Prédéfinis ?

Chapitre 11 : Cédric

La sensation est étrange. La tentation de me laisser aller et de ne plus avoir à penser à la façon dont nous allons survivre ni à notre futur plus qu'incertain me fait entrevoir un repos auquel je n'ai pas droit de nombreuses semaines. J'ai complètement occultée la semaine où j'ai rejoint Talia dans la forêt. Ce début de semaine, alors que je rentrais à la maison après ma journée de travail, j'ai découvert des hommes armés fouillant et retournant tout ce qui pouvaient cacher quelque chose même les pots de confiture vides que l'on garde en réserve ! Ma mère m'a alors regardé d'une façon si désespérée, je crois que je l'ai vraiment déçue alors que si Talia ne s'est pas caché dans cette maison c'est pour protéger ma famille ! Mon père était encore au boulot, il est forgeron et je suis son associé depuis quelques mois. Quand les hommes sont partis, ma petite soeur pleurait à chaudes larmes et ma mère s'est enfermée dans la cuisine. Puis quand mon père est rentrée, ils ont discuté à voix basse dans leur chambre et sont venus me voir avec un sac. Ils me l'ont tendu et les larmes aux yeux, ils m'ont interdit de revenir à la maison tant que Talia ne sera pas partie de cette ville et qu'elle ne représente plus une menace pour notre foyer. Mécaniquement, j'ai saisi mon sac, mes parents m'ont ouvert la porte et je suis sorti. Sans un regard en arrière, je me suis dirigé vers la forêt où je savais que Talia m'attendait. Le regard de mes parents ce jour là continue de me hanter. Je n'en ai pas parlé à Talia, parfois je me demande même si ça s'est vraiment passé comme ça.

Les courants me prennent en étau et surgissent de toutes parts, je me sens oppressé et chaque bouffée d'oxygène que j'arrive à inhaler est un petite victoire contre la mort. Que deviendras mon corps une fois que les crues se seront retirées ? me demandai-je tandis que je lutte comme je peux. Restera-t-il à pourrir dans cette forêt ou quelqu'un aura-t-il la bienveillance de m'enterrer ?