Eos l'amoureuse

368 16 10
                                    



Eos l'amoureuse, Aurore aux doigts de rose,

Chaque jour recommence ta course émerveillée.

Eos l'amoureuse, Aurore aux doigts de rose,

Tu m'inspires, rêveuse, ce chant ensommeillé.


Lumière incandescente chaque jour révélée,

Toi qui dans d'autres temps enfantais les Zéphyrs,

Vois-tu où ton amour des mortels t'a menée ?

Sens-tu les conséquences de ton cruel désir ?


Sur Terre les humains passent comme des feuilles,

Mais tu les aimes trop ces créatures d'argile.

Ne peux-tu te résoudre à en faire le deuil ?

Face à tant de jeunesse ton cœur devient fragile.


Déesse, te voilà insatiable d'étreintes

Depuis que ta rivale, beauté au doux sourire,

Sur ton cœur, imprudente, a marqué son empreinte.

Sa revanche elle l'aura dans tes nombreux soupirs.


Te voilà inconsciente éprise de cœurs tendres,

Voleuse d'Adonis que tu caches, jalouse.

Le plus beau d'entre tous tu le mènes en ta chambre,

Et dans ton lit nuptial l'enlaces, l'aimes, l'épouses.


Le Dieu qui t'écoute exauce ta prière,

Mais ton vœu, insensée, n'était qu'un demi vœu.

Il fait un immortel de celui qui t'est cher,

Mais bientôt la vieillesse le pousse aux aveux.


Chaque jour ta clarté dévoile sa lassitude,

Te voilà dévouée à un bien piètre amant.

Ton souffle toujours neuf trahit sa désuétude,

Il est faible et vieillard, et tu l'aimes pourtant.


Tu consens chaque jour à ce chant qui succombe.

Aux confins de la Terre il se meut en cigale.

Ta demeure sera son éternelle tombe,

Entends-tu dans les airs ses muettes cymbales ?

Nouvelles dansesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant