"Comment devons nous répondre à ces provocations, Monsieur?
Le vieil homme s'épongea le front, couvert de sueur. Il faisait une chaleur torride, alors que l'été semblait sur le point de se terminer. Mais même l'air étouffant n'était pas plus lourd que la chape de plomb qui s'était abattue sur l'humanité. Un soi disant Dieu, surgit de nulle part, et demandant la coopération, voir la soumission, immédiate et sans condition de tous les gouvernements. Personne ne l'avait pris au sérieux, évidemment. Et puis, lentement, la machine bien huilée de l'économie et de la diplomatie internationale s'étaient enrayée. Les trahisons s'étaient multipliées. Des tensions qui culminaient depuis des dizaines d'années avaient fini par éclater en guerre sanglante partout sur le globe. L'insécurité commençait à se répandre. Et le Dieu était reparut, et avait réitéré sa proposition, relayée dans le monde entier en direct : il avait pris possession de nombreux moyens de communication.
Le président s'épongea une nouvelle fois. Quelle chaleur? Et quel ennui, que ce grossier personnage, ce Dieu de pacotille, avec ses habits bien trop grands, au prix exorbitant, ses yeux toujours cachés par ses lunettes de soleil rouge sang, son teint mat, et son affreux sourire. Il donnait l'impression de toujours avoir un coup d'avance. Mais le président n'allait pas céder.
"La ligne est prête? Demanda-t-il, entouré de tous ses conseillers.
-Oui, Monsieur.
Ils se trouvaient dans le bunker sous la maison blanche, à l'abri de toute attaque de ce fou. Les autres pays avaient laissés aux Etats-Unis l'honneur de donner leur réponse les premiers, s'étant toujours considérés comme le peuple chargé d'une mission divine. Quelle ironie... Tous ces pays qui avaient voulu prendre la place de premier que les Etats-Unis avaient eu tant de mal à obtenir... Et au moindre danger, ils se repliaient, et regardaient faire. Très bien. Ils allaient voir, ce que le pays de la liberté allait leur offrir. Un refus catégorique des avances de ce dingue. Et une bonne bombe en travers de sa sale tête dès que ses hommes auraient géo localisé sa position. Le président sourit. Il n'y avait aucune raison que cela tourne mal. Aucune.
***
Les écrans se floutèrent, puis l'image se précisa. C'était comme quelques semaines auparavant, lors de la première apparition officielle d'Arachne. Ce dernier aimant être vu, il avait, par un moyen inconnu, réussi à prendre le contrôle d'une grande partie des écrans de télévision, d'ordinateur ou d'affichage dans de nombreux pays, et avait ainsi fait sa proposition. Et, une nouvelle fois, apparut sur l'écran la vue d'une île paradisiaque, avec palmiers et piscine, une mer d'un bleu azur en arrière plan, et un transat vide au premier. Le Dieu n'était pas encore là. La pression mondiale monta d'un cran, alors que sur la deuxième partie de l'écran, le visage du président apparaissait. Il était un peu contrarié : on venait de lui apprendre que l'échange était retransmis par un moyen inconnu, et il n'aimait pas trop cela. Mais si cela permettait au monde de voir sa résistance héroïque, il n'hésiterait pas.
Un léger bruit. Le long corps filiforme d'Arachne apparut. Il était terrible. Sa présence faisait trembler les habitants de la planète bleue même à travers leur écran. Il n'était pas repoussant, au contraire ; un charisme surpuissant émanait de sa personne. Mais, même s'il l'atténuait, il ne pouvait faire disparaitre l'effet qu'il avait naturellement sur les mortels. Il était accompagné de deux jeunes femmes sublimes en maillot de bain, qui vinrent se placer chacune d'un côté de lui alors qu'il s'assit dans son transat. Le message était clair : pour lui, cela n'était rien d'autre qu'une formalité au milieu des vacances qu'il se prenait.
Bonjour, humains. J'espère que vous avez réfléchi à ma proposition.
"Nous y avons grandement pensé, grinça le président, peu à l'aise.
Je l'espère. Vous autres humains êtes visiblement incapables de gouverner un monde : vous vous entretuez, vous vous entredévorez. Vos gouvernements abattent impitoyablement les plus faibles, alors que les riches engrangent toujours plus leur richesses. Je mettrais un terme à ce système corrompu, je mettrais fin à vos guerres incessantes, et je ferais de ce monde un monde parfait... sous mon règne.
Il fronça légèrement les sourcils, et son sourire s'élargit. Il était conscient que le monde entier l'écoutait. Et chacun le comprenait dans sa propre langue, car son moyen de communication était bien plus développé qu'une simple parole.
Aucune personne prétendant agir pour le bien du plus grand nombre ne refuserait une telle proposition... n'est ce pas?
Le président devint rouge suite à cette insinuation.
"Vous proposez de tous nous réduire en esclavage, oui! Vous nous proposer de renoncer au contrôle de notre existence, que Dieu nous laissa lorsqu'il se sacrifia pour nous! Vous n'êtes pas un Dieu, vous n'êtes qu'un imposteur... et jamais, nous ne céderont devant vous!
Le sourire du Dieu disparut, et laissa place à un air neutre. Puis, encore plus intriguant, un regard légèrement déçu.
C'est vraiment dommage. Eh bien, tant pis. Et bonne continuation, président. J'espère que votre espèce n'abimera pas trop rapidement ce qui reste de ce monde. J'en connais qui n'aimeraient pas trop... Bien, sur ce...
Le monde était abasourdit. Ça allait se finir ainsi? Il allait abandonner aussi simplement? Cela semblait irréel. Mais, en même temps, un grondement sourd surgit de la bouche de millions de gorges opprimées, désespérées, qui s'insurgeaient. Un monde idéal était enfin à portée de main. Et, simplement par honneur, au nom d'un seul pays, il allait disparaître ainsi? C'était intolérable. C'était l'injustice de trop. C'était...
"C'est trop!
Le monde releva les yeux vers l'écran. Un des gardes du président. Qui avait sorti son arme, et la pointait vers le chef d'état.
"Que faites vous? Rugit ce dernier. Vous êtes fou?
-C'est vous qui êtes fou! Vous êtes aveuglés par vos hauts principes et par l'argent que ces connards de milliardaires ont craché dans votre campagne! Vous n'êtes pas neutre! Vous n'êtes pas représentatif de ce que veut le peuple! Vous n'êtes pas...
L'émotion lui serra la gorge. Ses yeux injectés de sang s'agrandir sous le coup de la rage.
"VOUS N'ÊTES PAS DIGNE DE DÉCIDER POUR NOUS TOUS!
Le coup partit. La transmission coupa. Et l'air déçu d'Arachne se transforma en un sourire diabolique.
Puisqu'il y a visiblement des personnes qui veulent de ce monde idéal que je vous promet... alors je vous l'offrirait!
Sa transmission coupa également. Et le monde s'embrasa.
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L'Amazone [Tome 2] [Inachevé]
WerewolfAlors que le Dieu Arachne s'est réveillé et s'est engagé dans une guerre ouverte contre humains et surnaturels, Katarina, Kyne, Maya et Cassandre s'entraînent durement dans les montagnes, préparant leur grand retour. Mais auront-elles le niveau pour...