Anxiété

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Je réfléchis trop.

Avant ça allait. C'était gérable, c'était agréable. C'était mon univers à moi, logé au creux de mon crâne, prêt à être visité si la réalité se faisait trop grise, la vie trop courte, ou l'air trop lourd.

Aujourd'hui, je manque d'oxygène.

Ma bulle de sécurité est devenue la prison mentale qui m'enclave au quotidien. Tout va mieux, mais mon coeur ne veut rien savoir. Il se serre, se cramponne du mieux qu'il peut. Il sait que les coups seront durs, mais pas par qui ils seront assénés. Malgré sa nocivité, il veut préserver l'univers logé dans mon crâne. La passion l'empêche de l'annihiler, alors il le protège. Il se serre.

Et quand il se serre, ma réalité suit le mouvement.

Les murs semblent se rapprocher, l'oxygène se densifier, le brouhaha sans nom et sans visage s'intensifier, les couleurs se brouiller, et mon coeur se serre encore, et mes poumons brûlent, et ma gorge se clos, mais ce n'est pas une si grande perte parce que parler est inutile sans écoute, et pourquoi est-ce que je respire si vite? Et pourquoi est-ce que tout le monde hurle? Ils me regardent? Non, ils en ont rien à foutre, tant mieux, je sens les larmes monter, je peux toujours partir sans qu'ils s'inquiètent. Ça devrait me déranger qu'ils passent outre, est-ce que ça m'affecte? Normal qu'ils s'en foutent, je parle pas, je dis rien, il faut que je participe mais et si j'en disais trop, ou pas assez, apparemment ça m'affecte mais pourquoi les blâmer alors que tout est ma faute ils n'ont rien fait de mal c'est moi et moi et encore moi je suis une si mauvaise personne pour avoir pensé ça d'eux et respire putain respire pleure pas c'est ni l'endroit ni le moment agis agis il faut que je sorte il faut que je sorte il faut que je-

a) "Je sors un moment."                                   "Je ne veux pas savoir ce qui arriverait si je restais."

b) "Je vais bien."                                                "Je ne sais pas quoi faire pour que ça s'arrête, mais je crois que ça va aller."

c) "Pardon."                                                        "Je sais que j'en fais trop et que je suis trop et je ne recherche pas d'attention ou de mensonges comme quoi c'est faux c'est ce que je crois en toute sincérité, c'est ce que je ressens, c'est ce que je vois dans mon miroir et dans mes paroles, c'est qui je suis, et c'est encore une fois le rôle que j'ai tenu dans cette conversation, et j'en suis profondément désolée."

d) "..."                                                                    "I feel lonely".

~Quand les mots s'envolent~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant