Rosie

Encore un peu d'alcool dans le sang

Le faisceau de lumière qui filtre à travers mes rideaux noirs et épais me réveille doucement. Je m'étire lentement. Le soleil est déjà haut dans le ciel, il doit être environ 11h. Je me penche vers ma table de nuit où se trouve mon portable. 28% de batterie, 12h28. C'est l'heure de manger, et ça tombe bien car je suis affamée. Je m'extirpe de mon lit. Je me déshabille, ne gardant sur moi que mes sous-vêtements.

- J'ai vraiment besoin d'une douche, je murmure en me dirigeant vers la salle de bain.

J'ouvre la porte, et je tombe nez à nez avec Alex, nu, en train de se laver les dents. Je reste sans voix pendant que nos regards se croisent dans le miroir. Lentement, je recouvre la parole, sors un "désolée", et m'enfui à toute jambe de la salle de bain, en prenant bien soin de fermer la porte derrière moi.

Je passe un long et large t-shirt noir, puis je vais dans la cuisine. J'ai faim de crêpes, alors je décide d'en faire. Une fois la pâte faite, j'allume ma chaîne Hi-fi et laisse Cage the Elephant envahir la pièce. Je sors une poêle d'un placard, étale un peu de beurre dessus afin que la crêpe ne colle pas.

26 crêpes plus tard, j'entends la porte de la salle de bain qui s'ouvre. Je continue mes crêpes comme si de rien n'était. Il est presque 13h. Je sors deux assiettes sur la table de la cuisine, du Nutella, du sucre, de la confiture de fraise et du caramel au beurre salé, mon pêché mignon, ramené de Bretagne. Pendant que j'attrape 4 petites cuillers, j'entends des pas se rapprocher et je prie pour que ce moment gênant ne se transforme pas en la plus grosse honte de ma vie.

- Salut, souffle Alex.

- Salut, je répète. Tu as bien dormi ?

Je me tourne vers lui. Il est seulement vêtit du jean de la veille.

- Ca peut aller, il répond en souriant.

- Où est ta chemise ? je demande mal à l'aise.

- Elle est pleine de bière et de... substances dont je ne préfère pas connaître l'origine, il répond, maladroit.

- Oh je vois.

Nos regards se croisent et je prie intérieurement pour qu'il ne parle pas de l'épisode de la salle de bain. La bonne odeur des crêpes m'aide à briser le silence:

- Je viens de faire des crêpes, je m'exclame d'un ton qui se veut léger.

- Oh super ! Je meurs de faim !

Je le regarde se ruer vers une chaise et tartiner sa première crêpe de Nutella. Un choix très étonnant ! Notez l'ironie. Je souris en levant les yeux au ciel. Je le regarde. Il fixe sa crêpe comme si il s'agissait d'un coca dans le désert. Puis il me regarde intensément. C'est à ce moment précis que je me rends compte à quel point il est séduisant. Son jean lui tombe sur les hanches, ses muscles roulent sous sa peau, ses lèvres sont entrouvertes. Il me lance un regard que je ne lui connais pas, puis me fait frôler la crise cardiaque lorsque sa langue vient lécher, d'une manière que je qualifierais d'indécente, le Nutella qui coule de la crêpe, menaçant de salir la table. J'inspire brusquement tandis qu'il me demande:

- Tu ne viens pas manger ?

- Euh si, bien sûr, je réponds mal à l'aise qu'il ai pu me surprendre en train de le mater.

Je m'assois, prend une crêpe, mets du Nutella dessus puis mords dedans. Je m'arrange pour ne pas croiser son regard insistant. J'ai toujours été du genre à apprécier la gente masculine, mais Alex... On est amis. Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? Soudain je repense aux évènements de la veille. Louis et ses potes, la manière dont ils m'ont tout de suite adoptée. Je me souviens aussi du comportement d'Alex avec toutes ces filles...

- Est-ce qu'on va faire comme s'il ne s'était rien passé ? demande mon ami brutalement.

- De quoi est-ce que tu parles ? je demande, pas trop sûre de comprendre où il veut en venir.

- Je parle de notre rencontre dans la salle de bain, précise-t-il d'un ton étrange.

- Oh.

Je ne sais vraiment pas quoi répondre alors je me lève pour attraper deux verres et le jus de mangue qui se trouve dans le réfrigérateur, afin de ne pas faire face à Alex. Je sens déjà mes joues virer au rouge. Je pose les verres sur le plan de travail afin de nous servir quand soudain je sens une présence derrière moi. Je me retourne lentement. Les yeux d'Alex sont plantés dans les miens, dans l'attente de quelque chose mais je ne saurais dire quoi. Les lèvres entrouvertes, le souffle court, le regard brûlant, je m'approche de lui doucement. Sans prévenir, il m'attrape par les hanches, me décollant du sol, me posant sur le plan de travail, faisant tomber au sol la bouteille de jus de mangue (fermée, heureusement). Lorsque ses lèvres entrent en contact avec les miennes, une explosion que je n'avais jamais ressentie avant me secoue de tout mon être. Sa langue force le passage, mes lèvres s'offrent à lui sans que je puisse rien contrôler. Je pose mes mains sur ses épaules, son torse pendant que les siennes soulèvent délicatement mon tee-shirt par le bas. Je sens ses doigts courir sur ma peau alors que notre baiser se fait de plus en plus profond. La tête en arrière et les yeux fermés, je visualise un voyant rouge qui clignote dans le fond de mon crâne. J'ouvre mes yeux brusquement et le repousse lentement, le souffle court.

- Excuse-moi, je murmure presque contre ses lèvres.

Il s'écarte lentement. Il ne semble rien comprendre. Moi non plus je ne comprends rien.

- Aucun souci. C'est de ma faute, je crois que j'ai encore un peu d'alcool dans le sang.

Je n'ai même pas le temps de compter le nombre d'heure qui se sont écoulées depuis son dernier verre qu'il part déjà, en direction de la salle de bain. La tête soudain lourde, je m'avachie sur le canapé.

Mais qu'est-ce que c'était que ce bordel ?