La Guerre des Clans - Neige d'Ivoire [Tome 1] *EN PAUSE*

PROLOGUE

Sous la lueur du crépuscule, la cime de chaque arbre s'agitait doucement, comme bercée par la douce brise, à un rythme harmonieux. Leurs feuilles, trop fragiles, tentaient vainement de s'agripper aux branches auxquelles elles étaient accrochées.
Elles n'eurent d'autres choix que d'abandonner, se laissant tomber au gré du vent en tourbillonnant majestueusement, et finirent leurs chutes en se laissant choir sur un tas de leurs congénères les plus faibles, baignant dans une eau fraîchement tombée.

La saison des feuilles mortes arrivait. Le soleil, les proies abondantes, les jours qui s'allongeaient au fil du temps ... Sont finalement remplacés par la grisaille du mauvais temps et le manque cruel de nourriture, au plus grand désarroi des animaux sauvages.
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Un hurlement de douleur déchira le tempérament calme de la forêt, même quelques volatiles en furent effrayés et s'envolèrent bruyamment en masse vers d'autres horizons.

Le gémissement sonore se répéta, en decrescendo, puis de plus belle.
Dans la pouponnière, un endroit chaud où régnait une délicieuse odeur lactée, la chatte à l'origine de ces cris haletait, secouée de spasmes douloureux.

- Il lui faut de l'eau, et vite ! cria un félin près de la reine, sans nulle doute le guérisseur, Ciel de Coton. Nuage de Comète !

La jeune apprentie noire aux pattes incolores accourut. A peine eut-elle déboulé dans la pouponnière, qu'elle en ressortit aussitôt, en direction du ruisseau regorgeant d'ondes fraîches.

Elle revint rapidement, en compagnie d'une boule de mousse dans la gueule. L'eau trempait son pelage foncé, mais elle se contenta d'incliner la mousse en direction du guérisseur, pour affirmer que sa mission était accomplie.

- Merchi, Nuache de Comèque, réussi t'il à articuler avant de poser la mousse dans un coin propre.

L'apprentie hocha d'un signe de tête et sortit de la pouponnière, la queue haute et fière d'avoir satisfait son mentor.

- Tiens, Pétale de Rose, bois un peu, je t'assure que tu te sentiras beaucoup mieux, miaula doucement le guérisseur, en reprenant une seconde fois la boule dans sa gueule.

Il la tendit à la reine, qui lapa l'eau sans aucune protestation. Une fois cela fait, un faible gémissement s'échappa de sa gorge; elle sentait qu'un chaton allait faire son apparition d'un moment à l'autre. Les yeux de la chatte se révulsèrent sous la douleur et son ventre se raidit d'un coup, sous l'effet des violentes contractions.

- Tu peux le faire, Pétale de Rose, murmura Ciel de Coton.

La reine dût recommencer son calvaire, et, après un énième spasme douloureux, poussa de toutes ses forces, avant de se laisser tomber sur la mousse, haletante et tremblante.

Un minuscule paquet humide glissa lentement sur le nid de mousse, laissant la reine à la fois accablée de fatigue et la plus heureuse des mères.

- Et de un ! s'exclama jovialement Ciel de Coton. Et c'est un mâle !

Le guérisseur déchira délicatement la poche avec ses crocs, renfermant le chaton encore humide.
Il se baissa et commença à le lécher frénétiquement, pour le réchauffer.

La reine fut à nouveau secouée de convulsions, mais elle s'y préparait.
A nouveau, elle entreprit de pousser de toutes ses forces, comme si sa vie en dépendait.
Encore une fois, une poche mouillée vint faire place sur le nid de la reine.