Trapped

Chapitre 1 - Taehyung

« Even if I try to hide it

Or conceal it, it can't be erased

Are you calling me a sinner

What more do I have to say »

Stigma, V (BTS)

C'était stupide. Incroyablement stupide.

Qu'est-ce qui m'a pris ?

Je m'effondre sur mon lit, cachant mon visage derrière un oreiller que je presse contre lui à m'en faire mal.

Pabo !

J'aurais dû le savoir, que ça allait mal tourner. Et je l'ai pourtant fait. Peut-on être idiot à ce point ? Alors que c'était le dernier jour de cours avant les vacances d'été, que chacun allait partir de son côté pendant deux mois ? Je pensais que c'était le meilleur moment, en fait c'était le pire. Parce que maintenant, ça tourne dans ma tête. Toutes ces voix, ces réactions imaginaires. Je les entends me juger, se foutre de moi. Et je ne peux pas leur répondre, car elles n'existent pas. Ou peut-être que si. Néanmoins, elles ne me disent rien en face. C'est plus insidieux. Une pensée malsaine, douloureuse, qui s'insinue en moi et me donne l'impression de suffoquer.

J'aurais dû mentir. Faire comme si c'était une blague. Cependant, je ne pouvais plus. Je n'en pouvais plus. De me cacher. De faire semblant. Ce n'est pas moi, ça. Moi, c'est cet étudiant de vingt ans qui s'est cherché durant des années, avant de se trouver et qui, aujourd'hui, a décidé de complètement s'assumer face au reste du monde. Un monde qui, lentement, lui tourne le dos.

Je suis gay.

Trois petits mots pour crasher tout un univers et l'envoyer droit dans le mur.

Mon portable, échoué près de ma cuisse sur la couette, vibre et m'extirpe de mes délires mélodramatiques. Je me défais de mon oreiller et lis le texto de Jimin.

« Dis-moi que tu vas bien ou j'appelle ta grand-mère ! »

Je lève les yeux au ciel. Mon meilleur ami aime jouer les drama queens. Il aime aussi me menacer, soi dit en passant.

Je tape aussitôt ma réponse :

« Je vais bien. »

La sienne m'arrive dans la seconde qui suit :

« Menteur. »

« Si tu sais comment je me sens, pourquoi exiger que je te le dise ? »

« Je m'inquiète pour toi, idiot. »

Et je le sais. Il passe sa vie à ça. S'inquiéter pour moi. Me couver. Me protéger. Jimin a un instinct maternel plus développé que celui de ma propre mère. En même temps, elle m'a abandonné à ma grand-mère quand j'avais trois ans, alors niveau instinct, dire qu'elle en est dénué est un euphémisme.

« Tu es parti juste après le dernier cours. »

« Je ne pouvais pas rester. »

Rester et les affronter, tous. Avec ces lueurs de reproche, d'incompréhension... de dégoût dans les yeux. Non, je ne pouvais pas rester là et les regarder me juger. Pourtant, je devrais me présenter à nouveau devant eux, chaque jour durant les deux années qu'il me reste à traverser avant l'obtention de mon diplôme. Et je ne peux pas lâcher les cours. Ma grand-mère a trop sacrifié pour me payer une éducation. Je lui dois tout. Pas question de la décevoir.