Prologue

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S'il suffisait de parler, je le ferais. S'il suffisait de vous appeler, je le ferais. Pouvez-vous m'entendre ? Pouvez-vous me comprendre ?

Je ne le crois pas. Tout est silencieux, ici bas.

 Tout est silencieux, ici bas

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Octobre 1970.

La pluie tombait du ciel et les cigales ne faisaient plus un bruit.

Leighton, qui tentait de voir à travers le torrent d'eau, n'était plus sûr de savoir où il se trouvait. S'il avait su que la nuit tomberait si vite, il ne se serait pas laissé distraire par le jongleur qui était venu animer la place du marché. Les larmes qui coulaient sur ses joues étaient confondues avec les gouttes d'eau qui s'abattaient sur sa peau à la manière de mille aiguilles. Au fur et à mesure qu'il avançait à l'aveugle dans cette forêt de noirceur, il sentait une force enserrer son cœur.

Il avait peur.

Pourtant, la journée avait bien commencé. Il avait passé la matinée à jouer avec le chien des voisins, dégusté un déjeuner succulent, et passé des heures sur la balançoire du jardin. Quand sa maman l'envoya faire quelques courses au marché, c'est d'un pas guilleret qu'il y était allé. Le soleil brillait, et presque toutes les femmes qu'il croisait lui pinçaient les joues en s'extasiant de sa petite frimousse.

Et à présent, tout virait au cauchemar.

Comment retrouver son chemin dans un monde si indistinct ? La terre en dessous de ses pieds était glissante, les arbres autour de lui le heurtaient. Hormis le sifflement du vent à ses oreilles, il n'y avait que la pluie et le grondement du tonnerre qui chantaient. Les nuages gris au dessus de sa tête, lourds, tempétueux, empêchaient la lumière des astres de le guider. De temps en temps, un éclair venait zébrer le ciel et illuminer pendant une seconde le labyrinthe dans lequel il s'était égaré. Mais le rideau d'eau et de brouillard face à lui ne cessait de l'aveugler.

Leighton s'arrêta de marcher, désespéré. Il sanglotait tellement fort maintenant. Il se mit à appeler à l'aide, sachant pertinemment que ses parents ne pourraient jamais l'entendre avec le vacarme de l'orage. Sa voix d'enfant portait à peine. Personne ne le trouverait, personne ne viendrait le sauver.

Leighton serra son imperméable autour de lui, même si la manœuvre ne servait pas à grand-chose. Il avait toujours aussi froid, et le fait qu'il soit trempé de la tête aux pieds n'aidait vraiment pas. Ne sachant que faire, il se résolut à laisser tomber. Tant pis si le froid lui mordait la peau jusqu'à l'os. Tant pis s'il se faisait griller sur place par des éclairs.

Retrouverait-il sa maison une fois l'orage passé ? Il se ferait sans doute gronder ; premièrement car, dans sa course, il avait perdu tous les sacs d'achats pour lesquels il était allé au marché, ensuite car il n'était pas rentré à temps et sali tous ses vêtements.

Rentrer et être puni est bien mieux que de rester ici.

Souhaitant se mettre un tant soit peu à l'abri du torrent, Leighton avança de quelque pas. Les yeux plissés, bras en avant, il marcha un instant. Mais, sans qu'il y prenne garde, ses pieds s'empêtrèrent dans quelque chose et la boue le fit glisser. Leighton poussa un cri. Il dégringola le long d'une pente, roula sur le sol pendant ce qui paraissait être une éternité. Sa chute en arriva à sa fin assez violemment, et Leighton, face contre terre, fut persuadé d'être d'ores et déjà recouvert de bleus.

C'est là qu'il entendit quelque chose.

Des mots. Y avait-il quelqu'un dans le coin ? Ou... peut-être pas. Ce n'étaient pas des mots qu'il entendait. Pas tout-à-fait. Leighton ignora sa douleur, et tendit l'oreille pour discerner ce que c'était. Etrangement, et malgré le battement de la pluie toujours présent, il pouvait entendre le bruit distinctement, comme s'il venait de sa tête. Des murmures. Non... Non, ce n'était pas ça. Ce qu'il entendait, ce qu'il en ressentait était bien plus subtil que ça.

Trainant ses jambes douloureuses, Leighton se rapprocha de ce qui semblait être un enchevêtrement de racines. Il ne pouvait se référer qu'à son toucher, ses yeux incapables de voir dans l'obscurité ambiante. Et comme Alice, il se mit à tomber. Sauf que ce n'était pas un lapin blanc qu'il avait poursuivi, mais un appel d'un autre genre.

La confusion emplit sa tête tandis que Leighton tombait, tombait, tombait... Quand il heurta de nouveau le sol, il sentit la douleur se réverbérer à travers tout son corps. Il ne pouvait pas bouger, cela lui faisait trop mal. Il réussit toutefois à entrouvrir les yeux, mais il ne comprit pas ce qu'il vit.

Et le brouillard, effectuant une danse autour de lui, l'engloutit.

Et le brouillard, effectuant une danse autour de lui, l'engloutit

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Quand Ils PleurentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant