Chapitre 4 - Jungkook

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« Maybe I, I can never fly

Like the flower petals over there

I can't become like those with wings

Maybe I, I can't touch the sky

But I want to stretch my arm

I want to run just a little bit »

Awake, Jin (BTS)

Après avoir rangé mes courses et mangé un bol de ramen, debout devant l'évier de la cuisine, je décide d'aller m'entraîner quelques heures dans le petit jardin qui jouxte la maison, à l'arrière. En sortant, j'active les lumières extérieures afin qu'elles m'éclairent de leurs douces lueurs, même si la nuit n'est pas encore complètement tombée.

Les écouteurs vissés à mes oreilles, je m'échauffe, étirant mes muscles un à un. Je n'ai pas dansé depuis trois jours, trop occupé à préparer mon déménagement. Et je suis en manque. L'adrénaline qui déferle en moi lorsque je cale mes mouvements sur les notes d'une mélodie m'est indispensable. Elle me rend accro. Danser, chanter, c'est comme respirer pour moi. Essentiel. Vital. Quand je deviens ce Jungkook-là, celui qui met toute son âme dans la musique, je n'ai plus l'impression d'être si creux, si... vide. Je ressens la plus infime émotion véhiculée par la chanson qui guide ma voix, mes pas. Je suis l'émotion. Elle me rend plus humain, moi qui ne ressentait rien avant de me mettre à rêver.

Tous ces sentiments qui me paraissaient étrangers, si obscurs que j'avais peur de les éprouver, aujourd'hui je les accueille, un sourire aux lèvres. Je sens, je ressens. Même si ce n'est qu'éphémère, chaque émotion laisse son emprunte sur moi, tatouage invisible sur ma peau. Je les porte, chacune d'entre elles. Je leur donne un corps, une voix pour qu'elles s'expriment. Je suis le courant qui les charrie et les emporte. Ce soir, je me laisse emporter à mon tour. J'ai besoin d'évacuer le trop-plein. La rage. L'espoir. La colère. L'envie... Cette envie nauséabonde que je dissimule du mieux que je peux derrière ce masque que j'ai plaqué sur mon visage. Je crève de l'arracher, de le briser en mille morceaux. Je ne peux pas. Si ça se savait...

Je m'immerge dans la musique dès que la première note de « Goodbye » m'imprègne. Je ferme les yeux et m'envole. Pas après pas, parole après parole, je laisse la chanson de Taemin-sunbaemin prendre possession de mon corps et faire de moi son instrument. Je ne suis plus moi, le garçon qui essaie désespérément de trouver sa place, de savoir qui il est vraiment. Je suis l'homme qui sait exactement ce qu'il veut et qui il veut. Il faut que je profite des deux mois qui me sont offerts pour me détacher de ma propre peau, de cet ancien moi qui me bouffe littéralement. Il faut que je sorte de ma chrysalide. Il est temps. Je ne peux plus continuer ainsi, à m'asphyxier comme je le fais. Je ne suis pas transparent, je ne suis pas invisible. Je suis Jeon Jungkook, et je vais montrer à tous ceux qui m'ont ridiculisé, à tous ceux qui m'ont fait du mal, ce que je vaux vraiment.

La fin de la chanson arrive vite, beaucoup trop vite. Je suis à peine en sueur, quelques mèches noires se sont plaquées sur mon front. Mon souffle se fait court tandis que je reste allongé sur le sol, le regard fixé sur le ciel. Les bras en croix, j'observe la course des nuages tandis qu'une autre mélodie m'enveloppe : « You are » des Got7.

TrappedWhere stories live. Discover now