Août 1993,
Il fait nuit sur la ville endormie, les criquets raisonnent dans la vallée, Antoine est debout face à ce paysage dont il connaît tout. Ses souvenirs le rattrapent, son enfance refait surface, son sourire se dessine alors sur ses fines lèvres. Antoine sourit, comme ça face à l'immensité de cette vallée sans secrets pour un type comme lui. Antoine est libre ce soir, les lumières décroissantes du géant de feu le font rayonner du haut de la colline jaunie par la chaleur.
Antoine rêve, l'été crée toujours ce même effet en lui, celui de l'espoir, des rêves, et là Antoine est bien, l'hiver est passé, l'année a prit fin. Ces envies et désirs ne sont que plus grands, il ne veut maintenant que les rayons du Soleil sur sa peau basanée, que le goût des fraises sur sa langue, que la sensation de son short sur ses grandes jambes. Antoine rêve de cette saison depuis qu'elle a laissé place à l'automne. C'est vrai c'est joli aussi les feuilles oranges, les châtaignes dans leurs coquilles féroces, les jours qui se raccourcissent, les cheminées qui se rallument, les citrouilles qui se parent de sourires effrayants, oui, l'automne est jolie mais l'été le fait vibrer. Antoine aime l'été, Antoine veut profiter de sa fin d'adolescence, il attend la mer, les mouettes et les balades au crépuscule. Antoine ne vit qu'avec des coquillages dans ses mains et des fleurs de cerisiers dans ses cheveux de jais, Antoine veux l'océan, les montagnes, les forêts de pins, de chênes, de platanes, de lavandes
Antoine rêve.
Août 1993,
Lou est mélancolique ce soir, l'hiver lui manque, la chaleur lui donne le tournis. Lou n'attendais que le couché du grand bonhomme jaune, elle ne supportait plus les rayons de ce gros machin de feu. Lou ne rêve que de gros pull et de jolis flocons étoilés, Lou est engourdie par cette fournaise si emblématique de la saison chaude, son short colle à sa peau et pour la première fois depuis longtemps, Lou souffle. Elle relâche toute la pression accumulée au cours de ce long jour, elle détend ses bras et danse face à la vallée. Lou est seule-du moins elle le suppose-, Lou regarde le petit bar du village en bas, se vider des derniers clients assoiffés de cette étouffante semaine. Lou est déprimée par les cieux sans nuages et les arbres aux feuillages resplendissants de photosynthèse.
Lou est abattue par ce magnifique temps, Lou n'aime que le gel de l'hiver et le vent de février.
Lou rêve de batailles de boules de neige, de températures négatives, de grosses écharpes et de chocolat chauds,
Lou rêve.
Août 1993,
Adrian attend la nuit, Adrian est heureux dans un petit mois la chaleur laissera place aux bourrasques incessantes du vent. Adrian attend le jour, Adrian attend la fin de l'été. Les herbes hautes et les fruits ne lui font rien, Adrian veut de la pluie, des chûtes de feuilles mortes. Alors, Adrian, attend, pour patienter il lit, des poèmes, sur l'automne bien sur, Baudelaire, Rimbaud, Verlaine, tous y passe.
Adrian rêve du déclin de l'été, il ne supporte plus le soleil en permanence au dessus de lui, il veut des averses, des k-way jaunes, des bottes en caoutchouc,
Adrian rêve.
Août 1993,
Laura danse dans le crépuscule pyrénéen, le printemps l'a quittée, mais Laura n'est pas nostalgique, oh non Laura profite quand même. Elle préfère les beaux jours du renouveau mais c'est ainsi, les mois défilent et les saisons avec, Laura sait très bien que l'on ne peut rien contre le temps. Alors, elle le laisse filer dans ses doux doigts de coton en profitant du beau temps de l'été. Laura est une rêveuse mais elle ne rêve pas de sa saison mais du temps qu'il lui reste à vivre avant de s'endormir dans ses draps roses. Laura se laisse guider par ses envies, par ses désirs. Laura compose ses morceaux de violon en haut de la colline de son village, les mélodies raisonnent dans la nuit chaudes, ses cheveux dansent avec elle. Laura oubli les saisons, son instrument la guide. Elle rêve de belles épopées dans ce joli monde, de magnifiques mélopées sous le vent d'août, de novembre, de février, de mai,
Laura rêve.
Août 1993,
Les quatre adolescents se sont tombés dessus par hasard, la mélodie d'un violon a raisonné, il l'ont suivie. Laura fermait les yeux pour mieux se concentrer, ils sont apparus derrière elle, fascinée par l'émotion qu'elle transmettait. Antoine bougeait la tête en rythme, Lou versait une larme, émue par la passion de la musicienne, Adrian avait la bouche ouverte comme estomaqué. Laura venait d'avoir terminé, les trois intrus applaudirent. La jeune virtuose n'eu même pas l'air étonnée de la présence de ce public de fortune, elle salua et entama un énième morceau. Lou, Antoine, Adrian s'assirent en silence, écoutèrent jusqu'à ce que l'aube ne pointe le bout de son nez. Et là en haut de cette colline tous mentalement tombèrent d'accord, il n'y a pas de plus jolie saison, juste des instants inoubliables dispersés dans l'éternité.
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21 têtes d'ampoules
Short Storyils sont 21, 21 personnages un peu paumés, 21 éparpillés dans ce monde un peu fou, ni rose, ni noir, mais avec- peut être- des arcs en ciel. 2018