"Basique"

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Il était une fois, un jeune homme nommé Maurice François Diouf né aux parcelles assainies dans la banlieue dakaroise.

 Sérère typique à vue d’œil, originaire de Joal Fadiouth, il passa tout son cursus scolaire au cours sainte marie de hann avant de rejoindre la faculté des sciences juridiques et politiques de l’université cheikh Anta Diop de Dakar pour une année. Trois ans plus tard, il sera titulaire d’une licence en droit économique et des affaires à l’ucao st Michel.

Entre études et sport, loisirs et routine d’un garçon de quartier, son amour pour la lutte traditionnelle a vite pris le dessus. Chose naturelle, quand on connait ses racines sérères (l’ethnie sérère est très assimilée à la lutte traditionnelle), mais surtout grâce aux nombres d’histoires que lui contait son grand père. Cet amour a aussi été nourri par la fréquentation d’acteurs de la lutte au sein des quartiers populaires. Son amour pour ce sport s’est transformé  en passion au fil des ans passant et l’a conduit à l’organisation de mbaapat (combat de lutte sans frappe) au quartier, allant du membre d’un staff de lutteur à la présidence d’un fan club.

Puis, un jour pas comme les précédents, il a ressenti le besoin de faire usage de sa plume pour vous parler de sa passion : la vie des lutteurs dans et hors des arènes, l’ambiance des jours de combat,  les joies des victoires et les larmes des défaites. Mais surtout partager avec vous ces beaux combats de lutte pure où l’on terrasse à la force du poignet.

Selon le dictionnaire français Larousse : la lutte est un sport de combat dans lequel deux adversaires s’affrontent à mains nues, chacun cherchant à renverser l’autre sur le dos.


Par contre, la lutte sénégalaise va au-delà de cette définition.

Selon moi, la lutte sénégalaise, « Lamb » en wolof ou encore « njom » en sérère, est un sport traditionnel très populaire. Mieux, c’est notre sport national, plus encore, un patrimoine culturel transmis de génération en génération.


Autrefois, les combats de lutte se déroulaient après la saison des pluies. Une grande période de fêtes pendant laquelle les lutteurs des villages environnants s’affrontaient dans un tournoi communément appelé mbaapat, où l’honneur de chaque village était mis en jeu. Le gagnant, très apprécié de tout le monde, remportait, en guise de trophée, des bœufs, du mil, du riz, et même des terres.



Puis les années filèrent, une nouvelle ère s’annonçait, l’exode rural fit son œuvre et la lutte prit une autre dimension avec l'intégration de la boxe dans les combats d’où sa nouvelle appellation « lutte avec frappe ». Le lutteur peut donc dorénavant en plus de recourir au corps à corps pour terrasser son adversaire, donner des coups. La lutte sénégalaise devient dès lors un sport professionnel qui attire de plus en plus de jeunes sportifs et des spectateurs.

Au-delà de sa dimension sportive en progression continue, son aspect culturel et folklorique reste toujours son charme. En effet, la lutte est ornée de nombreux rituels mystiques et des hymnes de bravoure censées galvaniser les combattants.


 En plus de sa préparation physique et technique, le « mbeur » (lutteur) se livre à une préparation mystique qui débute le jour de la signature du contrat jusqu’à l’évènement, au cours duquel un cortège de marabouts accompagne chaque athlète jusque dans l’arène, formulant des prières salvatrices et appliquant des lotions censées donner la victoire à son protégé, qui, vêtu du traditionnel « nguimb », arbore des gris-gris de toutes sortes.


Voilà ma définition de la lutte.

Xa piss o bay a tadak rek oo : ga, fi, fa fagn a fi ».

Comme l’affirme ce proverbe sérère, les lignes de la main sont au nombre de trois : voir, faire et ne pas faire.

-         J’ai vu l’exposition d’une peinture sombre de la lutte, entachée par une période creuse, qui a fait abstraction de ses années de gloires passées.

-         Et entre  faire et ne pas faire, j’ai décidé de faire. Faire, en donnant à notre sport national toute son importance ; Réduire ses maux à travers mes mots ; Transmettre cet amour tel une épidémie.

C’est pour vous transporter dans un monde où la lutte est au centre des débats et des passions, que j’ai décidé d’agiter ma plume.

Parce ce que vous n’avez aucune idée du nombre d’emplois et d’activités qu’elle génère. Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de familles et de bouches qu’elle nourrit, le nombre de rêves qu’elle permet de réaliser et l’étendu de l’espérance qu’elle suscite. Vous ne pouvez pas non plus imaginer le nombre de détracteurs qui souhaitent son déclin.


Vous êtes un amateur ou un acteur de la lutte ?

Ses débouchés politiques, socio-culturels ou économiques vous intéressent ?

Montez !  La locomotive quitte maintenant la gare !


Les Chroniques d'un Amateur de Lutte Où les histoires vivent. Découvrez maintenant