Chapitre 7

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- Merlin ! appela Arthur en poursuivant son serviteur dans les couloirs.

Merlin fut forcé de s'arrêter. Il avait espéré que le prince ne l'aperçoive pas. Il resta le dos tourné, trop honteux pour lui faire face. Arthur le rattrapa.

- Où est-ce que tu étais passé ? demanda-t-il sans colère dans la voix.

C'était plus de l'inquiétude, ce dont le serviteur n'avait pas l'habitude. Il daigna finalement se tourner et croisa le regard d'Arthur.

- J-J'avais besoin de repos, fit-il en détournant les yeux.

- Je comprends, répondit Arthur. Est-ce que ça va mieux, maintenant ?

- Oui, veuillez excusez mon comportement de la veille, sire.

Arthur accepta de le pardonner. Il lui donna une grande tape amicale dans le dos, qui ressemblait plus à une claque brutale du point de vue de Merlin, puis lui ordonna de nettoyer les écuries. Le serviteur s'exécuta de bon cœur. Il ressassait les événements de la veille tout en piquant le foin de sa fourche. Les paroles de Sigan tournaient en boucle dans son esprit. Pouvait-il lui faire confiance ? Une partie de lui le voulait. Cette partie qui voulait être reconnue par quelqu'un. S'il était sincère, Sigan pourrait lui apprendre à utiliser son don mieux que quiconque. Au moins une personne le verrait pour ce qu'il était. On ne cessait de lui répéter qu'il serait le plus grand sorcier de tous les temps, mais Merlin n'avait l'occasion de le prouver à personne. Ce n'était pas vraiment ce qui lui importait, mais au fond, il n'était pas contre l'idée d'avoir un maître de la magie. Mais Sigan était-il réellement la personne qui lui fallait ?

- Bonjour Merlin ! fit soudain une voix amicale.

Le jeune garçon sursauta de peur.

- Lancelot !

- Qui croyais-tu que j'étais ? demanda le chevalier en souriant.

- T-Tu m'as juste surpris...

- Je vois que tu vas mieux, constata Lancelot, content.

- Oui...

- Que s'est-il passé avec le prince, hier ?

- Comment ça ? demanda Merlin en déglutissant.

- Je m'attendais à te voir à l'entrainement, mais tu n'étais pas là. Le prince Arthur semblait ailleurs, contrarié... S'il ne s'agissait pas d'Arthur, j'aurais même pensé qu'il était inquiet. Je me suis dit que ça avait un rapport avec ton absence. Après tout, il n'y a que trois personnes qui peuvent le mettre dans cet état : le roi, Guenièvre, et le plus souvent toi.

Merlin fut surpris d'entendre cela.

- Je ne le contrarie pas si souvent que ça, dit-il en continuant son travail.

Il esquissa un sourire. Le chevalier le regarda intensément, comme pour sonder son âme ; il attendait toujours une réponse.

- Je... Je ne me sentais pas très bien.

Lancelot posa un regard curieux sur Merlin. Le jeune sorcier avait les yeux fuyants. Il faisait ça quand il avait quelque chose à cacher. C'était presque un miracle que personne, surtout Arthur, n'ait pas encore découvert son secret avec cette tendance fâcheuse d'être constamment louche. Lancelot se demandait comment il avait réussi à dissimuler ses pouvoirs tout ce temps. Le chevalier haussa les épaules.

- Quoi qu'il en soit, je suis rassuré de te voir aujourd'hui. Je te laisse à ton travail.

Lancelot s'en alla. Merlin souffla. Il était si transparent que cela ? Merlin s'apprêtait à continuer sa corvée lorsqu'une voix qu'il redoutait résonna dans sa tête : "Merlin ! Viens rapidement ! J'ai quelque chose pour toi." Merlin soupira. Il ne pouvait tout de même pas laisser son travail en plan pour aller voir Sigan. Si Arthur l'apprenait, il recevrait une punition dont il se souviendrait. Il ignora les appels du sorcier jusqu'au moment où ils furent trop insupportables. Il lâcha brusquement son balais pour se précipiter hors du château.

Merlin : RévélationsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant