Chapitre 1: Promesse(s)

43 9 4
                                    

Ce jour là, il pleuvait encore, comme si le ciel partageait ma tristesse. Après la mort de ma mère, je partait vivre chez un père que je n'avais jamais connu. Je déménageait loin de tout ce que j'avais connu, loin tout ce que j'avais aimé. Heureusement, il me restait mon frère!

Alors que la voiture dans laquelle je me trouvait commençait à quitter la ville, ma ville, je regardai à l'arrière. Je faisais mes derniers adieux à cette ville que je connaissait mieux que le fond de ma poche, mieux que mon père qui conduisait. Mon grand-frère, Shiro et moi on faisait la gueule. Ni lui ni moi ne voulions aller chez notre père. Il nous avait abandonnés à peine un mois après ma naissance, donc c'est comme si je l'avais vu pour la première fois ce jour-là. Il m'avait énervé dès les premiers instants en faisant comme si on pourrait un jour se considérer comme une véritable famille!

Quand la ville eut entièrement disparut de mon champs de vision, je me contentai de regarder les gouttes de pluie sur la vitre avec la musique à fond dans mon casque.

Deux heures et demi plus tard, nous sommes arrivés chez lui, dans une petite ville qui avait tout ce qu'il faut: une bibliothèque, un centre-ville avec plusieurs boutiques, un cinéma, plusieurs fast-food, plusieurs collèges et lycées.

Une fois arrivés dans son appartement, il nous confia un trousseau de clés chacun et nous montra nos chambres.

-Quand vous vous serez installés, rejoignez-moi dans le salon pour qu'un apprenne à se connaître.

-Pourquoi tu continues à jouer au père parfait? demanda Shiro, lui adressant la parole pour la première fois.

Mon père eut un sourire triste et dit:

-Si c'est ce que tu veux dire par là, je n'ai pas choisit de vous abandonner, si j'avais eut le choix je serais resté avec votre mère.

Je haussai simplement les épaules et m'en allai dans ma chambre. Je n'en avais rien à faire. Il avait abandonné ma mère sans lui donner aucune explication, ça me suffisait pour le détester.

Je me laissais tomber la face contre l'oreiller sur mon lit après avoir glissé ma valise dessous. "Je rangerais plus tard" me dis-je.

Je restai dans cette position quand mon frère entra, sans frapper bien évidemment,  quelques minutes plus tard. Il s'assit à côté de moi sur le lit en soupirant. 

-C'est ma chambre, tu le sais, hein? grognai-je.
-Oui, mais j'ai bien le droit de venir te faire chier de temps en temps, non?
-Oui. Non. Peut-être.
-Tu sais que t'es pas censée utiliser toutes les réponses possibles? soupira-t-il.
-Yep. Nope. Maybe.
-... Ça t'arrive d'être sérieuse des fois?

-Ben je suis dans les règles, tu viens me faire chier, je te fais chier! m'exclamai-je en me redressant.

Il ne répondit pas, il se contenta de m'observer longuement. Finalement, il dit ces simples mots en prenant une voix grave:
-Tu vas passer un sale quart d'heure...

Hilare, je tente de m'enfuir tandis qu'il se lève. Il finit par m'attraper au bout de trente secondes, ma chambre étant bien trop petite pour ce genre de jeux.

-Bon, faudrait peut-être qu'on y aille, dit mon frère en me relâchant. 
-Et puis quoi encore?

-Tu penses pas qu'on devrait lui laisser une chance de s'expliquer?

-Oui. Non. Peut-être.

-Tu sais que tu peux faire des choix de temps en temps? soupira-t-il

-Non. C'est plus simple si je ne choisit rien.

Je me suis à nouveau laissée tomber sur mon lit, sur le dos cette fois.

-Allez! On y va ! dit-il en me soulevant aussi facilement que si j'étais une feuille de papier avant de me hisser sur son dos.

-Pose moi par terre! Je suis plus une gamine!

-Typiquement le genre de chose que dit une gamine, rit-il en remuant de gauche à droite et de droite à gauche.

-Arrête! Je me sens pas bien...

Finalement, il arrêta de faire l'imbécile et me posa doucement sur le lit.

-Ben, je t'avais dis que j'étais venu t'emmerder!

Je ne répondit pas. Je me tenais la tête entre les mains. Une horrible migraine m'assaillit. Des milliers de couteaux me transperçaient le crâne en même temps.

 Et puis tout à coup,
  Le noir.

   Le vide.

    Le silence.

-

-

-

-...ya ! ...eille...t... ! ...m'en... ? ...ya!

Des bruis confus me parvenaient. Comme si quelqu'un murmurait de bouts de mots dénués de sens.

-...lez... eille...oi!

Quelque chose de mouillé tomba sur mon visage. J'ouvris finalement les yeux pour voir mon frère, paniqué, qui essuyait les larmes qui coulaient abondamment sur ses joues.

-Tu fais plus jamais ça, d'accord? dit-il en me serrant dans ses bras.

Je ne répondit pas. Ce n'était pas la peine. Lui comme moi savions parfaitement que ça se reproduirai étant donné que je l'avais déjà fait une fois par le passé. Je ne lui rendit pas son étreinte non plus.Je ne m'étais jamais sentie aussi faible. Je me contentai de poser ma tête sur son épaule et de murmurer:

-J'ai peur Shiro... qu'est-ce qui va m'arriver?

A l'entente de ces mots, il resserra son étreinte.

-Quoi qu'il arrive, je ne te laisserai pas partir, je te le promets!

"Mais... les promesses sont faites pour être rompues..." pensai-je.

-Tu me fais pas confiance? demanda-t-il, sentant le doute m'envahir.

-Si, mais... Tu peux pas promettre ce genre de choses... La vie c'est pas un jeu vidéo. Si t'as fait une connerie, tu peux pas charger ta sauvegarde ou recommencer la partie, une fois que t'as plus de vies t'es vraiment mort.

-Tu crois que tu m'apprends quelque chose?

-T'as l'air de pas être au courant des fois. A moins que t'ais des pouvoirs magiques, ta promesse c'est du vent.

Il détourna le regard.

-Bon, tu voulais lui laisser une chance de s'expliquer, non?

-Ouais...

Il avait visiblement perdu toute sa motivation.

-Allez, fais pas cette tête, il me reste du temps!

-Qu'est-ce que t'en sais, tu refuse d'aller voir un médecin!

-Je te promets de demander d'aller en voir un si t'arrêtes de faire cette tronche!

-Juré? demanda-t-il en me tendant son petit doigt.

-Juré, confirmai-je en serrant son auriculaire avec le mien.

Il fit un grand sourire. Je sais pertinemment ce qu'il pensait: "Shiro 1 - Liya 0". Depuis "l'incident", il n'avait pas arrêter de me dire "Si ça se trouve, c'est grave, tu devrais le dire à maman!" Si j'avais toujours refusé c'est pour deux très bonnes raisons (selon moi): je ne voulais pas causer plus de soucis à ma mère qu'elle ne s'en faisait déjà, et puis... j'avais peur, non, j'étais effrayée à l'idée que ce soit vraiment très grave. Mais j'y avais pensé tout au long du trajet: "maintenant que maman est... n'est plus là, on est plus que tous les  deux, et, à sa place, je ne saurais plus quoi faire si il mourrait..." 

Je me levai et lui dit: 

-Bon, tu viens?

Éclats De VerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant