IV- Une Grande Histoire

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Salut salut ! Comment allez vous en ce jour de révision ? Le bac, les épreuves tout ça ?

***

James ouvrit les yeux. Tout d'abord, il fut décontenancé. Où était il? Il ne reconnaissait ni son oreiller, ni sa couette, ni l'odeur de la pièce. Et il ne distinguait pas la lumière filtrant habituellement de son velux. Par contre, des bruits inhabituels de cuisine et de voix lui parvenaient en brouhaha, des sons de couverts qui tintaient dans un lave vaiselle et d'assiette que l'on rangeait en faisant claquer les placards. Il était totalement perdu et du fouiller furieusement sa mémoire pour comprendre où il était. Son voyage et son arrivée chaotique en France de la veille refirent surface dans sa mémoire, et James pria pour que ces souvenirs ne soient qu'un mauvais cauchemar. Mais ses yeux s' habituant a l'obscurité lui montraient une chambre belle et bien différente de la sienne. Sa gorge se serra. Il eut envie de pleurer et du se concentrer pour ne pas laisser couler ses larmes. Il se sentait si mal.
Il crispa les points, crispa la mâchoire, crispa tout son corps. Pas question de chialer tout seul dans son lit le premier matin. Il était faible mais il y a des limites.

Soudain, il entendit des pas se rapprocher de la pièce. Il ferma les yeux et cacha sa tête dans son oreiller, ce trouillard.

La porte s'ouvrit et il discerna le bruit d'une personne plantée dans l'entrée, n'osant pas avancer plus. Une voix masculine s'éleva et il entendit l'inconnu lancer sans discrétion aux occupants du salon:

_L'anglais dort encore. On m'avait dit que c'était des gros flemmards, mais là ça frôle l'irrespect. Je peux le réveiller? Qu'il dégage de ma chambre, j'aimerais travailler.

Bon. Bon bon bon. Ça commençait bien, James avait en partie compris les paroles de celui qui était sans aucun doute son frère d'accueil. Il parlait de manière fluide et posée, contrairement a sa mère qui était une piplette à grande vitesse. C'était déjà ça, il était rassuré de se dire que tous les français ne baragouinaient pas à toute vitesse, néanmoins il aurait peut être préféré ne pas entendre les paroles de l'autre ado. Comme il le craignait, ils risquaient de ne pas s'entendre. Déjà le traiter d'anglais, lui, un Irlandais pur souche, c'était un affront terrible. Et tout dans la voix de l'autre sonnait le dédain et suait la confiance en soi. Tout le contraire de James, et c'était bien pour lui déplaire que de se retrouver avec un petit con hautain et meneur qui crachait sur lui sans le connaitre.

La femme dans la salle répondit quelque chose du genre "oh, va faire tes devoirs dans la cuisine, il est fatigué, laisse le se reposer et baisse d'un ton mon chéri". Mais James n'était sur de rien, il n'avait que vaguement comprit. Mais il saisit tout a fait la réponse du fils qui cracha avec dédain et moquerie:

_Eh bah putain, a peine arrivé, il fait déjà chier. Vraiment je vous tiens vivement rigueur d'adopter le premier anglais que vous voyez trainer. Merci beaucoup chers parents, je me sens aimé avec des gens comme vous, prêt a sacrifier le bonheur de la chair de votre chair, et ce pour une sombre marmotte.

James sentit son coeur se serrer une nouvelle fois. C'était vraiment une  blague, tout ce qu'il redoutait était en train d'arriver.
Allait il passer dix mois a prier pour rentrer rapidement? Ça allait vite devenir invivable. Et ce garçon insupportable, il sentait l'envie de l'insulter l'oppresser.

Il décida de prendre son courage a deux mains, ravala son appréhension, se redressa en cherchant des yeux le garçon devant la porte et lui lança avec tout l'aplomb possible:

_Je suis pas Anglais. Je suis Irlandais.

Son nouveau frère éclata de rire et lança a sa mère à l'autre bout du couloir:

_Ah bah c'est bon il a enfin décidé d'émerger. Paraîtrait qu'en plus il est pas anglais mais Irlandais! La belle jambe que ça nous fait! Tu penses qu'il a un mouton dans sa valise?

« La belle jambe? Se moquerait-il de moi? Vraiment il ne cherche pas a commencer sur de bonnes bases, se disait James en s'étirant rapidement avant de se lever. Puis cette manière de faire comme si je n'existais pas, en parlant de moi et devant moi à sa mère. Des claques. »

Il resta planté devant le lit, en face de la porte durant quelques secondes, à réflechir sur l'attitude à adopter. Se rendormir en priant pour se réveiller dans SES draps, et revenir à sa morne vie? Ou affronter cette grenouille baveuse devant la porte, et sa famille de batracien? Souriant intérieurement à l'image de lui dévorant les cuisses de grenouille de sa famille d'accueil métamorphosée, il se décida à sortir. Il passa devant l'autre ado de la manière la plus décontractée qu'il pu (c'est a dire en retenant son souffle et en serrant les dents) et pénétra dans la salle. L'aménagement de l'appartement lui paru plus clair que la veille au soir, et il en profita pour détailler plus précisément l'endroit.

L'appart avait en fait une forme de cuillère.
On entrait dans la maison part une porte rouge vernie munie d'un oeil de judas, puis on entrait dans un  large espace ouvert.
A gauche le salon où trônaient deux canapés rouges eux aussi -pas en cuir ni en velours, mais d'une matière douce-, un fauteuil bas et rond qui tournait, une jolie table basse en verre, et une télé de taille modérée. Des petits biblots de part et d'autre, notamment une bibliothèque abritant de nombreux livres et même des mangas. Il n'y avait pas de fenêtres de ce coté ci, mais de nombreuses lumières néon.
A droite, la cuisine, d'abord la table de repas entourée de chaises multicolores en plastiques, un vase remplie de fleurs posé sur le bois clair, en face une large baie vitrée donnant sur un balcon, des plantes et une petite table verte. A droite de la table, un buffet moderne et un bureau au bout. A gauche, la cuisine Américaine.

Et en face de la porte d'entrée, ce couloir. Première porte a droite, salle d'eau. A gauche les toilettes. Plus loin a droite la chambre des parents et enfin, la porte de la chambre de James. Rouge aussi.

L'intérieur il n'avait pas eu l'occasion de l'observer en plein jour, mais le ferait rapidement.

Pour le moment, il se dirigeait vers Marie qui buvait un thé sur un canapé:

_Bonjour Madame, avança-t-il timidement.

_Bonjour James! As tu bien dormi? Oh, et pas de monsieur madame entre nous, je te l'ai déjà dit, appelle moi Marie, ou Maman même si tu veux! Tu veux manger quelque chose? Boire un jus? Quoi qu'il est déjà 14h00, tu as dormi comme un gros louard! Tu es reposé? On va peut être prendre le déjeuner du coup, une salade ça te tente? Oh, j'ai oublié de te présenter mon fils Aiden, il a un an de plus que toi mais vous serez au même niveau a l'école, il a redoublé, lança a un rythme effréné Marie.

_Oh oui, bien sur, répondit James, qui n'avait compris que quelques brides.

_Oui quoi ? Demanda Marie ne comprenant pas a quoi répondez James.

_Oui.

_Maman, il n'a rien compris, tu parles beaucoup trop vite, c'est un anglais il ne connaît pas encore le français, ricana Aiden, qui s'était installé sur une chaise verte.

_Bien sur que je parle français, répondit James en rougissant, honteux d'être pris pour un idiot, mais je ne comprends pas tout, surtout avec l'accent. Et je suis Irlandais.

L'autre garçon éclata encore de rire, a croire qu'il ne savait faire que ça, c'était un vrai petit bonheur.

Mais Marie reprit d'une voix plus posée:

_As tu faim?

_Un peu, oui, répondit James en sentant son ventre gargouiller.

_Très bien, je vais nous faire une salade alors!

_Ok.

JamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant