Chapitre 2: Non-dit(s)

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Pendant que nous discutions dans ma chambre, notre père avait préparé des cookies. J'ai du mal à l'avouer, mais il avait séduit mon estomac. Il nous sourit et posa une assiette pleine de cookies sur une table basse devant un canapé et nous invita à nous asseoir.

-Alors, vos chambre vous plaisent? demanda-t-il

-Ouais, disions nous d'une même voix neutre.

-T'as dit que t'avais pas choisit de nous abandonner, tu peux être plus clair? ajouta mon frère.

-C'est...compliqué...

-Tu ne veux pas nous expliquer?

-Écoute, je sais que tu as vraiment envie de savoir pourquoi on ne se connaît pas, mais, le passé est le passé: ce qui compte maintenant c'est le présent.

-Mais si... hésitai-je. Si tu n'as vraiment pas choisi de nous abandonner, pourquoi tu évite le sujet?

Après un temps de réflexion, il répondit:

-Parce que je sais que vous me détesterez.
-On te déteste déjà, et puis je croyais que tu n'avais rien à te reprocher? répliqua Shiro.

-Vous savez quoi? Je vous demanderai jamais de rien faire si on en parle plus! Je...je ne suis pas prêt à en parler... Désolé, je sais que vous avez besoin de savoir, mais je ne peux pas vous le dire pour l'instant.

Je ne répondis rien, comme d'habitude. Je n'avais rien à dire, je savais très bien qu'il ne nous le dirait pas. Mais pourquoi? C'était ça la vrai question. Un silence pesant régna pendant plusieurs dizaines de longues secondes. Finalement, ce fut mon père qui brisa le silence:

-Prêts pour le collège demain?

-Je suis au lycée... marmonna Shiro.

-Ah, oui, de toutes façons le collège et le lycée sont au même endroit.

Mon frère posa sur moi un regard intrusif qui disait clairement: "Quand est-ce que tu lui parles de ton problème?"

Je pris une grande inspiration avant d'expliquer la situation à mon père: les horribles migraines suivies d'une inévitable perte de connaissance. Il pâlit visiblement et me dit:

-Ta mère avait le même problème, ça doit être héréditaire... mais... ça s'est déclaré bien plus tard chez elle... Les médecins n'avaient pas pu trouver la source de cette maladie, ils ne pourront rien faire pour toi...

Shiro me regardait. Comme je ne disais rien, il demanda:

-C'est à cause de ça qu'elle est morte? Les médecins n'ont rien voulu nous dire.
-Euh... oui.
-Mais pourquoi on ne savait pas qu'elle était malade?

Cette fois, c'est moi qui le fixait.

-À ton avis? Elle ne voulait pas qu'on s'inquiète, répondis-je.

Je crois que c'est à ce moment qu'il a réalisé à quelle point je ressemblais à ma mère.

~★~

Le lendemain, le ciel était enfin dégagé. Premier jour dans un nouveau collège dans une nouvelle ville. Je n'avais jamais eu moins envie d'aller en cours: être nouvelle impliquait de ne pas passer inaperçue, or, je détestais sentir les regards se poser sur moi. Le pire, c'est que comme on est en plein milieu d'année, tout le monde va me demander: " Pourquoi tu as déménagé? " et c'était la dernière des questions auxquelles j'avais envie de répondre.

Une fois arrivée dans la salle d'histoire-géo, la professeure, madame Pline, qui était aussi ma prof principale m'invita à me présenter.

-Je m'appelle Emiliya Nami, j'ai quatorze ans.

Éclats De VerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant