Chapitre II - La chair de sa chair

3.7K 219 70
                                    

Astoria Greengrass était l'une de ces beautés froides dont on a l'impression que la peau est dure comme de la pierre. Son visage était toujours fermé dans une expression glaciale et ses cheveux impeccablement tirés en un chignon complexe parfaitement étudié. Ses yeux étaient bleus comme pouvait l'être une mer polaire. Sa peau de porcelaine était parfaite, sans la moindre difformité et cela ne faisait qu'ajouter à l'impression qu'elle n'était en réalité, qu'une poupée vide.

Belle, mais de cette beauté que seules possèdent celles dont le cœur ne l'est pas.

Elle n'était pas gentille, ni attentionnée et, évidemment, tout humour lui était inexistant et déclenchait chez elle un rictus méprisant qui faisait l'honneur des Sang Purs. Elle avait foi en sa famille, et en toutes les valeurs qu'on lui avait inculquées depuis toujours, si bien qu'à ses yeux, toute personne ne possédant pas la noblesse de son sang valait autant qu'un elfe de maison au temps de Voldemort. Elle ne souriait jamais, riait encore moins sauf lors de soirées mondaines où le faux-semblant était de rigueur.

Astoria Greengrass était loin d'être parfaite mais elle n'était pas stupide et il aurait fallu l'être pour ignorer que son époux la trompait. Elle le savait, et elle s'en accommodait. Après tout, ils ne s'aimaient pas vraiment. Du moins, l'amour qu'elle lui portait ne fonctionnait pas dans l'autre sens et elle en était consciente. Ils avaient été mariés de force, selon la tradition des Sang-Purs si bien qu'il avait vite trouvé de quoi combler le vide de leur union dépourvue d'amour : des maîtresses plus nombreuses que ne l'étaient les carats sur son alliance.

- Où étais-tu? gronda-t-elle, tout en maintenant un visage fermé.

Blaise et Pansy grimacèrent, sentant venir la suite. Elle n'était pas réellement effrayante, mais la situation n'avait plus rien de risible à leurs yeux. Ils savaient que leurs disputes étaient fréquentes, car Drago ne faisait rien pour les éviter.

- En quoi cela te concerne-t-il? demanda calmement le blond, pas le moins du monde impressionné.

Il connaissait tant de femmes semblables à elle, fière Sang-Pur, qu'il avait appris à les gérer depuis longtemps. Elle était trop prévisible pour qu'il fût surpris de sa réaction.

- Cela me concerne parce que je suis ta femme!

- Tu n'en as que le titre, répondit Drago d'une voix glaciale. J'ai bien le droit d'aller où je veux sans avoir à te rendre de comptes.

- Et tu as le droit de me tromper aussi? cracha-t-elle, mauvaise.

Pour toute réponse, il hocha la tête pour acquiescer et se tourna vers ses amis, les intimant à partir, ce qu'ils firent aussitôt. Ils lui sourirent brièvement et disparurent. Lorsque le pop caractéristique eut résonné à leurs oreilles, Astoria laissa finalement tomber le masque. Ses traits lisses étaient déformés par un mélange de tristesse et de colère mais Drago n'y fit même pas attention et fronça les sourcils.

- J'aimerais à l'avenir que tu ne m'humilies pas de la sorte devant mes amis.

- Et moi, j'aimerais que tu cesses de crier à qui veut l'entendre que tu me trompes avec toute l'Angleterre! s'énerva-t-elle.

- Toute l'Angleterre? Même pour moi, ce serait trop. Chérie, tu exagères, railla-t-il, en appuyant sur la marque d'affection, comme pour lui montrer qu'elle n'était pas, et ne serait jamais, réelle.

- Mais que veux-tu, bon sang? hurla-t-elle, ses yeux lançant des éclairs.

- Tu sais très bien ce que je veux : un divorce.

Son ton était glacial, sans appel et sa femme hoqueta de stupeur, alors qu'une larme coulait sur sa joue de porcelaine.

- Je ne t'aime pas et tu le sais, reprit-il. Cela ne nous sert à rien de rester ensemble car cela n'évoluera pas. Je ne t'aimerai jamais. Et je ne veux pas que mon fils grandisse dans les mêmes conditions que nous.

Alea Jacta Est Où les histoires vivent. Découvrez maintenant