21 têtes d'ampoules

les Coline de Paul

On a tous un jour imaginé, un monde rose, rempli de gaieté, de jolis moments, de beaux panoramas, de sourires dévastateurs, de courses folles en forêt, de couleurs inimaginables, d'amours éternels, de musiques envoûtantes.

Et bien, ce monde existe, du moins pour Coline sauf que son monde à elle est violet, d'un violet profond qui émeut les passants. Coline est une rêveuse, une fille indescriptible qui ne pense qu'à profiter de son temps, sa vie n'est que bonheur et prises de risques qui foutent de l'adrénaline.

Coline est unique, elle renaît sans cesse, un phœnix aux nuances violacées, une putain de dose d'héroïne-héroïsme-. Elle croit au destin, à l'amour celui avec un grand A. Coline, elle rêve de voyages sans fin. Elle croit en l'humanité et en sa bonté. Dans le monde de Coline personne n'est blanc ou bien noir, tous possèdent des taches indélébiles. Derrière ses mèches brunes elle perçoit les signes de sa destinée. Son secret à Coline c'est sa faculté à être en symbiose avec elle même. Coline ne se ment pas, elle est en accord avec elle même. Coline si ça lui chante elle va sortir s'acheter des napolitains à trois heures du matin à la supérette du coin. Coline répète sans arrêt que la vie faut la prendre comme elle vient et la vivre comme si demain on allait mourir foudroyé par un ciel en colère.

Elle est étonnement optimiste et bien trop franche. Mais elle fait rire, sourire et même pleurer. Coline maîtrise les mots, soigne les maux, elle est une docteure de l'âme, elle écoute tous ceux qui veulent bien lui parler. Elle les aide à trouver leur paix, pour qu'eux aussi soient en symbiose avec eux mêmes.

Mais aujourd'hui Coline a affaire à un tout autre personnage, Paul, il était comme elle, avant que les aléas de la vie viennent peu à peu le fermer comme une huître. Paul, comme tout adolescent normal-du moins comme il le prétend- a vécu cette période assez difficilement, il y a eu des bas mais surtout -selon lui- des hauts. Et pourtant, actuellement il se sent vide, lassé de tout, le moral dans les chaussettes.

Coline pour la première fois ne parvient pas à comprendre quelqu'un, Paul a tout pour être heureux et rayonner comme elle flamboie. Elle essaie de l'initier au surf, à la lecture, au reggae, à la peinture, au skate, à la mode, au classique, à la photographie. Mais rien y fait, Paul broie du noir sans cesse. Paul est totalement dénué de couleur en ce moment, tout est bien trop morne pour lui. Il ne voit plus la surface, il nage dans des abîmes sombres. Paul croise des monstres marins plus gros qu'on ne pourrait l'imaginer, des démons amoraux. Paul se perd dans l'immensité opaque des fonds de l'âme.

Coline ne comprend plus rien, toutes ces choses qui la fond vibrer, font à peine sourire son nouveau "patient". Coline déteste abandonner, elle va le sauver de sa détresse mystérieuse.

Paul sait ce qu'il ne va pas, Paul est seul. La solitude ne lui fait rien de bon, elle le consume petit à petit, le plongeant dans un océan de grisaille. Il ne veut pas le dire à Coline, il a déjà assez honte de son état, sa fierté serait anéantie.

Coline cherche, nuit et jour ce qui ne va pas chez ce cher Paul, au fil du temps elle s'accroche à lui, ce n'est plus de la bonté qu'elle éprouve pour lui mais bel et bien de l'Amitié, avec un grand a. Elle ne le quitte plus cherchant désespéramment à lui faire revoir la lumière.

Paul revoit enfin, un semblant de soleil, il pense que c'est grâce à Coline. Paul n'ose pas -encore- le lui dire, Paul est timide, il a un passé de guérisseur d'esprit mais il est devenu réservé. Il n'ose pas dire à Coline qu'elle le sauve en étant simplement avec lui, qu'elle l'aide à revoir des couleurs, que maintenant il revoit la vie en orange.

Coline a deviné que Paul allait mieux, mais elle ne peux s'empêcher de faire semblant de l'aider alors qu'il est totalement guéri.
Elle a besoin elle aussi d'avoir une bouée, Paul est la sienne tout comme elle est celle de Paul. Leur duo marche car ils se complètent totalement. Paul redevient ce mec gonflé à la bonne humeur et aux idées foireuses.

Coline l'a sauvé de sa morosité. Et Coline a maintenant quelqu'un avec qui aller chercher des napolitains à trois heures du mat'.