Chapitre 11

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Il courait, il ne savait pas vraiment pourquoi mais il courait aussi vite que ses jambes lui permettaient. Il courait comme s'il était en retard, comme si sa vie en dépendait. Il courait dans une forêt clairsemée, où la lumière était légèrement filtrée par les vertes feuilles des arbres bruissant dans le vent comme des voix lui murmurant ce qu'il tentait d'ignorer. Il courait malgré ses poumons lui suppliant de reprendre son souffle et sa trachée irritée par l'air froid qu'il aspirait. Il courait sans se préoccuper de ses muscles souffrant à chaque impact contre le sol et ses yeux brûlés par le vent. Il courait pour fuir, pour voir, pour comprendre . Il courait de plus en plus vite pour y arriver, où ? Il l'ignorait mais il se rendait compte que son objectif est de plus en plus lointain, inatteignable.

Il arriva dans une petite clairière baignée de soleil, où chantait une rivière reflétant les rayons joueurs de l'astre. Un jeune homme, allongé au sol de telle sorte qu'il ne voyait pas son visage, dormait tranquillement au milieu de cette joyeuse nature. Pourtant, son cœur se serra à cette vue charmante, il n'avait pas couru assez vite. Il aurait du protéger le petit être couché au sol, il n'avait pas couru assez vite. Une larme unique coula sur sa joue, il n'avait pas couru assez vite. Avançant d'un pas vers le corps pâle, écrasant une paire de lunettes que l'autre avait perdue, il n'avait pas couru assez vite. Il s'allongea à ses côtés, il n'avait pas couru assez vite. Une voix lui murmurant la cruelle vérité, il n'avait pas couru assez vite. Ses bras entourèrent machinalement le corps livide, ses mains rencontrant un trou béant là où un cœur battait autrefois, il n'avait pas couru assez vite mais à présent il savait.

Valentin ouvrit les yeux, le corps en sueur comme s'il avait couru un marathon. Les dernières bribes de son rêve disparaissaient de son esprit en même temps que ses yeux s'ouvraient, ne lui laissant plus que la désagréable sensation d'avoir perdu ce qu'il avait toujours recherché. Tâtonnant dans le noir, il finit par mettre la main sur son portable. L'écran lumineux de celui-ci le fit immédiatement refermer ses yeux encore sensibles à la lumière. Lorsqu'il trouva au plus profond de lui le courage de rouvrir les yeux, son téléphone annonçait 5:43. Sachant que son réveil allait sonner dans un peu moins d'une heure, il prit la dure décision de sortir de la douce chaleur de ses draps afin de prendre la douche qu'il avait soigneusement évitée le soir précédent. En sortant de la douche, il remarqua les deux messages s'affichant sur l'écran, le premier venant d'un contact nommé sobrement « Max », qui lui proposait de manger avec eux en ville. Il allait répondre positivement mais il lut l'autre message, venant de Clarissa, la jeune fille qui lui avait donné son numéro à la soirée de Louis, et elle lui proposait la même chose que son ami. Son choix fut rapidement fait.

Maxime souriait, aujourd'hui était une belle journée, pas parfaite, juste belle. Même le ciel semblait être de son avis, lui offrant un bleu azur parsemé de paresseux nuages se mouvant lentement, alors qu'une légère brise joueuse s'amusait avec ses mèches rebelles, le décoiffant un peu plus. À ses côtés se tenait son meilleur ami, écouteurs dans les oreilles. Il écoutait la musique que lui et Jordan allaient présenter ce soir, à la soirée des talents. Le petit sourire appréciateur de Cyril fut sa plus belle récompense. Entrant son code dans son téléphone, il retomba immédiatement sur la conversation avec Val et sur son dernier message. Il préférait aller manger avec sa Clarissa qui semblait le rendre si joyeux. En même temps elle partait avec un avantage non négligeable, un vagin. Pour séduire un hétérosexuel, cela paraissait assez important et notre pauvre Max savait qu'il n'avait aucune chance contre cette fille. S'il se débarrassait de sa mauvaise foi aiguillonnée par sa jalousie, il comprendrait pourquoi Val préférait aller voir cette fille plutôt que ses amis. Pourtant son cœur en total désaccord avec sa raison continuait à garder espoir, le faisant encore plus souffrir, plutôt qu'imaginer Val avec sa Clarissa. Heureusement Cyril remarqua le trouble qui agitait son meilleur ami et lui vola son téléphone avant qu'il n'ait le temps de se torturer un peu plus. Quelques minutes plus tard ils retournèrent en cours, et Maxime avait retrouvé une partie de son sourire.

Un triste choixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant