Chapitre 9

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Je ne peux pas le laisser faire ça. Je ne peux pas le laisser gâcher sa vie, ses parents auraient voulu qu'il soit heureux et non qu'il se lance dans cette vengeance. Pourtant, je ne vois pas comment je pourrais le raisonner. J'ai toujours su le comprendre sans qu'il me parle, rien qu'à son regard et aujourd'hui encore, je peux déceler cette détermination qui le pousse dans la voie de la mort. C'est la même qui m'a conduite dans l'organisation mais je ne peux rester là, spectatrice de sa destruction. Néanmoins, ce n'est pas ce que je lui réponds parce que je sais qu'il ne veut pas connaitre le fond de mes pensées, peut-être sait-il d'ailleurs déjà ce que je pense de sa décision.

- Je vais t'aider tu peux compter sur moi, m'entends-je lui dire.

Je vois son regard se remplir de tendresse et il me prend dans ses bras mais je ne peux m'empêcher de me dire que l'on court à la catastrophe, je regrette déjà mes paroles.

Cette nuit, allongés côte à côte dans le hamac de fortune que nous avons construit avec des feuilles de bananiers, je tourne et retourne la situation dans ma tête pour tenter de trouver une solution, n'importe quoi, qui le détournerait de cette quête qu'il s'est donné. Je ne veux pas qu'il aille jusqu'au bout, je ne veux pas qu'il tue sinon le Cédric que je connais depuis mon enfance disparaitra à tout jamais. Je finis par m'endormir, des souvenirs de nos jeux d'enfance plein la tête.

- Talia, réveille-toi, Cédric me bouscule gentiment tandis que je m'étire de tout mon long.

- C'est l'heure de continuer ? demandai-je.

Nous partons tous les matins à l'aube et marchons jusqu'à la tombée de la nuit. Nous avions tous les deux perdus du poids avec tout cet effort physique et le peu de nourriture que nous trouvions.

- Oui, mais on a un léger problème, me répond Cédric. Regarde en bas.

Je m'exécute et découvre une immense étendue d'eau qui s'étend à perte de vue.

- Ouah c'est impressionnant ! m'exclamai-je. Je trouvais cela presque beau sauf que le fait que la forêt soit inondée voulait dire que nous ne pouvions descendre de notre arbre sans finir dans l'estomac de crocodiles.

- Heureusement qu'on a décidé de s'élever hier, fait remarquer Cédric, tout aussi fasciné que moi par ce paysage insolite.

- Oui sauf que maintenant on ne peut plus descendre on est littéralement coincé dans cet arbre jusqu'à ce que le niveau de l'eau baisse.

- Certes, néanmoins, l'avantage c'est que plus personne ne va s'aventurer dans la forêt donc on est tranquille personne ne va continuer les recherches ni nous trouver, me rappelle-t-il.

- Tu vois toujours le côté positif c'est une seconde nature chez toi ! m'exclamai-je.

Et d'avoir quelqu'un à ses côtés qui nous rappelle que tout n'est pas noir ça fait du bien. Bien sûr, à certains moments je le trouve un peu exaspérant comme si le mal n'existait pas alors que nous en sommes entourés. Mais dans des moments comme ceux-ci, quand tout semble voué à l'échec, je retrouve un peu d'espoir quand il fait preuve de son légendaire optimisme.

De toute façon, nous n'avions d'autre choix que d'attendre la décrue, il a alors fallu prendre notre mal en patience et pour une impatiente comme moi, ça n'a pas été facile. Dix minutes plus tard, je cherchais désespérément un moyen de descendre malgré tout de cet arbre. Je le trouvais soudain petit et biscornu alors que la veille je pensais qu'il était majestueux et que Cédric nous avait trouvé le meilleur arbre depuis que nous étions en cavale.

C'est en regardant le ciel que l'idée m'est venu. Telle une ampoule lumineuse qui s'éclaire au-dessus de ma tête, je savais comment nous sortir de là ! Il suffisait de tendre des draps entre les arbres auxquels nous nous accrocherons pour aller d'un arbre à un autre, un peu comme Tarzan. Le seul problème qu'il restait à régler était le fait que nous n'avions pas de draps. Et oui juste un petit détail à régler. Je réfléchissais quand Cédric a commencé à descendre doucement l'arbre s'arrêtant à chaque branche pour en tester la solidité. Il me crie :

- Je vais voir si c'est profond ! Comme ça on sera fixé sur le temps à attendre !

- Fais attention à... soudain une branche craque et Cédric tente de se rattraper mais il est trop tard il n'a plus rien auquel se raccrocher, je le vois tomber dans cette eau insalubre, les yeux écarquillés de peur et tournés vers moi.

- Cédric ! mes bras se tendent involontairement vers l'endroit où je l'ai vu disparaitre. Déséquilibrée par mon geste, je bascule tête la première dans l'eau boueuse.

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