Alea Jacta Est

Chapitre XXIX - Misérable petite conne

Le silence. Juste le silence.

Hermione ferma les yeux aussi fort qu'elle le put, quitte à s'en donner mal à la tête. Il fallait qu'elle ait mal entendu, il fallait que ce soit une hallucination.

Il ne pouvait pas avoir entendu, il était supposé dormir ! Pourtant, elle percevait parfaitement sa respiration qui s'accélérait de plus en plus à mesure que les secondes, puis les minutes, défilaient. Elle avait l'impression que le temps s'était arrêté.

Elle ne pouvait pas être idiote au point d'avoir laissé ces mots lui échapper. Mais si, elle l'était. Elle l'avait à peine murmuré mais la quiétude de la nuit avait porté ses mots jusqu'aux oreilles de Drago et maintenant, elle n'attendait plus qu'une chose : sa colère.

Et, cette fois, elle en avait peur. Elle savait que sa rage était en train de monter et qu'il n'allait pas tarder à exploser.

Aussi, elle se serra contre son torse le plus fort possible, essayant de retarder l'échéance, mais à peine eut-elle restreint l'espace déjà mince entre leurs deux corps qu'il la repoussa violemment. Elle manqua de tomber du lit et s'entoura du drap alors qu'il se levait et enfilait son boxer et sa chemise, qu'il garda ouverte.

- Dis-moi que j'ai mal entendu, cracha-t-il, plus glacial qu'elle ne l'avait jamais vu. Dis-moi que j'ai mal entendu ou je te jure que je te tue !

Hermione baissa les yeux, confuse. Elle ne l'avait jamais vu ainsi et elle avait peur de ce dont il était capable quand il était dans cet état.

C'était bien la première fois de sa vie qu'elle avait peur de Drago Malefoy...

Il s'approcha d'elle d'un pas vif et l'attrapa par les épaules, la forçant à le regarder.

- T-Tu as bien entendu, murmura-t-elle d'une voix tremblante, rassemblant tout le courage dont elle était capable.

Il se crispa davantage, les muscles de sa mâchoire se comprimant alors que ses yeux prenaient une teinte grise polaire qu'elle ne lui connaissait pas.

- Je pensais que c'était clair entre nous !

- Eh bien visiblement, ça ne l'est pas ! répondit-elle, haussant un peu la voix. Pensais-tu réellement que je pourrais me délecter d'une relation purement sexuelle ?

Aussitôt, son visage se ferma encore et il la saisit par les épaules pour la plaquer contre le mur, la soulevant du sol de quelques centimètres. Elle étouffa un gémissement de douleur.

- Tu ne peux pas être amoureuse de moi, gronda le blond, et elle fut certaine de ne l'avoir jamais vu si en colère.

- Pourquoi pas ? murmura-t-elle, les larmes au bord des yeux.

- Tu n'as aucune idée de qui je suis, continua-t-il sur le même ton, peu affecté par son chagrin. Tu ne peux pas aimer quelqu'un que tu ne connais pas.

Elle éclata d'un sanglot bruyant et il sembla se calmer. Il reprit une respiration normale et la reposa au sol, lâchant ses épaules.

Un profond silence s'insinua entre eux, tendu et témoin de leur malaise. Il n'en revenait pas. Comment pouvait-elle être stupide au point de l'aimer ?

Mais quelle idiote ! se répétait-il. Comment pouvait-on encore la définir comme la sorcière la plus intelligente de sa génération alors qu'elle était parvenue à tomber amoureuse de lui, le seul qu'il lui fallait éviter ?

Maintenant qu'il y réfléchissait, il savait qu'il y avait eu des signes qui auraient du l'interpeler. Il savait qu'il aurait du plus souvent chercher à lire au-delà du désir qu'il voyait parfois dans ses yeux. Il savait qu'il aurait du dire non à cette stupide relation physique dès le début.