Quand les étoiles partent

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Elle était seule.

La nuit était là, mais il n'était plus hier. Il était aujourd'hui, il était juste tôt. Ses poumons étaient capricieux, le dernier verre qu'elle avait avalé, c'était de la boue. Et maintenant, sa respiration était prise au piège d'un marais immonde.

Elle bascula sur le flanc et vomit.

Trois heures. C'était la durée d'action d'une dose.

Il lui manquait. Il était mort. Trois ans auparavant. Et c'était sa faute.

Elle se redressa, les étoiles disparurent en voyant la lune révéler les stigmates de son visage démaquillé. Ce n'était pas des coups, ni des larmes. C'était l'abandon, l'exécrable désespoir dans lequel elle avait choisi de moisir depuis trois ans. C'était cette horreur là, cette horreur implicite, cachée entre les rides de fatigues et les pores, c'était cette horreur qui faisait fuir les étoiles et qui laissait l'obscurité régner.

Il lui manquait. Elle ne savait pas conduire. Elle n'avait pas son permis.

Quand elle ferma les yeux, elle se sentit ballotée par les flots. Elle avait quitté le rivage, l'océan l'avait attrapée. Elle flottait sur le dos, les algues chatouillaient ses pieds et les abysses maritimes paraissaient bien loin. Elle souriait. Les coquillages se cachaient dans sa chevelure, elle souriait. Les étoiles laissèrent place à mille lunes. Et puis elle se rappela son visage.

Il lui manquait.

Et elle se noya.

Gris-nuagesWhere stories live. Discover now