4. Carry on

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Je n'en sais rien. Je n'ai pas vraiment réfléchi à ce qui se passera quand les vacances seront finies et que je n'aurai pas d'autre choix que de me demander ce que je vais bien pouvoir faire maintenant. 

Je ne veux pas y penser. Réfléchir à demain, c'est comme tirer un trait sur lui. Et je ne peux pas faire ça. Pas encore. Je ne veux pas éloigner son souvenir, je ne veux pas oublier ses doigts qui se posaient sur ma joue juste avant qu'il ne m'embrasse. Je veux garder en moi le son grave et rauque de sa voix. Sa manie insupportable de ne supporter personne. La gravité dans son regard parfois, quand il pensait que je ne l'observait pas. 

- Mel ?

Merde.

Interrompue dans mes pensées, je relève brusquement le visage vers celui à qui j'ai fait le pire affront possible quelques semaines plus tôt. Même Théo que je n'ai pas vu depuis de longues semaines ne m'empêche pas de continuer à graviter autour d'Ayden.

- Je n'en sais rien. Chuck m'a proposé un poste chez Live Nation à Paris. Mais je vais refuser. 

- Pourquoi ? 

- J'en sais rien. Je ne connais personne à Paris. 

- Je suis là, moi. 

- Je sais. Mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée de compter sur toi. 

- Pourquoi ? On est amis depuis toujours. On l'a toujours été, non ? Même avant d'être ensemble ? 

- Oui. Mais Paris ne m'attire pas plus que ça. 

- Alors tu vas faire quoi ? Trouver un petit boulot ici ? Tu vaux mieux que ça, tu ne crois pas ?

En fait, je ne me suis pas posé la question dans ce sens-là. Un petit boulot me conviendrait très bien. Et je ne suis pas sûre que travailler chez Live, même dans une autre ville, soit une bonne idée, même si l'opportunité est tentante. Devoir travailler avec d'autres artistes qu'Ayden me ramènerait forcément à lui, tous les jours, et je ne crois pas que ma santé mentale soit capable de le supporter. 

Ici, je me sens à l'abri et en sécurité. Même si j'ai vécu des évènements compliqués dans cette maison, je m'y sens chez moi. Ma famille est ma seule source de sérénité, et je ne suis pas prête à faire d'autres projets. Je suis encore bien trop mal pour envisager de déployer à nouveau mes ailes. Trop fragile. Trop faible face au souvenir de ses lèvres sur les miennes. 

- Peu importe ce que je vaux aux yeux des autres. J'ai besoin de souffler. 

- Moi aussi, j'ai eu besoin de souffler, me glisse Théo en soupirant tristement. Mais je n'ai pas eu le choix. 

Voilà pourquoi je n'irai pas à Paris avec Théo. Avant, quand nous étions amis, je ne ressentais pas cette douloureuse culpabilité qui me ramène à ce que je lui ai infligé, et surtout à la raison pour laquelle je l'ai fait souffrir. J'ai besoin de renouveau. Si je veux avancer, il faut que je mette de côté tout ce qui me ramène, de près ou de loin, à lui. 

- Je suis désolée, Théo. 

Des larmes de regret coulent lentement le long de mes joues. Théo aussi est ému, je le voix bien, mais il me prend gentiment dans ses bras. 

- C'est moi qui suis désolé. Je ne voulais pas te faire pleurer, souffle-t-il contre mon épaule. 

- Tu es trop gentil avec moi. 

- C'est bien pour ça que tu m'aimes. 

Mal à l'aise, je m'écarte légèrement de lui pour essuyer une larme. Théo se reprend très vite :

Alive after all - Tome 2 - Edité aux Editions HLabOù les histoires vivent. Découvrez maintenant