Elle est là. Plus de deux heures que je l'attends ici, et chaque minute était plus longue que la précédente. Le seul remède à ma folie, et son seul déclencheur aussi, se tient devant moi, les yeux écarquillés parce qu'elle doit sûrement penser qu'elle hallucine. Mais non, je suis là, mon amour. Je suis là parce que le putain de poison qui me ronge sans toi était en train de me tuer. Je suis là parce que tu es la seule personne au monde capable de comprendre même ce que moi, je ne comprends pas.
Perdu dans la contemplation de son visage marqué par les larmes, il me faut quelques secondes pour réaliser que Mel n'est pas seule. Un type brun la suit de près dans les escaliers en la couvant du regard. Qui est ce mec ? Et pourquoi elle pleurait en sa présence ? Je ne suis là que depuis quelques heures, et j'ai déjà envie de buter le connard qui la suit comme un chien. Lui aussi a une tête de premier de la classe, les taches de rousseur en plus. A croire qu'il y a un Théo dans chaque putain de pays où elle se rend. J'espère qu'il n'a pas envisagé de poser un doigt sur elle, sinon il ne faudra pas longtemps avant que son sang tâche les murs de ce couloir triste qui me sert d'antichambre de l'enfer depuis que je l'attends là.
- Gavin, tu devrais t'en aller.
Je reconnais à peine la voix de Mel, sourde et presque inaudible. Des larmes perlent à nouveau au coin de ses yeux, et elle ne cesse de me fixer, comme si elle ne pouvait se résoudre à croire à ma présence. Je n'avais pas prévu d'être là, en fait. J'ai pris cet avion sans vraiment réfléchir, incapable de supporter son absence un jour de plus. Une fois mes enregistrements terminés, une fois sorti de ma bulle dans laquelle j'étais si bien avec elle, la sensation de vide a été trop forte. J'ai essayé de faire ce qu'elle aurait voulu que je fasse, pourtant. J'ai bossé avec Chuck, on a fait ce set, mais j'ai pas pu aller plus loin. Il fallait que je la voie, que je la touche, que je sache si oui ou non cette addiction violente dont je n'arrive pas à me détacher lui donne toujours les mêmes pouvoirs. Et malgré la présence de ce type, j'ai déjà la réponse à mes questions. Je ne veux plus être sans elle. Jamais.
Je suis sûrement le seul à le comprendre, mais l'avertissement dans sa voix ne trompe pas. Elle sait dans quelle rage monstrueuse me fout cet inconnu qui se tient droit derrière elle, comme si elle avait besoin d'un putain de garde du corps.
- Pourquoi ? Qui est-ce, Mel ?
Apparemment, cet abruti ne comprend pas le sens du verbe s'en aller, et son insupportable accent anglais résonne dans l'étroit couloir sombre alors que ma respiration s'accélère.
Oui, mec, casse toi vite avant que je ne perde le contrôle.
A ma grande horreur, Mel se retourne vers lui et pose une main sur son épaule, d'une manière étrangement familière. Qu'est ce que j'ai raté, putain ? Qui est ce connard pour qu'elle le touche sous mes yeux ?
- Putain de merde. Mel.
Je préfère m'adresser directement a elle. Si je pose ne serait ce qu'un oeil sur le visage de ce petit con qui croit qu'il peut tout se permettre, je n'aurai jamais le temps de me retenir d'éclater sa tête contre un mur.
- S'il te plait, Ayden. Laisse moi gérer ça.
Sa voix sourde me surprend, et me sort un peu de ma transe. Depuis quand me parle-t-elle aussi froidement ? Le petit con qui lui tient compagnie semble brusquement comprendre un truc qui m'échappe, et son regard s'appuie sur celui de Mel, qui hoche légèrement la tête. Il semble me connaître, ou du moins, il a déjà entendu parler de moi. Est ce qu'il sait que s'il touche a un de ses cheveux, il mourra dans la seconde ?
- Mel.
La menace dans ma voix est à peine voilée. Je déploie des milliards d'efforts pour ne pas l'écarter de ce type, pour ne pas la brusquer, et elle prend tout son putain de temps pour expliquer a ce connard qu'il ferait mieux de dégager d'ici.
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Alive after all - Tome 2 - Edité aux Editions HLab
RomanceIncapable de gérer sa colère, il a décidé de partir. Brisée, elle a choisi de rentrer en France. Elle n'a maintenant qu'un but : l'oublier. Mais peut-on rester loin de celle qui nous offre la rédemption ? De celui qui nous obsède ? Même avec un océ...