Lettre n°4

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À Paris, le 2 octobre 1913

Ma belle aimée,

Quand tu liras ces mots il sera sans doute trop tard, tu auras sans doute déjà attendu toute la journée et la nuit en espérant que j'arrive finalement... Ta lettre s'est perdue et elle m'a été transmise en ce jour. Je m'en veux terriblement ! J'aurais voulu être présent, être là près de toi pour te voir virevolter dans les airs et sentir ton odeur qui m'est chère. Je suis impardonnable mais si tu arrives à me pardonner alors je serais l'homme le plus chanceux au monde !

Douce étoile de mes nuits, j'ai toujours su que tu avais de l'or au bout des doigts, Colette a de la chance de t'avoir avec elle. Ne prête pas trop attention aux précieuses qui viennent dans l'échoppe, elles ne savent pas ce qu'est la vraie vie et le dur labeur. En parlant de dur labeur, je pense que je vais quitter mon travail. Je ne supporte plus d'être traité comme un moins que rien par mon chef, celui-ci est un idiot fini... excuse-moi du langage que j'emploie, tu n'as pas à subir ma fatigue et mes doutes mon amour. Je ne sais point encore ce que je ferais et où je travaillerais si je quitte mon travail mais je trouverais ! J'espère que tu me soutiendras dans mes projets quels qu'ils soient, ton soutien m'est primordial pour supporter ma vie, ou plutôt ma survie, loin de toi...

La semaine dernière j'ai fait un rêve, tu étais avec moi, nous étions en Écosse je crois. Tu courais devant, main dans la main avec une petite fille, il me semble qu'elle t'a appelée « Maman ». C'est à ce moment-là que j'ai compris que je voulais vivre avec toi toute ma vie ou du moins assez longtemps pour rencontrer nos enfants et leur prouver que l'amour existe bel et bien, et que la perfection aussi. Tu feras une mère magnifique, une mère forte et fort belle !

Excuse-moi encore une fois ma chère,

je t'aime infiniment,

Eugène

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