Célestine

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12 juillet, 13h06, appartement de Célestine.

Voilà plus de trois heures que je m'efforçais de rassembler les fragments de cette nuit étrange. René, ses paroles cryptiques, et cette idée absurde que j'étais devenue "la clé". Mais pourquoi moi ? Qu'est-ce qu'il savait sur Adam que je ne savais pas ?

— Qui diable donne rendez-vous à une fille au lever de la lune ? grognai-je en lançant la télécommande de la télé sur le canapé. Qu'est-ce que c'est, un vampire ou un loup-garou ?

Un soupir m'échappa alors que mon téléphone, vibrant sans relâche depuis plusieurs minutes, me tirait de mes pensées. À contrecœur, je me penchai pour l'attraper sur le sol.

— Que me vaut l'honneur d'un appel de ta part ? lançai-je d'une voix nonchalante.

— Tu dormais encore ? Il est déjà midi passé, répliqua ma mère, le ton sec comme à son habitude.

— Non, je ne dormais pas. Je réfléchissais, rétorquai-je en essayant de cacher mon irritation.

— Réfléchir, vraiment ? À quoi donc ?

— Ça ne te regarde pas, coupai-je, impatiente.

— Charmant. Toujours de bonne humeur à ce que je vois. Enfin bref, j'appelle pour une raison précise. Il est temps de ressortir ta robe du placard. Nous sommes invités au bal de la famille Molderson ce soir.

— Suis-je obligée de m'y rendre ? répondis-je en traînant les mots, déjà agacée à l'idée.

— Oui. Une voiture viendra te chercher à dix-sept heures. Et je t'en prie, pas d'alcool cette fois-ci.

— Comme si j'y avais pensé... mentis-je du bout des lèvres. Et quel est le prétexte cette fois pour ce bal ridicule ? Ce n'est pas comme si les Molderson nous portaient dans leur cœur depuis que père a humilié Gérald à sa fameuse partie de chasse.

Un silence s'installa, et ma mère reprit d'un ton surpris.

— Tu n'as pas entendu la nouvelle ?

— Je m'intéresse aussi peu aux ragots mondains qu'aux potins de mes voisins, rétorquai-je, sceptique. Qu'ai-je bien pu rater ?

Elle prit une inspiration, comme si elle savourait l'impact de la révélation à venir.

— Leur fils, Ascian, est revenu.

Le choc me traversa comme une décharge électrique. Ascian ? Revenu ? Le souffle coupé, je me levai d'un bond de mon vieux canapé, le cœur battant à tout rompre.

— Revenu ? Mais... n'était-il pas... mort ? articulai-je avec difficulté.

— Disparu, Célestine, pas mort, corrigea-t-elle, un brin de reproche dans la voix. Il était porté disparu depuis des années. Et pour célébrer son retour, Gérald organise ce bal de charité. Alors, prépare-toi, et par pitié, ce soir, ne joue pas les détectives.

Je l'entendis à peine. Mon esprit s'emballait. René, avec ses étranges allusions sur Adam, et maintenant, Ascian, de retour après tout ce temps... La coïncidence était troublante, trop troublante pour être ignorée. Tout cela ne pouvait pas être un simple hasard.

— Je n'ai pas l'intention de mener une enquête ce soir, mentis-je à nouveau, tentant de maîtriser mon ton.

— Fais-moi plaisir, Célestine. Dépoussière ta robe et sois... appréciable. Ne nous fais pas honte.

La conversation se termina sur ces mots, mais mon esprit était déjà ailleurs, fouillant dans les implications de ce retour inattendu. Ascian, René, Adam... Tout semblait soudainement lié, et l'idée qu'il y ait quelque chose de plus grand en jeu ne cessait de grandir en moi.