Chapitre zéro

149 24 33
                                    

Je regarde ma montre toutes les deux minutes.. J'ai dit à mes parents que je ne me sentais pas bien, que je ne voulais pas aller avec eux à leur - stupide - gala de charité. La cause qu'ils défendent est admirable mais le moyen d'y parvenir est détestable. J'ai horreur de ses soirées interminables et extrêmement ennuyeuses, dans laquelle on ne parle que de travail, de politique ou de business.. Dans laquelle tout le monde se chuchote des mots doux alors que la plupart sont d'une hypocrisie intempestive.

De plus, Matthiew aurait dû venir mais Dieu seul sait à quel point il m'exaspère celui-là. Nonobstant, il est assez mignon. Un mètre quatre vingt cinq pour soixante-quinze kilos et des yeux bleus à tomber à la renverse. Seulement, il est d'un ennuie mortel, il me donne le cafard. Soit beau et tais-toi ? Ce n'est pas ce que je recherche chez un homme !
Quand - mes parents nous forcent à rester ensemble - parce que bien sûr ce sont eux qui ont choisi mon petit ami, nos soirées sont d'une monotonie incommensurable. Si on commence ce train de vie à dix-sept ans, qu'est-ce que ça sera dans dix ans ?

Si je disais à mes parents que je me trouvais à une fête organisée par des élèves de ma classe, je me prendrais très probablement un savon. J'entends déjà ma mère me dire que c'est inacceptable de rester avec des gens d'une telle bassesse. En outre, je ne vous conseille pas de participer à une soirée chez des personnes fortunées ou même de vivre parmi eux, l'ennuie est assuré. Ce n'est pas du tout comme chez vous, où vos parents font la fête, boivent un peu trop et rigolent sans cesse. Ici c'est rigueur et sobriété.. Voilà, c'est comme ça que nous vivons nous les riches, entre riches un point c'est tout.

Néanmoins, je n'ai pas du tout les mêmes valeurs qu'eux. J'ai toujours été une personne humble, serviable et foncièrement gentille.
Depuis mon plus jeune âge, j'ai toujours - essayé - de me rebeller contre ces règles complètement absurdes et dictatoriale. Je sais d'où je viens, d'où mes grands-parents viennent. Mes parents visiblement, l'ont oublié mais moi je ne l'oublierai pas. Mon père a eu beaucoup de chance en affaires, il a fait confiance aux bonnes personnes et a placé notre argent dans de grosses actions qui a rapporté gros. Cette richesse a changé la mentalité de mes parents, j'espère que ça ne changera jamais la mienne. Je préfère passer du bon temps avec des personnes inférieures à mon rang social que de m'embêter avec des personnes analogues à mon statut. Statut ? Rang social ? Qu'est-ce que ça veut vraiment dire après tout ?

- Tu veux que je te ramène chez toi ? me dit ma voisine de table. Je dois rentrer de toute façon.

Je regarde une dernière fois autour de moi mes collègues faisant la fête près de la piscine. Je n'ai vraiment aucune envie de partir, je m'amusais bien. L'ambiance est joyeuse, festive, si différente de l'ambiance familiale actuelle.

- Oh, oui je veux bien ! Il faut que je rentre avant que mes parents reviennent.

Je la suis légèrement exaspérée jusqu'à la voiture et lui explique gentillement que la situation dans laquelle je suis me déplaît et non sa présence. Une fois arrivée devant ma villa démesurément grande pour seulement trois personnes, je la remercie poliment. La seule chose que mes parents auront réussi à faire correctement c'est de m'inculquer la politesse. Attention, n'allez pas vous méprendre sur mes propos. J'aime mes parents de manière inconditionnelle, simplement je n'apprécie pas le fait qu'ils dictent les moindres aspects de ma vie, les amis avec qui il est bon de se faire voir, le petit ami avec qui je dois me marier ou même les études que je dois entreprendre.

Au même moment, je reçois un appel, je décroche aussitôt.

- Bonjour, vous êtes bien mademoiselle Hale ? Lucy Hale ?

- Oui, c'est exact. elle me coupe.

- Bonjour, je suis une infirmière du Fairview Hospital. Vos parents viennent d'y être admis suite à un accident de voiture. Ils sont dans un état relativement critique pouvez-vous venir ?

Mes mains tremblent. Sans prendre la peine de répondre, je raccroche le téléphone et souffle un instant. Hôpital ? Parents ? Tout ces mots étaient confus dans ma tête, je n'arrivais pas à.. à me concentrer ni même tout simplement à réaliser ce qui était en train de se passer.

Comme la femme me l'a expressément demandé, il fallait que je me rende à l'hôpital. Ce que je fis.

- Bonjour, vous m'avez appelé au téléphone. Mes parents sont ici ? je panique intérieurement mais reste statique extérieurement.

- Nous n'avons pas encore d'information. Veuillez patienter en salle d'attente.

Les minutes paraissent interminables. Mon cœur bat à tout rompre et mes jambes tremblent. J'ai chaud puis froid. Je n'ai jamais été croyante, ni cru à une instance supérieure mais je prie intérieurement espérant recevoir une bonne nouvelle. Je ne sais pas comment j'arriverai à vivre sans eux. Je verse une larme et regarde l'aiguille tourner dans l'horloge.

Une femme d'une trentaine d'années, sûrement celle que j'avais eue au téléphone arrive vers moi.

- Madame Hale ? dit-elle en me cherchant des yeux.

- Oui c'est moi ! je me lève de mon siège en une fraction de seconde.

Elle s'éloigne du reste de la foule. Je la suis avec crainte.

- Je suis vraiment désolée mademoiselle.. mais vos parents ont succombé à leurs blessures. Ils ont lutté avec force mais cela n'a.. je l'a coupe.

Les incessants chuchotements s'amenuisent à l'instant même où elle prononce les mots « ont succombé ». J'ai l'impression que le monde, autour de moi c'est arrêté, que le temps s'est figé, et que mon cœur a cessé de battre.

- Comment est-ce arrivé ? Non, ce n'est pas possible..

- Ils ont été victimes d'un accident de voiture, une collision avec un chauffeur ivre qui s'était endormi.. rajoute-elle avec un calme déconcertant.

À ces paroles, je m'écroule au sol, en pleure. Évelyne, l'infirmière, pose sa main sur mon épaule. Son contact est si rassurant que mes larmes arrêtent de couler le long de ma joue. Je n'en suis pour autant pas moins brisée, épeurée. Je réalise alors que j'avais perdu ma famille. Le monde autour de moi était en train s'écrouler.

- Je comprends votre douleur mademoiselle. Nous vivons ça tous les jours ici.

Sa phrase m'horripile. Elle essaye d'être gentille mais comment peut-elle comprendre ce que je vis, ma douleur ou ma souffrance ? La vivre et ne faire que la penser c'est différent.

The lovely boyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant