peu plus à chaque fois qu'elle quittait les personnes qui étaient rentrées dans sa vie, celles qui avaient illuminées toutes ses journées d'enfance.
Néanmoins, elle avait toujours continué à avancer.
Depuis petite on l'avait fait jouer dans des pièces de théâtre. Mais c'était seulement depuis qu'elle était rentrée au college, qu'elle avait réellement découvert à quel point elle était passionnée. À quel point elle s'amusait.
Elle en avait parlé à ses parents de ce grand rêve qu'elle avait renfermé dans son coeur, et ils lui avait ris à la figure. Comme tous les autres membres de sa famille, on lui avait répété que c'était qu'un passe temps, qu'elle devait se concentrer sur les sciences, quelque chose de plus concret.
On ne l'avait pas prise au sérieux, on l'avait ridiculisée, on l'avait rangée dans une case.
Mais, il y avait des gens qui croyaient en elle et qui l'avaient aidé à rayonner. Alors, elle avait montré à ses parents, elle leur avait prouvé durant une une pièce. Elle avait du talent. Elle était douée, née pour ça.
La scène, le piédestal que lui offrait les performances, ça l'épanouissait. Et ça se voyait, elle resplendissait. Elle était heureuse là haut, dansant au rythme des étoiles, au son des répliques animées. C'était une boule d'espoir.
Seulement, déplacée de pays et d'école, encore une fois, parce que ces parents avaient été mutés. Obligée de les suivre, elle se devait d'apprécier cette nouvelle opportunité qui allait lui ouvrir de nombreuses portes dans le futur.
Dans ce nouveau lycée, un garçon était rentré dans vie. C'était la première fois qu'elle ressentait quelque chose pour quelqu'un, qu'elle était fascinée par quelque chose d'autre que le théâtre. Mais, tout tourna assez rapidement au cauchemar. Populaire, il lui inventa une réputation parce qu'elle avait dit non, que tout allait trop vite.
Bien évidemment, tout le monde le croyait, et elle était traitée de tous les noms. Jours après jours, elle recevait des insultes, elle entendait des messes basses qui lui donnaient des frissons, qui brisaient un peu plus son âme naïve. Pourtant, elle leur répétait qu'elle n'avait rien fait, qu'elle était innocente. Personne ne l'écoutait.
On l'avait mise de côté, on s'était moqué, on avait joué avec son cœur, on l'avait abandonnée. Et, cette année là, elle ne s'était jamais sentie aussi seule dans sa vie.
Après cette période acharnée, elle avait finalement trouvé des personnes qui la croyaient, qui avait décidé de l'écouter. Seulement, son corps était devenu faible, malade.
Elle était paralysée par la maladie, les muscles tendus, le souffle coupé.
Et pendant des mois, fragile, aucun médecin ne trouvait ce qui n'allait pas avec elle. Scans après scans, rien. Tests après tests, rien. Elle était désespérée, sans nom au problème, pas de cure.
Prisonnière de son lit, sans forces, elle souffrait. Recroquevillée sur elle-même, entre les examens, les absences et la maladie qui dominait son corps, elle était submergée par l'obscurité.
Mais, elle n'avait jamais abandonné.
Un jour, dans un autre pays, un médecin avait trouvé le problème, la réponse. Et le traitement commença. Peu à peu, elle reprenait des forces, elle pouvait marcher, parler, être normale, vivre.
Elle avait surmonté, tellement.
Elle surmontait toujours la maladie, pas encore guérie et toujours terrifiée de perdre la vie.
Mais, grâce à tout ça, tous les problèmes, toutes les difficultés, toutes les situations où elle avait finit par pleurer jusqu'à s'endormir. Elle était devenue forte. Tellement forte.
La vie n'avait pas été facile, certes, mais quand est-ce qu'elle l'était?
Ces experiences l'avait rendue meilleure, elles lui avaient permis d'apprécier sa propre existence, elles l'avaient rendue confiante. Elle était toujours plus proche de la sortie, du soleil au bout du tunnel.
La jeune fille n'avait plus peur de montrer qu'elle brillait, elle n'était plus effrayée de plaire à tout le monde ou de cacher ses opinions.
Elle criait haut et fort tout ce qu'elle pensait.
Elle criait haut et fort qu'elle vivait.
La fille au milieu de la scène, celle qui était en dessous des lumières, qui jouait, qui riait, qui éblouissait. La fille aux cheveux châtains, aux fossettes creusées, au sourire éternel.
C'était une étincelle. Une magnifique étincelle.