Février (2)

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La fin du mois de février va bientôt arriver, tout comme les examens. Ça me stresse un peu. Pas parce que passer un examen est toujours angoissant – on a toujours peur de rater et franchement, redoubler sa dernière année de lycée est loin d'être génial – mais parce que la dernière fois que j'étais dans cette situation, je suis mort. Bon, okay, je ne peux pas mourir à nouveau. Pas de la même façon en tout cas. Mais le problème reste le même : les examens arrivent et c'est la merde.

SeokJin est venu aujourd'hui et il a passé la journée à me poser des questions sur mes cours, à me dire sur quoi je devais faire attention et me donner des conseils sur ce que je devais réviser le plus. Et ça m'a rappelé de vieux souvenirs. On s'interrogeait toujours sur toutes les matières avant et c'était vraiment amusant. Aujourd'hui, il a plus joué au prof mais c'était tout aussi bien parce que c'était lui, le prof. Si ça avait été YoonGi hyung, je n'aurais pas autant ri, ça c'est certain.

Mon meilleur ami reparti, c'est au tour de JungKook d'arriver. Et même si on devrait se mettre à réviser ensemble, tout le monde sait qu'on va faire autre chose. Juste après qu'il ait sonné, je m'empresse de lui ouvrir la porte. Mon sourire s'agrandit en le voyant alors que le sien est amusé.

_ Pourquoi tu attends toujours que je sonne pour m'ouvrir si tu te tiens toujours derrière la porte ?

_ Je ne vois pas de quoi tu parles.

Je le fais entrer et attends qu'il enlève sa veste pour la lui prendre.

_ Tu as déjà mangé ? Je demande.

_ Oui. J'espère que tu ne m'attendais pas pour pouvoir...

_ Non, je le coupe. Ne t'inquiète pas, j'ai mangé avec SeokJin.

C'est toujours pratique de se trouver avec quelqu'un d'autre. « Je mangerai avec machin », « j'ai déjà mangé avec untel ». Je redoute toujours le moment où JungKook ou SeokJin diront qu'ils ont faim ou soif et qu'ils ne me voient pas les imiter, me posent la fameuse question « Tu ne veux rien toi ? ».

_ Quel film as-tu prévu aujourd'hui ?

Montant les escaliers pour arriver dans ma chambre, je me lance dans un court résumé du film que j'ai choisi de lui faire découvrir ce soir. Et comme d'habitude, je finis par un « Tu verras, il est super cool » pour le convaincre.

On s'installe, je mets le film en route et tout va bien. Il a l'air attentif, le film a l'air de lui plaire, il rit et, en prime, il n'y a personne pour nous déranger. Et quand je repense au film, c'est l'histoire d'un ado qui déménage et il lui arrive plein de trucs nuls après, ça me fait penser à la personne qui se trouve dans mes bras. Quand je suis rentré dans ce nouveau lycée au printemps, JungKook n'était pas encore là. Il est arrivé en septembre et je ne lui ai jamais demandé pourquoi.

_ Pourquoi es-tu venu habiter ici ?

_ Mon père voulait se rapprocher de son frère. Je t'ai déjà dit qu'ils pensaient à des légendes incroyables et complètement improbables ?

_ Oui.

_ Mon oncle est persuadé qu'il y a un clan de loups-garous qui habitent près d'ici. Ils se sont mis dans la tête de les trouver et de tous les tuer.

_ Et toi, tu y crois à tout ça ?

_ Non. Pas vraiment en tout cas. Même s'il y a certaines choses bizarres... En fait, ce sont plutôt eux qui me font peur. Et mon père m'oblige tout le temps à boire ce machin dégueulasse et il s'énerve toujours parce que je le vomis.

_ Est-ce qu'il t'oblige à autre chose ?

Il hoche la tête, l'air soudain absent. Et je me traite mentalement d'idiot pour avoir posé cette question en le rappelant la première fois où il m'a appelé à l'aide.

_ Tu n'as tué personne JungKook, okay ?

_ Je sais. Vous me l'avez dit ton frère et toi mais...

Il laisse sa phrase en suspens, comme s'il n'arrivait pas à dire ce qui lui faisait peur.

_ Est-ce que tu as ''tué'' quelqu'un d'autre ?

_ Non mais je sais que mon père va m'obliger à le refaire. Et j'en ai vraiment pas envie. Puis, mon oncle et lui me forcent toujours à aller faire des parties de chasse inutiles dans les forêts en pleine nuit... C'est fatiguant.

_ Hm, je comprends. Désolé de ne pouvoir rien faire.

Au fond, je me sens coupable alors que je n'y suis pour rien. Je me sens juste impuissant et donc complètement inutile. Et soudain, il rit.

_ C'est étrange parce que la moitié du temps où on part en chasse, tu es dans les parages.

_ C'est pas fait exprès, je souris.

La gêne me prend en premier avant de me rendre compte que sa famille de chasseurs est vraiment dangereuse. Comment font-ils pour nous suivre à la trace ? Parce que pour l'instant, ils ne nous ont pas encore trouvés, ni les loups ni nous, mais ça va forcément finir par arriver, pas vrai ?

_ Je suis content de pouvoir venir chez toi. C'est mieux d'être au chaud et confortablement installé devant un film avec toi que dehors avec eux à chercher quelque chose qui n'existe pas.

Je ne peux m'empêcher de sourire. Pas de sa naïveté, seulement parce qu'il m'a avoué être content d'être chez moi, avec moi. Il tourne la tête vers la mienne et nos regards se rencontrent. Il change de position, mettant nos torses face à face et ses mains frôlent mes bras en montant doucement vers mes épaules. Ça me procure un frisson délicieux. Nos yeux ne se lâchent pas et nos visages se rapprochent. On sait tous les deux ce qu'il se passe, ce qu'il va se passer. C'est inévitable et ça me donne envie de crier de joie, d'empressement.

_ TaeHyung.

_ JungKook.

Nos prénoms murmurés, nos souffles qui viennent s'écraser contre celui de l'autre et finalement, nos lèvres qui se rejoignent.

C'est doux, passionné, puissant, tendre. Et ce n'est pourtant qu'un baiser. Un simple baiser échangé entre deux êtres qui s'aiment. Un petit bisou d'adolescents, innocent et qui pourtant signifie tout. Un « Je t'aime », un « Ne nous séparons jamais », presque un « Je ne peux pas vivre sans toi ». C'est long et bref à la fois.

Lorsque nos lèvres se séparent, nos yeux se rencontrent à nouveau, immédiatement. Toujours collés l'un à l'autre, jamais séparés. Et je me sens bien, incroyablement bien. Je veux que ce moment dure éternellement. Je veux pouvoir arrêter le temps, dire que rien n'a d'importance à part lui, nous.

Mais c'est trop tôt pour ouvrir la bouche et sortir la vérité. Je ne veux pas l'effrayer. Alors je souris, avec chacun des muscles de mon visage, heureux. Et il m'imite avant de coller son visage dans mon cou. Mes mains sur ses hanches se baladent sur son dos et le rapprochent encore plus de moi.

_ Je t'aime.

Un souffle mais tout est dit.

_ Moi aussi.

Mon sourire s'agrandit, comme si c'était encore possible. Et pourtant, au fond de moi, je me sens triste. Mon cœur ne bat pas au rythme du galop comme le sien. Et il ne le fera jamais. 

V comme VampireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant