Chapitre 5

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On est en plein milieu du petit parc et les gens nous regardent. Il est en train d'arriver et je me mets à courir. Pour ne pas qu'il m'attrape, je tourne en rond dans le parc en utilisant les gens comme obstacles.

-Viens là ! 

Il n'a pas peur du regard des autres non plus : il tournoie autour du banc à ma poursuite, comme une chorégraphie qu'on aurait répété.

-Arrête de jouer !

Mais ça n'est pas qu'un jeu. Oui, je joue, je le fais rager mais je le déteste aussi avec sa morale. J'ai fais des efforts mais là mon cœur commence à battre, trop vite, trop fort. Je recule parmi les arbres, qui sont plutôt des arbustes. Entourés de grillage noir.

-Tu me mettras pas en cage comme eux ! crié-je.

-Les barrières sont là pour les protéger !

-Bordel, j'en veux pas de ta protection !

Il court d'un coup. Je vois les regards des touristes et des flâneurs qui nous suivent, notre course-poursuite leur importe, maintenant. Je détale, il n'est pas plus rapide que moi et on se retrouve dans un endroit un peu plus isolé, plus sombre avec juste une vieille qui fait pisser son chien.

Il tend la main vers moi.

-Allez, arrête de faire le gosse..

Je rejette la tête en arrière pour éclater de rire. Je suis derrière un banc et on tourne autour, moi pour lui échapper et lui pour me choper. Il croit avoir trouvé le bon argument.

-T'es un gamin là, arrête de faire l'enfant susceptible et on...

-Gamin ?

Ma voix est plus grave que d'habitude et il arrête de tourner pour me dévisager.

Je ris. Mon sang afflue sous mes tempes, et je sens mon cœur battre dans mes paupières.

-Mais je suis un gamin, You ! J'en suis un !

Il me regarde. Je pense que je lui fais un peu peur. Tant pis. Il a voulu savoir, ce débile ?

-J'ai 17 ans.

Il écarquille les yeux.

-Quoi ??

Je profite de sa surprise pour le contourner et je cours au milieu du parc. Les promeneurs et les squatteurs de banc me regardent, il y en a un qui me désigne à son pote. Je m'arrête, déstabilisé. S'il ne me suit plus, je ne sais pas ce que je vais faire...

Et puis il arrive, il a l'air un peu déboussolé. Il est canon, quand même. J'ai oublié que je voulais le tuer il y a 10minutes et je m'approche, en espérant qu'il ne me rejette pas.

-Putain, dit-il.

Je lui fais un petit sourire que j'espère charmant et j'arrange mes cheveux, je crois qu'il aime bien quand ils retombent sur le côté rasé.

Il m'attrape par la nuque et me serre contre lui. Les gens sourient et 3 ou 4 applaudissent, c'est vrai qu'un câlin, ça passe mieux qu'un bisou au milieu d'un parc plein de monde. Du coup je l'embrasse. Bien obligé. J'entends plusieurs sifflements, certains positifs et d'autres moins. Tant pis.

On s'en va tranquillement, sa main sur ma taille.

Je sais qu'on va parler, qu'il réfléchit sûrement à ce qu'il va me dire. Tant mieux, comme ça je n'ai rien à préparer, alors je pense aux oiseaux, au ciel, à Dieu et peut-être aux anges et je me demande s'ils fantasment sur moi.

Gentlemen (BxB) -En pauseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant