V comme Vampire

Janvier (2)

J'ouvre la porte à mon meilleur ami, le sourire aux lèvres. Il se tient devant, pile à l'heure, avec un énorme carton dans les bras.

_ Qu'est-ce que c'est que ça ? je lui demande.

_ Salut, moi aussi je suis content de te voir.

_ Oui, bien sûr, entre.

Je le fais entrer, riant doucement, et il fait un tour sur lui-même.

_ C'est original comme maison. C'est votre planque officielle ?

_ Euh... Je t'expliquerai.

Parce que pour SeokJin, je suis juste sous surveillance policière. Pas de nouvelle famille, pas de mort puis de renaissance vampirique. Juste un gars qui a pas eu de chance et dont les parents ont certainement été assassinés. Alors que pas du tout.

_ Viens, on monte.

Vaut mieux s'éclipser avant qu'un de mes parents ne revienne de la boutique ou du cimetière. Je le conduis à l'étage puis dans ma chambre.

_ T'es bien installé, commente-t-il. Depuis quand tu vis ici ?

_ Depuis cinq ans.

_ Oh ? s'étonne-t-il.

_ Ouais, c'est un peu compliqué. Alors, ce carton, c'est quoi ?

_ Bon anniversaire en retard, me sourit-il.

Mon cadeau ? Genre ce vieux carton est mon cadeau ? Un peu déçu, je l'ouvre délicatement, peu pressé de voir ce que SeokJin a bien trouvé à m'offrir. Même s'il m'a toujours offert des trucs géniaux.

_ Y a rien qui va te sauter au visage, ouvre-le.

Grimaçant, je finis par soulever le dernier pan de la boîte et découvre un t-shirt plié cachant le reste. Je lance un regard suspicieux à mon ami qui se contente de lever les yeux au ciel.

_ Ça ne te dit rien ?

Je secoue la tête avant de prendre le bout de tissu dans mes mains. Et dommage pour moi, un autre est en dessous. Je les déplie et peut-être que j'avais des trucs ressemblants dans ma vie d'humain. Suit ensuite un sweat à capuche que je suis sûr d'avoir possédé un jour et encore en dessous une pile de DVDs, de livres, de cahiers, de jeux vidéos et d'affaires qui m'appartenaient et que j'ai laissé à ma mort. Il y a même mon ancien téléphone et ma console de jeux. Et de revoir tout ça me touche énormément. Je pensais ne jamais les revoir.

_ Jin... Comment as-tu réussi à avoir tout ça ?

_ Tes grands-parents m'ont dit que je pouvais prendre tout ce que je voulais alors c'est ce que j'ai fait. J'ai pris tout ce à quoi tu étais le plus attaché et je les ai gardés.

_ Qu'est-ce que tu allais en faire ?

_ Rien du tout. Juste les garder, pour me dire que tu avais un jour existé et que...

Il prend une grande inspiration avant de soupirer.  

_ Je n'ai jamais réussi à me dire que tu étais mort. J'ai eu énormément de mal à me convaincre que tu avais disparu aussi facilement. Le jour où j'ai appris ta mort, mes parents m'ont annoncé qu'ils allaient divorcer et... Je sais pas pourquoi mais ils ont tenu à rester ensemble le temps que je me remette. Je les ai forcés à cohabiter pendant deux, trois ans parce que j'allais mal et je m'en veux pour eux. Surtout que maintenant, tu es devant moi et je suis certain que tu n'es pas un fantôme ou une hallucination. Je ne suis pas en train de rêver, pas vrai ?

_ Non SeokJin.

Je souris et viens l'enlacer. Je ne pensais pas que cette période aurait pu être aussi affreuse pour lui. Voir ses parents divorcer, ça ne doit pas être facile et un ami se doit d'être là pour l'épauler. Mais je n'étais pas là. Je ne sais pas où j'étais mais je n'étais pas à ses côtés. Contre moi, je sens ses épaules se secouer alors je lui tapote le dos doucement, essayant de le réconforter et d'éviter qu'il ne pleure.

_ Tu ne partiras plus, pas vrai ?

_ Bien sûr que non Jin. J'attendrai que tu partes pour partir.

Parce que de toute façon, je ne peux plus mourir avant lui maintenant. J'aimerai tellement lui dire la vérité. C'est tellement facile de dire un « Au fait, je suis mort mais ça va, t'en fais pas ».