Un triste choix

Chapitre 9

Louis enrageait. C'était la première fois depuis longtemps que quelqu'un l'humiliait à ce point. Comme l'enfant capricieux qu'il était, il détestait qu'on lui refuse quelque chose qu'il désirait. Et il désirait énormément la jeune fille qui lui avait opposé un refus assez violent. Sans en être réellement conscient, ses pas le menèrent jusqu'à la cour où il rejoignit assez vite un groupe de mecs dont il était le chef autoproclamé. Mais rapidement il s'ennuya et voulut déverser sa colère sur une personne au hasard. Comme toujours, les Hommes préfèrent déverser leur haine et leur colère sur plus faible qu'eux et Louis ne dérogeait pas à cette règle. Balayant la cour du regard, il remarqua une silhouette qu'il ne connaissait que trop bien.

Maxime marchait seul dans la cour, un fin sourire aux lèvres. Il venait de passer une excellente matinée à rire comme un débile avec Jordan et Valentin. Il avançait jusqu'à un coin de la cour qui était son point de rendez vous avec son meilleur ami quand une voix l'interpella.

- Hey sale pédale !

Ces mots crachés comme l'insulte qu'ils étaient, figèrent le jeune homme en plein milieu de la cour. Ces mots le ramenaient en arrière, à une autre époque, en effaçant par la même occasion le fin sourire de ses lèvres. Depuis un certain temps, tout le monde ignorait son attirance pour les hommes à part Cyril... et Louis qui était dans le même collège que lui à l'époque... Mobilisant toute ses forces et toute sa volonté, il releva sa tête et fit un pas, un seul avant que la voix ne retentisse à nouveau.

-Vas y, viens nous voir, petit PD!

Celui ainsi interpellé avait peur, ce genre de peur viscérale qui prive de toute réaction logique, qui pétrifie et qui donne l'impression de mourir. Il voulait s'enfuir, rejoindre la sécurité de son groupe d'amis mais ses jambes ne lui répondaient plus et son corps entier semblait être fait de plomb. De plus, la main de Louis sur son épaule le bloquait et n'annonçait rien de bon. Cette même main le retourna violemment afin que les deux jeunes hommes se fassent face.

-Quand je te parle tu me réponds, ok?

Max resta silencieux mais réussit à sortir de l'espèce de transe dans laquelle il était plongé. Agrippant la lanière de son sac à deux mains, il avança droit devant lui en donnant un léger coup d'épaule au garçon devant lui. Il n'avait pas fait trois pas que Louis s'était replacé devant lui, porteur d'une sourde menace. Un de ses gorilles au Q.I déficient le poussa dans le dos. Une douleur lui vrilla l'épaule quand celle ci rencontra le béton du sol de la cour.

- Tu te crois fort la pédale ! Je vais t'apprendre les bonnes manières moi !

Louis jubilait devant sa victime au sol, alors qu'un sentiment de puissance lui gonflait le cœur.

Les premiers coups se mirent assez rapidement à pleuvoir sur le jeune homme à terre et il ne put que se replier sur lui même dans un vain espoir de n'offrir à ceux debout que les parties les moins sensibles de son anatomie. Cette réaction provoqua des rires malsains de la part de Louis et des gros bras lui servant d'amis. Pourtant au travers de ses mains ramenées au niveau de son visage, Maxime pouvait voir ceux passant à coté du groupe sans faire un seul mouvement pour l'aider, il pouvait également voir ceux lui jetant un regard empli de culpabilité et de compassion en accélérant le pas. Il n'entendait plus les insultes pourtant toujours hurlées et tout son corps n'était plus que souffrance. Soudain les coups s'arrêtèrent, il releva alors la tête. Il sentit que quelqu'un lui saisissait le col de son t-shirt et le soulevait sans grande difficulté. Se retrouvant face à son ancien camarade de classe, il ressentit une douleur foudroyante au niveau de la mâchoire. Après quelques instants d'incompréhension, il se rendit compte qu'il s'était pris un coup de poing et ne mit pas longtemps à reconnaître le goût métallique envahissant sa bouche, du sang.

A l'autre bout de la cour, quatre personnes discutaient tranquillement de pas grand chose d'intéressant. Jordan fit une très mauvaise blague sur les roux et leur absence d'âme provoquant un sourire chez les jumeaux et un air faussement indigné du seul roux présent.

-Hey, c'est pas ma faute si les roux n'ont pas d'âme et sont des créatures de Satan !

-Tu vas te retrouver avec la main de la créature de Satan dans la gueule si tu continues...

Jordan ne put s'empêcher de pouffer de rire devant l'air faussement sérieux de Cyril qui commençait à être légèrement agacé par le sourire moqueur des deux jumeaux assis sur un petit muret. Lorsque Cyril fit mine de taper Jordan, Val détourna le regard afin de ne pas être témoin de toute cette violence pervertissant son âme si pure. C'est à ce moment qu'il remarqua l'attroupement qui s'était formé autour de Louis et ses amis. Il tapa l'épaule de Cyril qui arrêta de frapper le musicien et lui désigna le groupe formé de l'autre côté de la cour.

Ce fut Jordan qui se mit à bouger en premier, rapidement suivi des autres. Lorsqu'un des agresseurs releva celui à terre aussi inerte qu'une poupée de chiffon il surent l'identité de la victime.

Arrivé près de l'affrontement, Cyril donna un coup à la personne maintenant Maxime en y mettant toute sa force et sa colère. Max s'écroula au sol, ses jambes étant trop faibles pour le maintenir debout. Le voyant tomber Ash s'agenouilla à coté de lui pendant que Jordan et Valentin s'interposaient entre eux et leurs agresseurs qui semblait très fier de leur geste alors que dans la foule des "sale PD" et des "défoncez les" se faisaient entendre. Dans le regard de Val brillait de la haine à l'état pur qui semblait avoir gelé toute l'assemblée attendant le combat. Il ne pouvait supporter la méchanceté surtout lorsqu'elle était gratuite et se teintait de bêtise et de lâcheté Son apparence faussement calme était trahie par les muscles de son visage, tendus a l'excès. Une simple étincelle pouvait provoquer l'explosion, toute la scène était recouverte d'un silence pesant. Soudain la foule composée de badauds curieux s'éparpilla.

-Qu'est ce qui se passe ici?

Le principal, homme impressionnant malgré sa cinquantaine d'année, venait d'arriver. Il avait été prévenu de ce qui se passait par Thomas et Damien, deux élèves de seconde. Il regarda les belligérants et remarqua Maxime, assis au sol et uniquement maintenu par une jeune fille à genou.

-Très bien, vous allez m'expliquer tout cela dans mon bureau.

Voyant que personne ne bougeait, il ajouta, criant presque :

-Immédiatement !