PDV Gwen
Nous étions à la limite de la ville et Loup avait déjà faim... je crois que pendant notre périple, je vais le laisser seul au bord d'un chemin pour qu'il comprenne ce qui est vraiment grave. Depuis qu'on avait quitté la boulangerie, il n'avait fait que sauter partout et exprimer sa joie à voix haute. Puis il me posa quarante mille questions sur ce qu'on allait faire, sur tous les endroits où nous allions dormir et quels châteaux et familles puissantes allions nous apercevoir. En vrai, je n'avais absolument aucune idée de ce qui allait nous arriver, je ne pouvais répondre à aucune de ses questions.
La garde royale aussi était prête à quitter Port-Réal. Pourquoi ? Je ne savais pas, sûrement en raison du triste sort qui s'était abattu sur la Main du roi. Je savais juste que pour leur voyage vers je-ne-sais-où, ils emmenaient des quantités de nourriture qui devaient se sentir jusqu'à l'autre bout de Westeros. Leurs chars en étaient remplis !
Nous étions sur le point de partir, alors, exceptionnellement, j'autorisai Loup à tenter de leur voler quelque chose après que j'échafaudai un plan de diversion. Je donnai mon sac à mon frère avant de relever mes manches sales. Je me mis à avancer d'un pas sûr en direction d'un des gardes ; il était retourné, j'avais les poings serrés. Je me dis qu'il ne fallait pas avoir peur d'un stupide soldat alors que j'allais sûrement avoir en face de moi bien pire durant notre trajet. En plus, mon frère avait besoin d'être rassuré. Je me retournai pour voir s' il me regardait. Mais non. Il se curait le nez... Je n'étais plus qu'à quelques pas de l'homme, alors je sautai pour frapper de plein fer son armure dorée.
Double coup. Non seulement je me tordis le poignet sans lui faire mal, mais aussi, pour couronner le tout, il réussit à me soulever et à me jeter par terre pour me donner de méchants coups dans les côtes, tout en m'insultant. Une fois bien défoulé, il partit en grognant et je me relevai, non sans peine. Ça commençait bien. J'avais le nez en sang et le flan de mon corps bleui. Je partis rejoindre mon frère et le trouvai derrière un escalier : il s'empiffrait de viandes crues en pleurant de joie. Diversion réussie, Loup avait dévalisé les chars et avait bourré son sac et ses poches trouées de ces mets. Je me jetai à ses côtés et dévorai un bout de saucisson. Nous n'avions jamais autant mangé car notre nourriture quotidienne n'était autre que les restes de pain que le vieux boulanger faisait cramer. J'arrêtai le blondinet qui était en train de nous vider les provisions et lui dit :- Les misérables qui vivent ici ne vont pas tarder à se jeter sur nous pour nous prendre ce qu'on a volé.
Il était temps de partir.
* * *
Nous avions passé la porte des Dieux, elle était gardé par cinq gardes menaçants qui bloquaient toutes marchandises rentrant dans Port-Réal. Nous passâmes néanmoins sans problèmes. Nous marchions silencieusement même si au fond de nous, notre cœur bouillonnait de plaisir et de peur. Loup brisa enfin le silence :
- Je ne veux pas t'embêter mais, on va où ? je veux juste dire que maintenant il faudrait qu'on s'affole et qu'on trouve un refuge pour cette nuit non ? Enfin, on a bien le temps...
Il était affolé, il n'avait que douze ans. Mais, c'est qu'il a douze ans aujourd'hui !!! j'avais complètement oublié son anniversaire ! Je me mis soudain à transpirer, le couteau... je lui avais acheté un joli couteau à la lame bleue, mais le doute m'envahit : était-il à la boulangerie ou dans mon sac !? Je fit un petit détour pour aller faire mes besoins, Loup m'attendait. Je ramenai brusquement mon sac vers moi et l'ouvris : le couteau était bien là, avec son Etui à lame.
Nous arrivâmes à la lisière d'une forêt, nous étions seuls et c'était d'une beauté incomparable à Culpucier, nous n'en avions jamais vu auparavant. Mon frère était complètement fou, il dansait et chantait. Les arbres étaient d'une taille immense et le sol était couvert d'épines de conifères, le ciel était bleu et les rayons dorés du soleil venaient caresser nos visages à travers les branches. Je voulais pleurer, pourquoi ne sommes nous pas partis plus tôt? Vivre dans la verdure de la nature serait une bonne idée pour notre avenir. Nous vîmes une petite rivière, avec un ruissellement doux. Elle formait des bassins naturels, l'eau était claire et transparente, alors, pris de folie et de joie, j'enlevai mes vêtements et plongeai dans l'eau froide du torrent, suivi de Loup qui m'éclaboussa. Je pensais ne pas être loin du paradis après avoir passé dix-sept ans dans le quartier le plus sale du continent. Je sursautai quand je sentis quelque chose m'effleurer le mollet droit. C'est alors que je vis un énorme poisson aux écailles bleues :
- Eh Loup ! Viens vite voir !
On essayait de l'attraper pendant un bon quart d'heure, mais en vain. Je crois que nous n'avions jamais autant ri de toute notre vie et nous étions enfin libérés des griffes de la capitale.
Je sortis de l'eau et m'approchai des affaires, c'était le moment pour lui offrir la lame. Je cachai derrière mon dos le couteau et m'approchai de Loup alors qu'il jouait avec les petites cascades. Je lui fis signe de venir et après quelques râlements, il sortit de l'eau. Je lui tendis alors la petite dague et lui souris :
- Bon anniversaire!
Il écarquilla alors les yeux, entre-ouvrit la bouche et tendit ses bras, tremblant. Ses yeux verts clignotèrent deux ou trois fois et il réussit à me murmurer :- Meuu, Mais... tu, enfin, pour moi ?
- La lame bleue de la forge, tu t'en souviens ? Tu m'en as beaucoup trop parlé alors je me suis dit que le seul moyen de te faire taire c'était de te l'offrir...
Il se jeta dans mes bras en pleurant de toutes ses larmes.
Et j'ai eu droit à des "merci" ou des "je t'aime mon frère adoré" pendant une bonne heure.
Après nous être bien rincés et décrassés dans la rivière, nous sentîmes en nous de nouvelles personnes, plus aucune odeur de Port-Réal ne dégageait de nous, notre peau était devenue claire et nos cheveux étaient d'un blond étincelant. Nous nous préparions à dormir sur ces lieux, la lune se levait et le ruissellement de l'eau nous apaisait. Loup avait peur mais d'avoir le couteau avec lui le rassurait. Je lui dit alors calmement :- Il n'y a personne dans les parages, le climat nous est favorable et aucune bête dangereuse ne doit vivre ici. Ou alors elles doivent toutes dormir. Tout va bien se passer Loup.
- Merci Gwen. Je veux juste savoir... On va ou demain ?
Je soupirai. Il fallait bien trouver une solution. Avec une voix sèche je lui répondis :
- On va au Nord.
Il me sourit.Le souffle léger du vent nous fit fermer les yeux. Il ne fallu que quelques minutes pour que mon frère dorme profondément. Je suis responsable de lui plus que jamais à partir de maintenant. Nos vies sont liées et si il arrive malheur à l'un de nous, la vie de l'autre ne tiendra plus qu'à un fil.
Je me recroquevillai et suppliai les Sept de nous garder vivants.
Que l'avenir nous prenne en main, laissant le passé s'effacer.

VOUS LISEZ
Winds of Westeros
عشوائيOn a longtemps pensé à partir de la capitale, loin des conflits des nobles et loin de la chaleur insoutenable, on pourrait peut-être manger autre chose que du pigeon. Mais comment on survivrait ? Une lecture dans Westeros avec plusieurs personnages...