Silence Précieux

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La nuit avait été rude pour les cinq amis qui avaient été abandonnés dans ce sous-sol humide et froid. Ils n'avaient qu'entendu le vague sont de bottes frappant le sol bétonné à l'extérieur de la cellule, et le souffle du vent léger à l'extérieur du bâtiment. Ils n'avaient aucune idée d'où ils avaient bien pu être emmenés, comment et surtout s'ils avaient une chance d'être retrouvés. Ils savaient seulement que leurs seuls espoirs, à tous, était de compter sur l'historien aux lunettes, qui lui également, se perdait entre études inquiétudes et rêveries. Son esprit divaguait entre la peur de ne pas être à la hauteur, la force de se remplir le crâne pour l'être et enfin il se demandait bien ce que les quatre autres pouvaient faire. Il s'approcha donc du mur glacé de la cellule, celui opposé à l'unique meuble qu'était le bureau. Il posa alors phalanges et pavillon contre la pierre glacée, et écouta avec attention. Il n'entendait que des souffles et des murmures, il s'agissait surement du jeune couple qui tentait de se rassurer, et il ne reconnaissait pas la voix de Namjoon, il devait être silencieux. Et en effet, il était silencieux, penché sur la fenêtre à barreaux à regarder à l'extérieur. Il tentait d'ignorer qu'il y avait cet inconnu, ce grand blond aux yeux clairs, avec qui Yoongi était depuis le début de la soirée. Il n'avait pas réussi à lancer la conversation, sachant que son caractère lui ferait défaut. Cela faisait déjà des jours qu'il n'arrivait pas à être agréable, pas même pour celui qu'il aimait, alors à présent qu'il était sûr de devenir fou.

Il tourna sur ses talons, s'adossa à la fenêtre et croisa les bras. Il regarda d'un air étrange le blond qui était assit dans un coin, les doigts enfoncés dans ses cheveux, fixant le sol. Il espérait que l'historien ne lui avait pas trouvé même une once de beauté. Comment une peau fade et des yeux aussi clairs pouvaient plaire ? Il se doutait qu'il n'avait pas perdu sa place spéciale dans le corps du plus timide. Il se laissa alors soupirer et dirigea son regard vers l'horizon, pensant que le poids de quatre vies reposait à présent sur les épaules trop frêles du plus jeune. Il se maudissait de toujours attirer des ennuis et soupira. Il croyait en ses capacités, mais cela le tuait de se dire qu'il ne serait pas à ses côtés pour voir son regard émerveillé, le revoir découvrir des choses, et cette fois il ne voulait pas de fusillade. Et c'est tout le contraire qu'il lui avait offert. S'il le pouvait il donnerait mille fois sa vie pour qu'il s'en sorte. Son ultime soupire sembla calmer le monde, il tourna un peu plus vite, et le soleil vint percer l'horizon. On vint alors ouvrir au petit blond qui s'était rapidement endormit sur le sol, et on le mena dans une pièce éclairée par un rayon de soleil, surveillé par des dizaines de personne. On l'installa à une table où étaient disposés des couverts en inox, une assiette en porcelaine sale, remplie par plusieurs spécialités salées. Il n'eut pas à attendre bien longtemps pour être rejoint par le chef, essuyant son visage encore couvert de mousse à raser. Il s'installa derrière son assiette et commença par couper une épaisse tranche de fromage.

« Mange tu en auras besoin. » Yoongi attrapa un morceau de pain et commença à le grignoter.
« Mes amis doivent aussi boire et manger. »
« Seulement s'ils se comportent bien, ne pense qu'à bien travailler. » il mordit dans son formage, mâchant la croute dans un craquement qui coupa l'appétit au plus jeune. « Tu as avancé dans tes recherches ? »
« Oui je... je pense qu'il fait fouiller la Tour Carrée au centre du jardin. »
Il reposa son couteau et croisa ses doigts sous son menton. « Tu... Penses ? »
Yoongi reposa son morceau de pain, la gorge soudainement sèche.
« Je pensais avoir été clair. Je veux que tu saches, pas que tu penses. »
« Je... Je suis sûr qu'il s'y trouvera quelque chose. »
Le Français au ventre rond soupira. « Tu as bien intérêt. »

Il fit rouler sa main et Yoongi fut emporté par un flot de bras, il fut emmené un sac sur la tête, et sans qu'il puisse se plaindre un instant, il était au milieu des jardins, le gardien sifflant alors qu'il contenait son chien. On laissa alors le jeune historien et il put remonter ses lunettes sur son nez, les pliants légèrement car ils les avaient déréglées. Enfin, il sorti de ses poches ses carnets et recherches avant de s'y mettre. Il ne cherchait pas à les avoir, à bluffer, ou à tenter quoi que ce soit de dangereux. Il comptait donc travailler. Il fut alors accompagné par deux hommes en arme dans la Tour Carrée et commença à observer les environs. Il regarda les quatre murs avec attention, l'escalier en colimaçon et en bois rongé, avant de fixer le plafond de pierre. Il était partiellement tombé, ce qui expliquait les flaques boueuses au sol, ainsi que les mousses le long des roches. Il regarda donc le ciel au travers de ce grand trou sale avant de se tourner vers le sol. Il frappa plusieurs fois du pied écoutant avec attention le résonnement de ses pas. il fit ainsi tout le tour de la pièce, et malheureusement il n'entendit pas d'écho venant d'une grotte sous-jacente. Il ne devait donc pas être ici, mais il était persuadé d'au moins trouver un indice. Il grimpa donc prudemment els marches, celles-ci se dérobant parfois sous ses pieds, le forçant à s'accrocher à celles au-dessus, à la charpente ou aux roches. Il devina d'ailleurs rapidement que tenter de grimper les marches était inutiles tant les verres, les mousses et les lichens les avaient rongés. Il se mit donc à grimper le long du mur, laissant tomber parfois des pierres qui se décrochaient sous son poids. Mais il avait fini par devenir agile, et il put aisément rejoindre le trou dans le toit. Il y grimpa, s'installa sur le toit fragile et observa les alentours.

La Tour CarréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant