Chapitre 1

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- MERLIN ! hurla le prince Arthur en tournant dans les couloirs du château.

Encore une fois, son bon à rien de serviteur avait disparu. Il n'était jamais là quand on avait besoin de lui ! Ses talents de valet laissaient déjà à désirer mais si de surcroît cet idiot se permettait de disparaître quand ça lui chantait, nul doute qu'il était le pire serviteur du monde. Arthur aurait parié cent pièces d'or que Merlin se trouvait à la taverne, comme cela arrivait bien souvent. Le prince ouvrit violemment la porte des appartements de Gaïus en vociférant :

- Gaïus ! Savez-vous où est passé ce bon vieux Merlin ?

- Eh bien sire, c'est que...

- Il est à la taverne, c'est ça ? Inutile de le couvrir ! répondit-il sans attendre la réponse du médecin qui n'avait pas eu le temps de réfléchir à une excuse. Peut-être que si je le payais moins, il passerait moins de temps à se saouler à la taverne !

Le prince quitta la pièce furibond, laissant un Gaïus totalement désemparé. L'homme referma l'ouvrage duquel Arthur l'avait tiré en levant un sourcil circonspect. Il lança un regard inquiet à la chambre de Merlin au fond de la pièce, dans laquelle il pouvait voir son lit qui n'avait pas été défait. Le jeune sorcier n'était pas rentré de la nuit, ce qui n'était pas dans ses habitudes. Gaïus se demandait s'il devait se faire du soucis pour son jeune protégé. Pourvu que Merlin ne se soit pas encore fourré dans quelque pétrin...


***


Merlin émergea d'un sommeil profond. Il sentit d'abord la rudesse du sol, puis l'humidité des feuilles d'arbre sur sa peau, et une lumière éblouissante l'obligea à refermer rapidement les paupières. Il n'était pas dans sa chambre. Il se redressa, étourdi et confus, ne sachant pas ce qu'il faisait allongé au beau milieu de la forêt. Soudain, un mal de crâne atroce lui vrilla les tympans. Ça y est, cela lui revenait ! Il scruta d'un regard sombre la créature qui gisait au sol. Elle était abominable, avec des ailes de dragons, des yeux de serpents, des griffes de lions, une peau écailleuse, c'était l'engeance même de l'ancien culte. La chose était morte avant d'avoir pu semer le chaos à Camelot. Encore une fois, le jeune sorcier avait sauvé le royaume sans que nul ne le sache. Cela convenait à Merlin, mais parfois, il aurait aimé qu'on le reconnaisse pour ses actes, notamment, qu'Arthur ne le traite pas comme un moins que rien, un lâche et un idiot. Si seulement il savait... Mais cela n'était pas possible, pas avec le risque d'être exécuté. Tout ce qu'il recevrait en rentrant à Camelot, ce seraient des reproches, des sermons, ainsi que de nombreuses corvées. Il espérait qu'il n'avait pas été inconscient trop longtemps. La bataille contre ce monstre avait été rude et il était tombé après l'avoir vaincu. Le soleil était déjà haut ; il devait se hâter.

Comme prévu, les cris ne tardèrent pas. Dès que Merlin eut franchi les portes de la chambre d'Arthur, celui-ci le toisa d'un regard furieux, noir de colère, avant de lui lancer ses bottes à la figure.

- Sais-tu ce que signifie être le valet d'un futur roi, Merlin ?!

- Devoir le supporter jour et nuit ? répondit Merlin en esquivant la chaussure royale.

- Très drôle ! répliqua Arthur en attrapant son serviteur par le col et en le tirant vers ses affaires éparpillées.

- Tu dois polir mon armure, ranger mes appartements, laver mes affaires, cirer mes chaussures, et sur le champ ! Je crois que tu t'es suffisamment reposé à la taverne pour ce mois !

Merlin attrapa le chiffon pour commencer son ouvrage, le cœur lourd, sans pourtant ne rien laisser paraître. Tel était son fardeau. Un jour, Arthur deviendrait le plus grand roi de Camelot, il apporterait la paix, la justice, et unirait la magie au monde des Hommes, et c'était à Merlin que revenait l'honneur de lui prêter main forte dans cette tâche monumentale. En attendant, le futur roi ne devait rien savoir.

Merlin : RévélationsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant