La portée disparue

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« Drago... qu'est-ce que tu fais... »

Astoria posait la question avec son ton agacé, comme elle le faisait toujours, mais Drago savait qu'elle savait.

Il avait refermé la porte des archives qu'il laissait habituellement ouverte dans un espoir vain d'évacuer l'odeur d'humidité qui y régnait. Il lui avait saisi les hanches pour la plaquer contre lui et avait entreprit de dévorer de baisers la moindre parcelle de son cou pâle et fin.

« Drago ! grondait-elle.

- Hum ?

- On est censé travailler ici.

- On s'en fout. Moi je vais être viré lorsqu'ils vont faire faillite et toi tu vas démissionner.

- Et le professionnalisme ? Il t'en reste dans ton sac ?

- Je n'en ai jamais eu dans mon sac. »

D'un mouvement vif, Astoria se retourna pour l'embrasser avec envie.

Deux semaines que durait leur petit manège. Deux semaines que la salle des archives avait perdu sa fonction première. Deux semaines que Drago avait développé une facette de sa personnalité qu'il n'aurait jamais cru connaitre.

Deux semaines qu'elle l'obsédait. Deux semaines que son odeur emplissait son espace, que son rire le faisait frissonner, que sa manière de caresser le menton avec l'extrémité de sa plume lorsqu'elle réfléchissait le rendait fou, que ses longs cheveux se balançant sensuellement sur son dos lorsqu'elle marchait lui faisait perdre ses moyens.

Deux semaines qu'elle rougissait lorsqu'ils se retrouvaient face à face, qu'elle lui lançait des regards soutenus lorsqu'ils étaient seuls, qu'elle s'amusait le frôler en passant à ses côtés.

Astoria se pressa un peu plus contre lui et sans réfléchir, Drago la souleva pour l'assoir sur la table de mélaminé où elle avait étalé des parchemins de compte, la repoussant pour qu'elle s'allonge confortablement, l'embrassa dans le cou, entre les seins, et remontant largement sa robe, se retrouva à nouveau nez à nez avec le galbe encore discret qu'avait pris son ventre en quelques jours seulement et qu'elle cachait encore facilement sous des robes un peu plus larges.

Drago entretenait des sentiments particuliers envers le ventre d'Astoria. Parfois, il avait l'impression que, à travers la fine peau de la jeune femme, une paire d'œil l'observait, le jugeait, le soupesait. D'autres fois, il ressentait des papillons dans le ventre en se disant que, juste sous ses yeux, se développait tranquillement une vraie personne, avec sa propre personnalité, ses propres envies, ses propres opinions, sa propre destinée. Mais étonnement, le fait qu'Astoria porte un bébé, et même ou surtout le fait que ce ne soit pas le sien ne le dérangeait pas plus que ça.

Après avoir donc jeté un regard un peu perdu au ventre d'Astoria, Drago descendit pour rencontrer ses cuisses. Ses cuisses si pâles, si douces, si...

« Je vais quitter Dennis. »

Drago se stoppa net.

Parler du mari d'Astoria dans cette position n'était pas forcément ce qu'il préférait le plus.

Il se redressa, les deux mains plaquées sur la table de chaque côté de la jeune femme et la fixa sans ciller.

« Tu vas lui dire pour le bébé ?

- Oui... Oui, je vais lui dire que je suis enceinte, mais je vais surtout lui dire que je ne veux pas l'élever avec lui. » Drago l'aida à se redresser, attendant la suite alors qu'elle levait les yeux vers lui. « Je peux très bien l'élever seule, non ?

Run away with meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant