Un muffin au chocolat

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Je regarde ma montre une nouvelle fois, puis soupire de soulagement. Le cours se termine dans trois minutes.

Et c'est dans ces moments là qu'on se rend compte que c'est long, trois minutes. Lorsque Collins frappe dans ses mains et nous souhaite une bonne fin de journée, je me rue vers l'extérieur. Un sourire surpris se dessine sur mes lèvres. Alex m'attend, appuyé contre l'encadrement de la porte de l'amphi.

- Qu'est- ce que tu fais là ? je demande.

C'est vraiment étrange qu'il soit là. A moins qu'il n'attende quelquun d'autre. Je me retourne, mais il me fixe en souriant. Nous ne nous sommes pas quitté sur d'excellentes bases samedi matin...

- On reprend tout depuis le début. Salut, moi c'est Alex, dit ce dernier en me tendant la main pour que je la serre.

Je souris et la prend vivement.

- Enchantée, moi c'est Rose !
- Ca te dirait d'aller manger un morceau ?

Je hoche la tête.

***
Nous sommes dans le bar. Celui dans lequel Alex m'a emmenée la première fois pour boire un café. Nous restons là une bonne heure, à discuter de tout et de rien, et ça me semble presque bizarre que tout soit devenu si simple entre nous. On a couché ensemble qu'une seule fois, mais quand même.

- À quoi tu penses ? demande Alex avant de mordre dans un muffin au chocolat.
- Je ne sais pas trop, mentis-je. A ma famille, un peu. A mes amis qui me manquent et qui vivent leur petite vie en France, sans moi.
- Je ne sais pas vraiment comment t'aider, répond Alex, gêné. Je n'ai jamais vraiment connu ça. Je suis né ici, j'ai fais toute ma scolarité ici... Alors la plupart du temps, je n'ai jamais vraiment dû me faire de nouveaux amis.
- Je ne connais aucun de tes amis, soulignais-je.
- Je sais bien, et crois-moi, tu ne veux pas les rencontrer. Ils ne sont pas très... Accueillants, on va dire. Ils n'aiment pas trop les étrangers. Et la plupart d'entre eux font des études scientifiques ou de sociologie ou des conneries du genre. Je sais qu'ils ne te plairont pas.
- Comment peux-tu le savoir ? Je sais m'adapter aux gens, dis-je sans réfléchir.
- Je les connais bien, et je te connais bien aussi. Tu n'es pas comme ça. Pas comme eux. Ils sont très différents de toi.
- C'est-à-dire ?
- Je n'ai pas très envie d'en parler, murmure Alex.

Je hausse les sourcils.

- Tu sais Alex, j'ai vraiment beaucoup de mal à te comprendre en ce moment.
- C'est parce que je suis en train de changer.

Sur ces dernières paroles, il dépose 15 dollars sur la table, se lève et s'en va.

- Super... je murmure pour moi-même.

***

J'avais cette capacité qui était de m'engueuler avec les gens, continuellement. J'étais une fille assez insupportable, je le savais. C'est ce que m'avais dit Julien. Ses paroles résonnent encore dans ma tête, bien qu'elles n'aient été qu'écrites.
Je marche, seule dans les rues de Melbourne. C'est joli ici. Bien plus joli que l'endroit où je vivais avant. Je sors une cigarette du paquet qui ne me quitte jamais, l'allume, la consume silencieusement.

Rosie Où les histoires vivent. Découvrez maintenant